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| LES PIRATES DE LA VILLE DE SALE AU MAROC | |
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trait d'union
Nombre de messages : 173 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: LES PIRATES DE LA VILLE DE SALE AU MAROC Lun 30 Nov 2009 - 18:22 | |
| Mourad Raïss. Le gouverneur hollandais de Salé Plusieurs pirates aux destins particuliers ont vécu au port de Salé. Mourad Raïss, de son vrai nom Jan Janssen, redoutable pirate hollandais, a été le premier gouverneur de la république corsaire de Salé, fondée en 1627. Né en 1570 à Haarlem, il décide très jeune de devenir pirate indépendant. Il a déjà à son actif plusieurs prises intéressantes lorsqu’il est capturé en 1618 au large des îles Canaries et envoyé comme captif à Alger où il se convertit à l’islam. Lorsqu’il est relâché quelques années plus tard, Mourad Raïss se dirige alors vers Salé, qui commence à faire parler d’elle comme un repère de pirates de toute l’Europe. Il s’intègre facilement et fait ses preuves en conduisant son navire jusqu’en Islande, où il pille la capitale Reykjavik et revient avec 400 captifs. A son retour au Bouregreg en 1627, il est élu premier gouverneur de la république de Salé. Il portera, par la suite, le titre d’Amiral de la jeune cité corsaire et président du Diwane. Il épouse alors une Marocaine, avec laquelle il aura plusieurs enfants, dont deux deviendront également pirates, et finiront par s’installer au port de New Amsterdam (futur New York). Mais, très vite lassé par sa nouvelle fonction, Mourad Raïss reprend la mer et retourne à Alger. Vers 1640, il est capturé par les Chevaliers de Malte. Lorsqu’il arrive à s’échapper quelques mois plus tard, il semble qu’il serait revenu discrètement au Maroc où il aurait fini ses jours à Oualidia. | |
| | | trait d'union
Nombre de messages : 173 Date d'inscription : 26/04/2007
| Sujet: Re: LES PIRATES DE LA VILLE DE SALE AU MAROC Lun 30 Nov 2009 - 18:23 | |
| Au XVIIème siècle, l’embouchure du Bouregreg est un repère redouté de pirates marocains et étrangers. Ensemble, ils écument les mers et fondent même une république indépendante. Voyage.
L’épisode est l’un des moins connus de l’histoire du Maroc, mais aussi, sans aucun doute, l’un des plus passionnants. Pendant près de 200 ans, les pirates de Salé ont été les plus actifs du Maghreb. Profitant de la position stratégique de leur port (sur la côte atlantique, mais également très proche du détroit de Gibraltar), ils sillonnent les océans et s’attaquent aux navires européens qui vont ou reviennent des Indes et d’Amérique. Grâce aux butins, composés de marchandises et de captifs, Salé devient un port d'armement de premier rang et une place commerciale très animée. Des Marocains de tous le pays et des commerçants de diverses nationalités, intéressés par les marchandises qui se vendent à moitié prix, affluent vers la ville. Au XVIIème siècle, dans les ruelles de Salé, on parle plusieurs langues. Logique, sachant que plusieurs équipages ne comptaient pas que des Marocains, mais aussi des “renégats européens”, aventuriers persona non grata dans leurs pays respectifs.
Envie de vendetta Tout a commencé en 1609. Une vague de “nouveaux Salétins”, des Maures chassés d’Espagne, s’installent dans la ville. Près de 3000 Hornacheros et 10 000 Andalous, revenus au Maroc avec une partie de leurs biens pour les premiers et totalement ruinés pour les seconds, partagent le même objectif : se venger des Espagnols. Salé est alors le point idéal pour lancer leur vengeance. “L’attachement à la patrie perdue explique leurs visées politiques, militaires et économiques, prenant la forme d’une course contre la montre. Ils se lancèrent très vite dans l'armement des navires, commandant eux mêmes des opérations visant d’abord les intérêts espagnols puis l’ensemble des puissances maritimes européennes.”, explique Leila Meziane, professeur universitaire d’histoire et auteur de Salé et ses corsaires 1666-1727, un port de course marocain au XVIIème siècle, (Edition Presses Universitaires de Caen, 2007). Conscients qu’ils ne peuvent réussir leurs opérations que s’ils sont entourés de personnes ayant déjà de l’expérience dans le domaine, ces nouveaux Salétins acceptent la venue de pirates étrangers. Ces corsaires anglais, hollandais, portugais, mais aussi algériens, tunisiens ou turcs, s’intègrent facilement à la population locale et occupent des postes-clés. Très rapidement, ces équipages salétins font parler d’eux, et réussissent des prises conséquentes. Leurs campagnes en mer sont donc très rentables et, petit à petit, ils commencent à penser à prendre leur indépendance.
Des butins et des hommes “Ils ont profité de la désagrégation du pouvoir central suite à la mort du sultan saâdien Ahmed El Mansour pour continuer l'activité corsaire pour leur propre compte. Mais en 1627, ils sont allés plus loin en s’érigeant en république, indépendante de toute tutelle makhzénienne”, raconte Leila Meziane. La Casbah de Salé (actuelle cité des Oudayas) devient la capitale de ce nouvel état où le pouvoir appartient à un gouverneur élu annuellement et assisté d’un conseil (appelé diwane) composé de seize membres. 10% des butins rapportés par les pirates reviennent à cette autorité locale alors que l'armateur et l'équipage se partagent le reste. Les activités portuaires sont aux mains de familles de l’élite locale, soit andalouses soit hornacheras. En cette période de totale indépendance, Salé vit confortablement grâce à la vente de ses butins et prisonniers. Cette dernière activité est très rentable, puisque les captifs étaient soient vendus aux enchères, soient rendus aux leurs contre rançon. Ceux qui n’ont pas de familles peuvent compter sur les “missions de rédemption”, des institutions chrétiennes qui viennent à Salé pour les racheter.
Les corsaires du sultan Mais cette période de gloire ne dure pas très longtemps. En 1660, les Alaouites, qui prennent le pouvoir, pacifient le pays et deviennent armateurs. La piraterie, jusqu’alors privée, devient étatique avec l’arrivée sur le trône de Moulay Rachid, et surtout celle de Moulay Ismaïl en 1672. Ce dernier voit dans ces pirates (appelés désormais “corsaires” puisqu’ils opèrent sous les ordres du sultan) une force politique lui permettant de négocier avec les puissances étrangères. Mais ce nouveau système ne permet plus aux corsaires de profiter de leurs butins, puisqu’ils doivent les remettre au sultan, qui leur verse une petite solde chacun. Moulay Ismaïl interdit également la vente des captifs chrétiens, qu’il préfère échanger contre des prisonniers marocains ou musulmans. Résultat ? Un désintéressement des équipages. Après sa mort, au milieu du XVIIIème siècle, l’élite salétine profite de l’instabilité politique qui règne dans le pays pour essayer de renouer avec son passé glorieux. Mais cela s’avère plus difficile qu’avant, même si la ville continue encore à vivre de la mer. L’aventure des pirates de Salé touche à sa fin à la fin de ce même siècle, lorsque le sultan Mohammed III signe plusieurs traités de paix avec les puissances européennes. Il renonce par la même occasion à la marine chérifienne et offre plusieurs de ses navires (dont certains n’avaient jamais été utilisés) à Alger ou Tunis. C’est à partir de ce moment que Salé tombe dans l’oubli, devenant un port de seconde zone. Déserté par les pirates qui avaient fait sa gloire, ayant décidé d’aller tenter leur chance sous d’autres cieux.
http://www.telquel-online.com/389/mag1_389.shtml | |
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