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| Fêtes officielles à El Ksiba vers 1950 | |
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couscous
Nombre de messages : 58 Age : 59 Date d'inscription : 07/03/2009
| Sujet: Fêtes officielles à El Ksiba vers 1950 Dim 17 Mai 2009 - 16:20 | |
| la population berbère d'El Ksiba Ces photographies sont extraites des archives de mon grand-père, Jean Vaugien, qui était chef du bureau des Affaires Indigènes (1) d'El Ksiba entre février 1948 et août 1951. Elles proviennent de trois reportages de photographes travaillant probablement pour des journaux ou pour l'administration du Protectorat (2). Elles illustrent plusieurs fêtes officielles à El Ksiba et ses environs.
Série 1 : 19 photos sur la visite officielle du général Juin, résident général de France au Maroc à El Ksiba (14 juillet ? 1948, 1949, 1950 ou 1951) (Les 16 premières photographies ont peut-être été prises par Jean Vaugien car il n'apparaît pas sur celles-ci). Série 2 : 2 photos sur la réception officielle du général Juin au cercle militaire de Kasba-Tadla (faisant suite à la visite à El Ksiba) (Dans la marge : "Photo Gillot, Casablanca") Série 3 : 7 photos des fêtes du 14 juillet à El Ksiba (1948, 1949, 1950 ou 1951) (Au dos : "Photoreportage Belin, 2 rue Hugo d'Héville à Rabat") Ce que les photos peuvent montrer
La visite du général Juin et la commémoration du 14 juillet associe Berbères, Arabes et Français autour de cérémonies d'origine française (remise de gerbe au monument au mort, défilé…) et marocaine (fantasia, diffa…) pour essayer de montrer un Maroc uni dans toutes ses composantes autour de la France. Mais un examen plus poussé montre une société très hiérarchisé et clivée en deux. Chacun est à sa place suivant son origine ethnique, sociale ou religieuse. La société est dominée par les Français et au premier rang les militaires qui exercent de nombreuses responsabilité dans l'administration du Protectorat. D'ailleurs, le regard des photographes s'attache surtout sur eux. En dessous, les "indigènes", majoritaires, sont pourtant, tels des mineurs encore irresponsables, sous la tutelle de l'administration du Protectorat. Au sein de la société berbère dominent des notables issus de l'aristocratie paysanne qui cumulent souvent richesse et charges dans l'administration du Makhzen (3), comme le caïd Bassou, chef de la tribu des Aït Ouirra. En dessous, les goumiers, ces rudes soldats ayant participé à la libération de la France constituent une classe montante. Ils bénéficient d'un salaire ou d'une pension de l'armée et envoient volontiers leurs enfants à l'école mise en place par le Protectorat. Ils bénéficient donc d'avantages financiers et culturels sur le reste de la population qui est majoritairement paysanne. La distance sociale ethnique ou religieuse entre les individus n'empêche cependant pas le développement d'amitiés sincères, notamment entre le capitaine Jean Vaugien et le caïd Bassou ould Moha ou Saïd.
Ce que les photos ne montrent pas
Si les photo illustrent l'attachement réel d'une partie de la population berbère d'El Ksiba à la France, notamment chez les notables et les soldats, elles n'illustrent pas la montée des incidents liés à des revendications d'indépendance qui se multiplient après 1945 dans tout le Maroc et notamment à El Ksiba. Vers 1949-1951 un groupe de paysans se dirigent vers El Ksiba dans le but d'éliminer tous les européens qui y résident. Les émeutiers sont heureusement arrêtés grâce à l'intervention du caïd Bassou qui parvient à les calmer. Et pendant un certain temps la colonie européenne est sous la protection de blindés de l'armée. En Mai 1951, un berger du Moyen Atlas nommé Ahmed Ahansal commet une série d'assassinats d'Européens. Pour les Européens c'est le "tueur du Tadla", pour les Marocains, le "Lion de l'Atlas". Malgré la gigantesque chasse à l'homme organisée par l'armée, il échappe de longues semaines grâce au silence des tribus du Moyen Atlas et notamment des Aït Ouirra qui vont être écœurés par l'appel à la délation et la brutalité du ratissage.
Sur les photographies j'ai essayé d'identifier un maximum de personnes. Si vous en identifiez d'autres merci de me le faire savoir.
Gauthier LANGLOIS
(1) Bureau des affaires indigènes : L'administration coloniale française avait crée ces bureaux pour mieux contrôler la population indigène des montagnes pas toujours soumise, mais aussi pour la protéger des colons européens avides de terres. L'administration de ces bureaux était confiée à des militaires auxquels on demandait de parler l'arabe ou le berbère.
(2) Protectorat : le 30 mars 1912 la France représentée par le Maréchal Liautey, et le Sultan du Maroc signent le traité de protectorat qui maintient le Maroc en tant qu'état mais le place sous la tutelle de la France. Une administration française est mise en place pour contrôler et développer le pays, sous la direction du Résident général de France au Maroc. L'indépendance, le 2 mars 1956, met fin au régime du Protectorat.
(3) Makhzen : administration dirigée par le sultan du Maroc, maintenue sous le protectorat français mais avec des pouvoirs considérablement réduits. À El Ksiba le représentant de cette Ces photographies sont extraites des archives de mon grand-père, Jean Vaugien, qui était chef du bureau des Affaires Indigènes (1) d'El Ksiba entre février 1948 et août 1951. Elles proviennent de trois reportages de photographes travaillant probablement pour des journaux ou pour l'administration du Protectorat (2). Elles illustrent plusieurs fêtes officielles à El Ksiba et ses environs.
Série 1 : 19 photos sur la visite officielle du général Juin, résident général de France au Maroc à El Ksiba (14 juillet ? 1948, 1949, 1950 ou 1951) (Les 16 premières photographies ont peut-être été prises par Jean Vaugien car il n'apparaît pas sur celles-ci). Série 2 : 2 photos sur la réception officielle du général Juin au cercle militaire de Kasba-Tadla (faisant suite à la visite à El Ksiba) (Dans la marge : "Photo Gillot, Casablanca") Série 3 : 7 photos des fêtes du 14 juillet à El Ksiba (1948, 1949, 1950 ou 1951) (Au dos : "Photoreportage Belin, 2 rue Hugo d'Héville à Rabat") Ce que les photos peuvent montrer
La visite du général Juin et la commémoration du 14 juillet associe Berbères, Arabes et Français autour de cérémonies d'origine française (remise de gerbe au monument au mort, défilé…) et marocaine (fantasia, diffa…) pour essayer de montrer un Maroc uni dans toutes ses composantes autour de la France. Mais un examen plus poussé montre une société très hiérarchisé et clivée en deux. Chacun est à sa place suivant son origine ethnique, sociale ou religieuse. La société est dominée par les Français et au premier rang les militaires qui exercent de nombreuses responsabilité dans l'administration du Protectorat. D'ailleurs, le regard des photographes s'attache surtout sur eux. En dessous, les "indigènes", majoritaires, sont pourtant, tels des mineurs encore irresponsables, sous la tutelle de l'administration du Protectorat. Au sein de la société berbère dominent des notables issus de l'aristocratie paysanne qui cumulent souvent richesse et charges dans l'administration du Makhzen (3), comme le caïd Bassou, chef de la tribu des Aït Ouirra. En dessous, les goumiers, ces rudes soldats ayant participé à la libération de la France constituent une classe montante. Ils bénéficient d'un salaire ou d'une pension de l'armée et envoient volontiers leurs enfants à l'école mise en place par le Protectorat. Ils bénéficient donc d'avantages financiers et culturels sur le reste de la population qui est majoritairement paysanne. La distance sociale ethnique ou religieuse entre les individus n'empêche cependant pas le développement d'amitiés sincères, notamment entre le capitaine Jean Vaugien et le caïd Bassou ould Moha ou Saïd.
Ce que les photos ne montrent pas
Si les photo illustrent l'attachement réel d'une partie de la population berbère d'El Ksiba à la France, notamment chez les notables et les soldats, elles n'illustrent pas la montée des incidents liés à des revendications d'indépendance qui se multiplient après 1945 dans tout le Maroc et notamment à El Ksiba. Vers 1949-1951 un groupe de paysans se dirigent vers El Ksiba dans le but d'éliminer tous les européens qui y résident. Les émeutiers sont heureusement arrêtés grâce à l'intervention du caïd Bassou qui parvient à les calmer. Et pendant un certain temps la colonie européenne est sous la protection de blindés de l'armée. En Mai 1951, un berger du Moyen Atlas nommé Ahmed Ahansal commet une série d'assassinats d'Européens. Pour les Européens c'est le "tueur du Tadla", pour les Marocains, le "Lion de l'Atlas". Malgré la gigantesque chasse à l'homme organisée par l'armée, il échappe de longues semaines grâce au silence des tribus du Moyen Atlas et notamment des Aït Ouirra qui vont être écœurés par l'appel à la délation et la brutalité du ratissage.
Sur les photographies j'ai essayé d'identifier un maximum de personnes. Si vous en identifiez d'autres merci de me le faire savoir.
Gauthier LANGLOIS
(1) Bureau des affaires indigènes : L'administration coloniale française avait crée ces bureaux pour mieux contrôler la population indigène des montagnes pas toujours soumise, mais aussi pour la protéger des colons européens avides de terres. L'administration de ces bureaux était confiée à des militaires auxquels on demandait de parler l'arabe ou le berbère.
(2) Protectorat : le 30 mars 1912 la France représentée par le Maréchal Liautey, et le Sultan du Maroc signent le traité de protectorat qui maintient le Maroc en tant qu'état mais le place sous la tutelle de la France. Une administration française est mise en place pour contrôler et développer le pays, sous la direction du Résident général de France au Maroc. L'indépendance, le 2 mars 1956, met fin au régime du Protectorat.
(3) Makhzen : administration dirigée par le sultan du Maroc, maintenue sous le protectorat français mais avec des pouvoirs considérablement réduits. À El Ksiba le représentant de cette administration était le caïd Bassou.
[url]paratge.chez-alice.fr/.../El_Ksiba_01.htm[/url] | |
| | | couscous
Nombre de messages : 58 Age : 59 Date d'inscription : 07/03/2009
| Sujet: Re: Fêtes officielles à El Ksiba vers 1950 Dim 17 Mai 2009 - 16:25 | |
| Le photographe : Jean Vaugien
Jean Vaugien naît le 20 août 1916 à Breurey-les-Faverney (Haute-Saône, France). Deux ans plus tard sa famille rejoint le Maroc où son père, officier des Zouaves, était affecté avant la guerre. La famille Vaugien suit ensuite les différentes affectations du père dans les territoires berbères du Maroc. Grâce à son enfance au Maroc Jean Vaugien apprend à connaître le pays, ses habitants, ses langues : l'arabe et surtout le berbère qu'il maîtrise parfaitement. Comme son père il devient officier et est affecté au Maroc dès 1938. | |
| | | couscous
Nombre de messages : 58 Age : 59 Date d'inscription : 07/03/2009
| Sujet: Re: Fêtes officielles à El Ksiba vers 1950 Dim 17 Mai 2009 - 17:03 | |
| C'est pendant ce séjour, entre juillet 1950 et janvier 1951, qu'il rédige un mémoire sur la tribu dont il a la charge : Évolution d'une tribu berbère du Maroc central, les Aït Ouirra. Ce mémoire aurait pu n'être qu'un travail de commande de l'administration coloniale française. Mais grâce à sa familiarité avec les tribus berbères, Jean Vaugien se livre à un véritable travail d'ethnologue et de géographe. C'est de ce mémoire que sont extraites les photographies présentées ici. Jean Vaugien poursuit ensuite sa carrière à Paris, en Algérie et en Allemagne et prend sa retraite avec le grade de général. Il est décédé accidentellement le 20 mars 1975 à Mascara (Algérie). | |
| | | couscous
Nombre de messages : 58 Age : 59 Date d'inscription : 07/03/2009
| Sujet: Re: Fêtes officielles à El Ksiba vers 1950 Dim 17 Mai 2009 - 17:05 | |
| Le sous-lieutenant Jean Vaugien (le 2e en partant de la gauche) et son père le capitaine Charles Vaugien (le 5e) à Bou Zineb, près d'Aknoul (région de Taza) en 1939. Jean Vaugien, chef de poste de Bou Zineb était alors sous l'autorité de son père Charles, chef de bureau des affaires indigènes du cercle du haut M'Soun. | |
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