Sidi Abderrahmane, l’îlot mystérieux
Peu de Casablancais s’y rendent, par superstition : à Sidi Abderrahmane, presque déserté par les hommes, les femmes, des chouwafate,
lisent l’avenir dans le plomb fondu et promettent la fertilité,
moyennant des cérémonies mêlant fumées d’encens, des sacrifices de coqs
noirs et des offrandes de fleurs d’oranger ou de lait à l’océan. Elles
préparent ainsi les demandeuses à se faire frapper des « sept vagues
guérisseuses ». Y croit qui veut. Mais nul doute que ce petit bout de
terre est pétri de mysticisme : portant le nom d’un des saints préférés
des Casablancais, guérisseur des angoissés, Sidi Abderrahmane sert
d’écrin à une trentaine de marabouts. Mais bien des mystères de Casablanca se nichent loin de son centre frénétique, comme à Sidi Abderrahmane,
un minuscule promontoire rocheux peint de blanc. Posé sur l’océan entre
la rive et le large, l’îlot happe le promeneur de la plage par quelques
marches grossières que les vagues viennent polir à marée haute. À marée
basse, des femmes lavent le linge dans un cours d’eau douce ruisselant
vers l’océan.