Les reproches que Jacob adresse à ses fils Siméon et Lévi (Berèchith 34, 30) se rapportent aux conséquences néfastes de leur inconduite, non à l’iniquité de leurs actes de violence. Ceux-là semblent être hors de cause, du moins en ce qui concerne les principaux coupables. A la fin de sa vie, lorsque le Patriarche réunit ses enfants autour de son chevet, il condamna également leur méthode odieuse, mais ne réprouva pas leurs motifs réels.
Quant aux deux fils aussi sévèrement blâmés, ils n’ont qu’une seule réponse : « Traitera-t-on notre sœur comme une prostituée ? » Ceci est leur unique réplique. Ils se rendent compte que le seigneur étranger ne se serait jamais permis un pareil outrage s’il ne s’était agi d’une jeune Juive.
Cette expérience leur fait prendre conscience de l’évidence que, dans la famille de Jacob elle-même, des circonstances peuvent intervenir là où elle doit avoir recours à la force de l’épée pour défendre son idéal de pureté et d’honneur. Ils ne s’appliquèrent pas à agir avec sagesse et réflexion ; ils voulurent, en revanche, se faire craindre, afin qu’à l’avenir personne n’osât plus commettre une pareille offense à leur égard. Ils montrèrent ainsi que, si la véritable arme d’Israël est « la voix de la prière et de l’étude de la Tora », il existe néanmoins des circonstances exceptionnelles dans l’histoire de « la nation sainte » où le recours à la force peut être parfaitement légitime. « Les deux fils de Jacob s’écrièrent ensemble : il ne sied pas qu’on raconte dans les assemblées juives de prière ou d’étude que des incirconcis et des idolâtres ont souillé une fille de Jacob, mais il sied qu’on y raconte que des incirconcis et des idolâtres ont été abattus pour avoir souillé la fille de Jacob et pour que Sichem n’aille pas se vanter d’avoir abusé de notre sœur comme d’une prostituée, offerte à qui voudra et sans défenseur » (Rabbin Elie Munk (La voix de la Thora, vol. I p. 356 )
Haftarath parachath Wayichla‘h – Juste avant ‘Hanouka
Un jour viendra, a enseigné Rav Houna, où l’ange protecteur de Rome, personnification de l’ennemi juré d’Israël, voudra annoncer la signification de son combat contre Jacob. Il plongera l’un de ses doigts dans la terre, et celle-ci fera jaillir du feu. Et Jacob lui répondra : « Ne t’imagines pas pouvoir ainsi m’effrayer, car je suis totalement fait de feu, ainsi qu’il est écrit : “La maison de Jacob sera feu, et la maison de Joseph flamme…” (Ovadia 1, 18 – D’après Berèchith rabba 77, 2).
Ce Midrach met en valeur la lutte menée par un petit peuple contre une puissance apparemment invincible qui cherchait à le priver de son identité et de son indépendance.
Malgré l’obstination de Rome à vouloir s’imposer sur Israël, le peuple juif ne s’en est pas laissé intimider. Et peut-être n’est-ce pas par pure coïncidence que cette haftara est toujours lue juste avant ‘Hanouka…