foire de casablanca
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 | Sujet: Je suis arrivé dans mon pays ! Je suis devenu Israélien !  Mar 12 Aoû 2008 - 15:14 | |
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Le chabbat qui a précédé mon départ, j'ai lu la paracha Chelah du livre des Nombres (chapitre XIII), récit extraordinaire des douze émissaires représentants des douze tribus envoyés par Moïse en terre d'Israël pour explorer le pays de Canaan et en rendre compte au peuple juif. Dix de ces émissaires revinrent en faisant des rapports alarmants sur un pays 'qui dévore ses habitants', peuplé de géants aux yeux desquels 'nous étions comme des sauterelles.' Et puis, ces émissaires parlèrent aussi des difficultés d'intégration, de l'incurie des pouvoirs publics. Ils allèrent partout et répandirent une panique telle que le peuple juif exigea de retourner en Egypte. Toutefois, deux des émissaires envoyés par Moïse revinrent de Canaan en affirmant que ce pays ruisselait de lait et de miel et en portant sur une perche des grappes du raisin de la terre promise. Mais ces deux-là ne parvinrent pas à convaincre les enfants d'Israël qui déjà à l'époque confondaient les idéaux démocratiques avec la parole de Dieu. Et pour les punir, Dieu condamna toute leur génération à errer quarante ans dans le désert et à périr avant de pénétrer en terre promise.
Le rabbin de la synagogue de mes parents a rappelé à tous les fidèles cette méprise fatale de notre peuple qui devait se reproduire trop souvent dans l'histoire juive dans son prêche du chabbat qui a précédé mon départ. Des gens que je ne connaissais pas sont venus vers moi. Ils m'ont parlé de ces périodes de leur vie où ils caressaient l'idée de venir s'installer en Israël, mais finirent par y renoncer, l'un parce qu'il était trop pressé, l'autre pour des raisons matérielles. Comme dans la paracha Chelah, les enfants d'Israël supplièrent Dieu de leur donner une deuxième chance… jusqu'au jour où leurs enfants décidèrent de ne pas commettre les erreurs de leurs parents.
Le jour du départ, j'ai pris le petit-déjeuner avec mes parents avant de partir pour l'aéroport de Newark. Même quand vos parents vous ont encouragés à immigrer en Israël, qu'ils ont partagé avec amour un idéal qu'ils admirent en vous, que ce sont leurs graines qui ont germé en vous, le départ de leur enfant est douloureux. Je leur ai dit au revoir, à ces parents qui m'ont fait le cadeau de me conduire sur le chemin d'Israël, et les larmes aux yeux, j'ai dit au revoir à mes jeunes frères. Ils ont 14 et 11 ans, ce qui pour moi signifie que je ne serai pas à leurs côtés pendant ces années décisives de leur vie. Dernier moment de tristesse en montant dans l'avion… comme un mariage juif où l'on casse un verre en souvenir de la destruction du Temple et qui ternit juste ce qu'il faut la liesse des invités.
Je me suis installé près d'un hublot. À ma gauche, un couple de Russes à qui j'ai raconté que je réalisais mon aliya. Le mari m'a enlacé, la femme m'a déclarée, quelque peu incrédule: “C'est une période difficile en ce moment.” Mais im lo akhchav eimataï. J'étais transporté gratuitement par l'Agence Juive, sur les ailes d'un aigle d'acier, avec des repas cacher, des toilettes convenables, des lingettes chaudes juste avant le décollage… J'ai entonné Hatikva avant qu'ils n'aient le temps d'écouter le “best of” des chansons israéliennes qui agrémente l'atterrissage en Israël. D'autres passagers se sont joints à moi. Une grande émotion.
À ma descente de la passerelle, j'ai embrassé le sol d'Israël, avant de me relever et de sonner de toutes mes forces dans le chofar que j'avais pris avec moi. Les gens qui m'entouraient étaient consternés. Puis je suis monté dans le bus assurant le transport de l'avion au terminal. J'avais l'impression que tous ceux qui m'entouraient pensaient que j'avais raison, qu'il était bon de rentrer dans son pays.
Le vol est arrivé avec une heure d'avance et pourtant il y avait déjà là un délégué de l'Association israélienne des Américains et Canadiens qui brandissait un écriteau portant mon nom et qui m'a guidé dans les dédales de l'aéroport. En vingt minutes à peine, j'ai obtenu ma carte d'immigrant après qu'on m'ait mis en garde à plusieurs reprises qu'au cas où je la perdrais, elle est irremplaçable. La route de Lod à Jérusalem a été magnifique. Des lions m'ont accueilli à mon arrivée dans la capitale et, qu'ils soient une publicité pour Peugeot ou un moyen de soutenir le moral du peuple juif, ils ajoutent quelque chose à cette ville. Arrivé de nuit dans mon nouvel appartement, et avant de défaire mes valises, je suis allé sur le balcon et la vue de Jérusalem m'a rappelé le “Cantique des degrés” Quand l'Éternel ramena les captifs de Sion, nous étions comme des gens qui rêvent… (Psaume 126) Ezra Halevi, nouvel immigrant américain en Israël | |
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