· Un crâne vieux de 160.000 ans mis à jour
· Le site exploré par les archéologues depuis 1961
UNE équipe d'archéologues marocains et allemands a découvert, le 26 mai, à jour le crâne d'un Homo sapiens à Jbel Irhoud, dans la région de Safi. Une découverte de taille dans ce site exploré par les archéologique depuis 1961. L'expédition, menée le cadre du programme de recherche en coopération entre l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (Insap) et l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutive de Leipzig (IMP-EVA) en Allemagne, a démarré en février dernier. Ce morceau d'humain serait âgé d'au moins 160.000 ans. « Nous sommes donc en présence d'un spécimen qui serait un des plus anciens représentants de l'espèce Homo sapiens », indique un archéologue. Les datations par thermoluminescence sont en cours de réalisation pour déterminer l'âge exact de ce fossile.
· Les fouilles continuent pour comprendre le présent
La montagne d'une hauteur de 592 mètres abrite la grotte d'une ancienne mine de barytine. Des fouilles précédentes sur ce gisement ont permis la découverte de restes humains dont deux crânes d'hominidés adultes et qui sont associés à une industrie levalloiso-moustérienne et d'une riche faune.
Les restes humains découverts à Jbel Irhoud, autrefois attribués au groupe des néandertaliens sont actuellement rattachés au groupe des homo sapiens archaïques.
Les datations effectuées sur des dents animales ont donné des âges variant entre 90.000 et 190.000 ans. Ce qui ferait des hommes de Jbel Irhoud les contemporains sinon les prédécesseurs des premiers Homo sapiens du Proche-Orient.
Chronologiquement, c'est le chercheur français Emile Ennouchi qui avait découvert le premier crâne en 1961 et qui fut baptisé Irhoud 1. Ce dernier est actuellement exposé au musée de Rabat. En 1962, le même archéologue a pu mettre à jour une autre partie d'un crâne humain appelé Irhoud 2. Par la suite, la mandibule inférieure d'un enfant est désignée Irhoud 3.
D'autres recherches menées par l'archéologue Tixier se sont succédées sur le site à partir de 1967. Il a pu répertorier 1.267 trouvailles enregistrées. C'étaient des crânes, un humérus qui a pris le nom de Irhoud 4, un os coxal (Irhoud 5) et d'autres ossements. Le matériel découvert comprend des objets archéologiques sous forme d'outils appartenant à l'âge paléolithique moyen. Déjà, des datations de ces crânes ont remonté jusqu'à 130.000 ans.
Les outils, eux, remonteraient à la civilisation moustérienne. Ce sont des lames en silex, des pointes de flèches, des couteaux à dos, des grattoirs, des perçoirs, des galets traités et autres.
Des Américains ont aussi prospecté dans le site durant les années 1990. Le site désormais de renommée internationale révèle peu à peu ses secrets. En tout cas, la dernière découverte encourage les spécialistes à préserver. « Il s'agit de comprendre le présent », déclare l'un d'entre eux.
Si les fossiles permettent aux paléontologues de dévoiler petit à petit le monde fascinant du temps des dinosaures, l'être humain est encore très loin d'avoir tout découvert.
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