1945/1953
Cette période correspond pour moi avec celles de mes études secondaires d´abord l´Indus, puis l´École des Beaux Arts, aussi la première observation pertinente que je vais faire, est que si pendant toutes mes études primaires, je n´ai pas eu de copains de classe Marocains Musulmans, à l´Indus sur 2400 élèves, il y en avait moins de cinq essayons d´expliquer cette anomalie.
L´Administration de l´instruction publique était différente pour les sujets Marocains Indigènes que pour les Européens, les écoles coraniques "Msid" étaient tenues par le Marghzem (Administration Indigène, pour la province de la Chaouia, les Bureaux étaient très près du Maarif, il y avait des Mokhaznis, gendarmes, devant la porte), avec supervision des Habous, Mokaddems ou Meuftis (autorités religieuses musulmanes) sans crédits suffisants; ces Écoles n´ avaient pas de pupitres, les élèves accroupis à même le sol, un seul livre etc... Elles enseignaient à lire et écrire l´Arabe, cela handicapait beaucoup dès le départ, les jeunes musulmans, mais c´était une clause du traité du Protectorat, que les Français respectaient sans mot dire.
Les Européens par contre, avaient un enseignement moderne et une formation accélérée, (de qualité supérieure à celle qui se donnait en métropole, dans l´instruction publique) pour pouvoir subvenir aux besoins de l´industrie et du commerce, de façon à encadrer les ouvriers Marocains avec des cadres intermédiaires européens, les cadres supérieurs étant Français bien entendu.
Je dois dire que pour moi ce fut une aubaine dont je serai gré à la France, (plus tard quand ces cadres supérieurs, qui furent les premiers à partir n´y seront plus, mes avancements furent encore plus rapides) évidemment au moment de l´indépendance, ce fut le tour des autorités Marocaines de redresser cette situation anomale ( voir "le Défi" livre de S.M. HassanII, alors jeune prince Héritier) ce fût un combat singulièrement difficile; je vous conseille fortement de lire ce livre où le futur Roi prend conscience de ce qui l´attend et affronte le problème avec audace et courage.
Après cette longue parenthèse, sur l´instruction, il y avait également des écoles indigènes en petit nombre (pas plus de 10% de scolarité pour les indigènes) et aussi l´Alliance Israélite assurait la diffusion de l´instruction élémentaire dans divers milieux.
1951 MON PREMIER SALAIRE
Cette année 1951 fut mauvaise pour les études j´étais en 3éme de secondaire à l´Indus, et j´avais une envie folle de gagner de l´argent, aussi je décidais d´abandonner mes études et de trouver du travail, mon Père ne l´entendait pas ainsi et n´était pas d´accord, mais nous trouvâmes un consensus; seulement pour les trois mois de vacances. Ainsi un ami de Papa Mr Bermejo qui était dessinateur me prît avec lui pour un apprentissage, me voilà chez Georges Gillet, entrepreneur de Bâtiments et ingénieur E.C.P. président de la Chambre syndicale des Entrepreneurs Français au Maroc, installé dans ce pays depuis 1912.
Georges Gillet est l´un des meilleurs bâtisseurs de Casablanca, il est de plus vice-président de la commission municipale, très intéressé par les problèmes de l´enseignement technique et professionnel, Mr Gillet est un homme Social au plein sans du mot, je garde de lui un souvenir d´affection car il me confiât le rangement de ses archives et plans de travaux des nombreux projets qui furent réalisés entre 1912 et 1950, j´avais découvert le Pérou. (voir : la construction au Maroc, article paru sur la revue trimestrielle illustrée de Paul Bory « Notre Maroc, Casablanca 1951 » , dont il était l´auteur). Ma quinzième année fut bien employée finalement, mais je voulais aller plus vite que la musique, (c´est par ailleurs mon grand défaut de toujours).
Ma paye fût de cinq mil francs(50 N.F.), que j´employais pour acheter une camera photographique, cette dernière était pour moi un outil de travail, pour photographier les belles villas d´Anfa, qui m´intéressaient en tant qu´étudiant en architecture.
Quelque temps après, alors que je tirais une photo sur une belle villa en construction, un homme m´interpellât, en s´enquérant de mon identité; je lui donne une explication de mon enthousiasme pour l´architecture... ce n´était autre que Vladimir Mauzit, l´architecte créateur, il m´invite à lui rendre visite à son cabinet (atelier d´architecte), et de fil en aiguille, il se prit d´une grande sympathie pour moi. Ce qui bien entendu fût réciproque, et il m´appelait pour travailler ensemble pour les concours qu´il présentait, (charrette dans notre jargon professionnel) il devient pour moi mon maître, puis ensuite je persévérais dans ce chemin... j´ai travaillé ainsi chez Marcel Viremouneix, et chez Pierre Coldefy, uniquement pour des collaborations ponctuelles En 1951 et jusqu´au 17 Octobre 1955 chez Mr Louis Fleurant l´architecte D.P.L.G. parmi d´autres, le chef de cabinet de ce dernier, Mr B. Rodriguez, complétèrent ma formation et mon apprentissage, avec des cours suivis à l´école des Beaux Arts, où le professeur était Mr Alexandre Courtois, un premier grand prix de Rome. (le plan Courtois de 1947 sur le développement futur de Casablanca prévoyait des réalisations fort coûteuses, ce plan mis en question alors, a été réalisé après l´indépendance finalement).Avenue des F.A.R., C.T.M. etc...
En résumé les douze plus belles années de ma vie, 1951-1963 qui ont marqué dans mon âme l´amour pour ce Pays de rêve qu´est le Maroc .
L´École des Beaux Arts était logée dans un ancien musée Impasse de l´Avenir à 50 mts du Bd. du Deuxième Tirailleur, ce boulevard longeait les murs de la vieille Médina, cette bâtisse fût fondée par un peintre, Édouard Brindeau de Jarny, un des vétérans de l´occupation, débarqué vers 1908 avec le général d´Amade et Lyautey, ce peintre mit tous ses soins à ce musée de peintures, sculptures et objets d´art marocains très intéressant, des objets de fouilles archéologiques etc...
Il y avait là au pied de l´escalier qui conduisait aux deux étages, le moule de la statue qui se trouvait place administrative, avec deux cavaliers se donnant la main, un Français et un Marocain de la guerre de 14/18, à la mort de ce peintre la municipalité de Casablanca pris en charge le musée et y installa l´École des Beaux Arts, le directeur Mr Wacquiez, mon professeur d´architecture Mr Alexandre Courtois (premier Grand prix de Rome), en dessin Mme Annie Mouroux également Grand Prix de Rome, et un professeur de Math Alsacien, dont je ne me souviens plus du nom, j´étais l´Élève nº02 en 1951/52, et là encore le plus jeune, l'école venait de s'ouvrir, par la suite j'obtins une bourse l'année 1953/54 et mon nº serait le 49 je ne sais pour qu'elle raison ce changement.
Ce musée/école vu son emplacement près de la pte Marrakech n´était pas très connu. je n´ai jamais vu rien d´aussi sordide que le marché aux puces qui se trouvait à l´entrée de bd du 2éme Tirailleur; l´odeur de beurre rance, de fritures de mangeailles innommables, des sauterelles grillées (criquets pèlerins), vous parlez d´une friandise, de la pouillerie humaine qui expose là le long des remparts; sur la droite les ouvriers maçons, peintres, plombiers, avec leurs outillages posés devant, offraient leurs services.Sur la gauche des grands fondouks(hangars) de marchands de meubles, ces entrepôts couverts de tôles ondulées avaient servi vers 1920 de magasins généraux, au moment où je parle c´était des Kisarias bigarres
J´arrivais là avec ma planche à dessins sous le bras, l´enseignement était de bon niveau, nous préparions le concours d´entrée aux beaux arts de Paris ou de Maison Carrée,(Alger) de plus je complétais ma formation en travaillant chez Fleurant l´Architecte D.P.L.G, mon poste de travail était assuré avec de tèlles références..., au pays des aveugles le borgne est un Roi.
Le Maroc étant un Pays essentiellement agricole, l´agglomération dans les villes est un fénomène récent, au recensement de 1914 à Casablanca (vieille ville, car il n´existait pas de registre civil pour la population Indigène, hors murs) il existait 10.000 Français, 4.000 Espagnols et 3.500 Italiens, 70% de cette population parlait l´Espagnol, car les Français pour la plu part Algériens d´Oranie, parlaient cette langue également, la monnaie de cours était la Peseta Hassanie, le cours était pratiquement paritaire au Franc. Français... rien à voir avec la monnaie Espagnole de l´époque, nous reprendrons ces statistiques plus tard... (ce recensement est surprenant, car après les émeutes et la terreur du 30 juillet 1907, la population avait chuté à moins d´un millier.) toujours pour Casablanca le maximun de la population étrangère, vers 1956 atteignit environ 250.000 habitants, sur 1.200.000 au total, néanmoins en 40 ans une augmentation si spectaculairement exagérée a posé de gros problèmes à l´instruction publique, et le niveau culturel au Maarif, était le Certificat d´Etudes primaires, en moyenne pas plus.(Aujourd´hui Casablanca a 4.000.000 d´habitants...).
En terre d´Islam, nous nous trouvions en Pays conquis, hors nous verrons plus tard, que ce n´était pas tout à fait exact, à Ain Sebaa, les usines poussent comme des champignons, Général Tire, Somaca etc... sur la route de Rabat.
Les rues du Maarif ne sentaient plus le crottin de cheval, d´abord des petites voitures Françaises et Anglaises, puis de grosses voitures Américaines, le pouvoir d´achat augmente considérablement, pour les Européens surtout, les retours de plages le dimanche avec embouteillages de plusieurs kilométres sur la route côtierre, des cabanons aux Zénatas, Mannesman etc...
Ci dessous un Mariage à l'Eglise du Maarif en 1950.
Ennemie du racisme sous quelque forme qu´il se manifestât, prônant la justice sociale et la légitimité de l´aspiration a l´indépendance des populations d´outre-mer, l´Église n´avait cessé de flétrir les excès du colonialisme. Dans un article de la revue Recherches et Débats, paru en décembre 1953 Mgr Chappoulie définissait une nouvelle fois la position de l´Église:( La colonisation ne se justifie que dans la mesure où elle constitue un service. ce service, il faut l´entendre avant tout d´une oeuvre d´éducation morale et matérielle: D'ou le caractère temporaire de toute entreprise coloniale, puisque le terme d´une éducation bien conduite doit être l´émancipation du sujet...)
Etant commis d´architecte (Mohendis) chez Fleurant, mon Patron se rend pour les vacances en France avec son Américaine, il revient outré, indigné, les Français lui crachaient sur la voiture, avec matricule Maroc en 1952, le sentiment anti-américain était palpable surtout contre Eisenhower, pour l´affaire des époux Rosenberg, morts sur la chaise électrique, nous nous tenions à IKE comme notre sauveur, en Juillet 1954 à mon tour je visite la Métropole, avec un groupe d´étudiants de l´École Militaire de Méknes, tous Musulmans et Fils de notables, S.M. Mohamed V était en exil à Madagascar, ces élèves officiers avec qui j´avais sympathisé, étaient tous pour le retour du Roi Mohamed V, ils l´avouaient confidentiellement en me faisant confiance...
J´avais un laissez passer permanent pour le port, et le trafic était ahurissant, la "commission des valeurs" où siégaient quelques observateurs marocains, (car le Sultan avait droit de regard, et une quote-part de la taxe de consommation intérieure suivant le traité du protectorat) fût génante pour les autorités Française, le contrôl des changes aussi etc...
Ainsi les Français établirent des quotas aux importations de voitures Américaines, et de là un contentieux avec les Etats Unis que la France perdit au tribunal international, ce procès ouvrit les yeux aux Marocains et bien d´autres faits leurs firent convoiter une plus grande part du gâteau.
A Tanger en 1947 S.M. le sultan Sidi Mohamed Ben Youssef accomplit son premier acte de bravoure: il prononce pour la première fois en public le mot "indépendance"...dans son discour du trône
A partir de là l´oligarchie Française et Marocaine commence à avoir des interêts antagonistes, à la suite nous verons la partie plus triste de la rupture et de la Marocanisation totale, ce sera plus difficile d´expliquer, pour terminer avec la Diaspora, dans toutes ces étapes le Maarif a été protagoniste de ces changements, des erreurs de part et d´autres etc... je me pose uniquement une question, où serions nous si nous aurions pu nous intégrer?
Sachez déjà pour conclure ce chapitre que pour les Européens nés au Maroc ou arrivés avant 1935 (21 ans au moment de l´indépendance) le choix leurs fut proposé, pour le reste non, (j´avais 20 ans en 1956) et ceux qui avaient droit à ce choix étaient Père de Famille et se devaient d´assurer l´avenir de leurs Enfants et non pas seulement le leur.
1954/1965
Les choses commencent à se pourrir, les émeutes sanglantes,des attentats du mouvement de libération Marocain, mais aussi de Présence Française (L´Assassinat de Mr Lemaigre-Dubreuil, patron de Maroc Presse), nous voici pris entre deux feux, mais grâce à Dieu nous n´aurons pas une vraie guerre comme en Algérie, quoiqu´íl s´en est fallu de peu.
Les Français sont partagés, les uns signent un manifeste (Conscience Française) pour le retour de S.M. Mohemed V qui fût déporté d´abord en Corse, puis ensuite à Antsirabé (Madagascar) la France a des gouvernements à l´italienne, les Résidents Généraux de France au Maroc, changent également très souvent et sont pour la plu part des Militaires pour intimider les Marocains, mais rien n´y fait, des émeutes à Meknès, des évènements à Kouribga et Oued Zem, des tribues entières sont sur le pied de guerre, celà a commencé avec le tueur du Tadla, Si Ahmed el Hansali aujourd´hui héros de la libération, une rue de Casablanca porte son nom.
Mais aussi une escalade avec des répressions sanglantes, aux carrières centrales etc... au Maarif se construisent des logements pour les C.R.S. dont les effectifs se multiplient.
Les Marocains demandent le retour du Sultan déchu, Sidi Mohamed Ben Youssef; celui mis par les Français, Moulay Arafa, a l´air d´un vieux pitre, de plus il n´est pas Shérif (descendant du Prophète), les Espagnols ne suivent pas dans ce coup, ils n´ont pas été consultés...Le Roi du Maroc est de plus commandeur des croyants, dans les mosquées, les prières sont dites au nom du Sultan déchu Ben Youssef.
Il est parfois indispensable d´obtenir rapidement des renseignements d´ordre chronologique pour comprendre des faits historiques, le lecteur peut voir ici un flash de l´histoire du Maroc moderne, un siècle à peu près:
-1843, Défaite del´Émir Abd-el-kader, ce dernier se réfugie en territoire Marocain.
.1844 Le Maréchal Bugeaud s´empare d´Oujda en repressailles.
-1846- Abd-el Kader se réfugie à Mçoun, près de Taza, avant de se rendre au colonel De Montauban.
-1852- Devenu général, De Montauban châtie les Beni-Snassen. La guerre dans l´oriental dure jusque 1859, les Sultans ont du mal à contenir les Français. (La Guerre Franco-Prussienne donne un petit répis aux Marocains)
A l ´occident, les Espagnols, sont installés plus ou moins à Tanger, en plus des places fortes qu´ils conservent de Ceuta , et Melilla cette dernière également en oriental, mais l´Espagne doit faire face à l´independance de ses dernières colonies Américaines, la Guerre de Cuba, contre les Etats Unis sonnera le Glas de son Empire agonisant.
Le déclin également de l´Empire Ottoman, au début du XX ème siécle, le sort était jeté pour l´Empire Chérifien...
1906- 16 Janvier première réunion à Algésiras (Espagne), pendant toute l´année, Français et Espagnols se jouent le destin du Maroc, le 6 Décembre, le parlement français ratifie l´acte d´Algésiras.
1907- 19 mars, Assassinat du Dr Mauchamp à Marrakech. 29 Mars 2 ème ocupation d´Oujda. 30 juillet massacres de Casablanca.
1908- Arrivée à Casablanca du général d´Amade, le général Lyautey est envoyé en mission à Casablanca et Oujda.
En Septembre Moulay-Hafid reconnait les clauses de l´acte d´Algesiras, en Octobre la pacification de la Chaouia.
1909-Reconnaissance officielle de Moulay Hafid, le Sultan déchu Abd El Aziz, fils et Heritier du trône de Moulay Hassan I se retire à Tanger, Mr Régnault est reçu à Fez (Capitale de l´Émpire Chérifien) par le nouveau souverain. 6 février Accord Franco-Allemand.
1910- Arrangements financiers entre la France et le Marghzen.
1911- Emeutes et investissement de Fez, le Général Moinier prépare une colonne de secours, finalement le premier juillet Moinier entre à Fez. Le Sultan se rend aux Français.
1912- le 30 Mars, Traité établissant le Protectorat Français du Maroc.Le Général Lyautey fait introniser le Sultan Moulay Youssef (Père de ben Youssef, Mohammed V)
1913- Le 25 mars Mr Schneider et la Cie Marocaine sont adjudicataires des travaux du port de Casablanca, combien de Maarifiens se souviennent de la forêt de Sidi Abdéraman où se trouvaient les carrières Schneider, et le petit train qui, par la côte, apportait ces grosses pierres pour la construction du port...
Je reprends ici le fil des évènements, qui conduirent à l´indépendance, non sans faire un rapprochement évident, entre les faits politiques qui ont conduit au Protectorat et à l´indépendance, deux Sultans déchus, l´histoire se répète ici, la leçon est magistrale et nous fait comprendre la suite des évènements 40 ans après.
Mais les accords d´Aix Les Bains sont bientôt là, et le retour de S.M. Sidi Mohamed Ben Youssef avec sa famille. Ce retour triomphal, apaisât toutes les rancunes, mais tout allait changer, pas spontanément, mais aussi rapidement que possible, et conduirà à l´índépendance du Maroc en 1956.(Pour tous renseignements historiques et sérieux sur l´indépendance, voir UNE REPUBLIQUE POUR UN ROI, de Pierre July, ministre des affaires marocaines et tunisiennes en 1955 (Cabinet Edgar Faure) Librairie Arthème Fayard, les grandes études contemporaines.1974 ce livre est d´une précision rare et unique
Les Européens vont partir petit à petit, il y aura de nombreux rapatriements, le port rempli de containers et cadres chacun peut emporter ce qui lui appartient pratiquement sans restrictions.
LES DÉPARTS:
Voici à mon avis, les trois étapes qui ont contribué à l´essort du Maarif:
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# -1918/1939= 40% en 21 ans.
-1945/1956= 70% en 11 ans.
-1956/1975=100% en 19 ans.
Il n´y a pas eu d´arrêt aprés 1956, bien au contraire, les Maarifiens Européens partis aux environs de 1960 (année pointe des départs) et qui y sont revenus aprés 1975 ont tous été surpris par la poussée des immeubles de quatres étages et plus, il n´y a plus de petites villas de plein-pied que nous avons connues, le quartier est très vivant, sa population à 90% musulmane a augmenté, et s´est multipliée par cinq.
Au crédit de la France, la transformation d´un pays pauvre et arriérré, en un pays moderne, qui fait face à une poussée démographique sans précédent.
Mais le Maroc n´a jamais été "passifié" il existait des zones d´insécurité pour les Européens, les Maarifiens se souviénnent de la chaîne ou barrière d´insecurité à Ksiba, aujourd´hui nous pouvons la visiter sans risques.
Nous n´avons pas parlé d´Abdelkrim, la bête noire des Espagnols, de la Guerre du Rif, dans les années vingts, le désastre d´Annual où l´armée Espagnole en échec et le dos à la mer, battue est sur le point d´une grande défaite,(15.000 morts)le Général Lyautey accoure pour éviter un plus grand désastre aux Espagnols, sans y parvenir, il bat en retraite également, ce qui lui coûte son rappel en Métropole en 1925, la République du Rif est proclamée 1921-1926.Lorsque le Marechal Pétain, dépéché par le Gouvernement Français, depuis Taza prend Abdelkrim entre deux feux et l´oblige à se rendre. Maroc En 1921, un soulèvement populaire apparaît dans la zone espagnole, puis dans la zone française, du Maroc, dans la montagne du Rif. Le chef de guerre est Abd-El Krim, un chef de tribu, qui conteste la colonisation par les Européens. Il menace Fez et met en danger un moment tout le protectorat. En 1925 et 1926, le gouvernement met à l'écart le général Lyautey, le résident général et envoie au Maroc le Maréchal Pétain avec 100.000 hommes, qui mène assez rapidement la France à la Victoire dans cette « Guerre du Rif ». Le protectorat est sauvé, mais l'alerte a été chaude.
La vision antiarabe et antimusulmane propre de la mentalité colonialiste de l'époque est toujours présente tout au long du roman "L'aventure de Florinda". À cet égard, la préface du roman, écrite par le maréchal Lyautey, de l'Académie Française, est un manifeste doctrinaire et frappant, qui met en rapport le roman de Segonzac avec le centenaire de la conquête française d'Alger par les soldats du maréchal de Bourmont. L'aventure de Florinda, la fille du Comte Julien, dernier exarque byzantin et gouverneur de la ville-forteresse de Septem Fratres, est le noyeau même du drame formidable où va se jouer le sort de la Chrétienté. Trois continents y sont aux prises: l'Asie, l'Afrique et l'Europe; quatre nations s'y affrontent: les Berbères, les Byzantins, les Visigoths et les Arabes. L'aventure tragique de Florinda est conçue, aux yeux de M. Lyautey, comme le premier chapitre de l'épopée française (bien entendu) en Afrique. Monsieur le maréchal souligne d'une façon assez explicite: «Quatre cents ans de colonisation romaine et carthaginoise, un siècle d'orgie vandale, deux cents ans de raffinements byzantins, onze siècles de ténèbres musulmanes...et puis, voici la France!». Sans commentaires. Florinda la Byzantine est une récréation d'un sujet littéraire bien connu: la perte d'un royaume soit à cause de la trahison et de la violence sur une femme, dans la mentalité antique; soit à cause des péchés des vaincus, dans la mentalité médiévale. A mon avis si les troupes du Margzem, soldats du Sultan,seraient entrées en scéne en 1925 en renfort de El Jatami (le bien aimé) nom que les Berbaires ou Amazigens, ont donnés à Abdel Krim, ¿le Maroc se serait libéré du Colonialisme? cette hypothése est encore avancée aujourd´hui par les détracteurs de la Dynastie Alaouite, de là que le corps d'Abdel Krim n'ait été rapatrié au Maroc par le refus de la Famille Krim.
Nous avons sous estimé le Nationalisme Marocain, nous l´avons souvent bafoué, mais détrompons nous le Pays est une réalité nationale, qui doit être prise au sérieux.
Bien nous arrivons à notre Diaspora, et nous allons faire un essai pour la décrire depuis le départ dans un dernier chapitre.
DIASPORA OU EXODE ?
J´ai choisi Diaspora, car l´Exode est une fuite en masse semblable à celle des Français d´Algérie, dans un seul sens, et avec une destination précise, tandis qu´au Maroc ce fût plustôt des départs organisés et pluridirectionels,éparpillés, clairsemés de part le monde, comme une diaspora juive, aprés leurs expulsion d´Espagne, rien de semblable à l´Algérie.
Mais à partir d´ici, nous devons expliquer l´idée de nous rencontrer autour d´un guide spirituel le Padre Lucien Aubert, je dois dire qu´il s´agit d´une inspiration Divine, révélée à notre guide aumônier.
Dans les obligations de son Pastorat, le "Padre" a su comprendre notre diaspora, que des familles entières allaient se séparer, et que certains pouvaient perdre leurs identité, leurs racines, les uns s´intègreront facilement, d´autres lentement ou jamais, mais tout Homme a besoin pour vivre d´un passé et d´un futur, les âmes de ces êtres humains doivent étre conduites sans heurts, pour ne pas se sentir abandonnés de Dieu, et conserver la Foi.
Certains de ses collègues de la paroisse m´ont dit, dans un sens critique, que le "Padre" alimentait une nostalgie pernicieuse du passé; ils n´ont rien compris de même que les peuples qui n´ont pas appris les leçons de leur histoire sont condamnés à la revivre, les catholiques du Maroc, quand bien même leur intégration se soit complétée avec satisfaction dans leurs nouveaux milieux, ne doivent pas oublier leur passé leur culture oecuménique et pluraliste, ni ce beau et acceuillant Pays qu´est le Maroc.
Il est indéniable que cette diaspora peut s´estomper avec les derniers survivants, au prochain siècle si proche, aussi dépêchons nous à en écrire l´histoire, à en donner des derniers témoignages.
Notre peine et sacrifice auront servi à quelque chose d´exemplaire pour nos descendants, car la pureté de nos sentiments de fraternité est admirable sans aucun doute.
Mektoub "le destin en Arabe", Dieu seul sait de notre avenir, ses pensées sont insondables, nous nous avons choisi le bon Berger, le "Padre" nous a compris.
Pour finir, aujourd´hui les Marocains sont plus nombreux chez nous, que nous ne l´étions chez eux, aussi offrons leur, la même hospitalité et générosité dont nous jouissions au Maroc dans leur Pays. Nous pouvons le faire car nous sommes plus riches.
Morido