JOSEPH ESCLAVE DE PHARAON FILS DE NOTRE PERE JACOB
A)Pour avoir repoussé les séductions de l'épouse du ministre Potiphar, Yossef est emprisonné en Egypte pour une fausse accusation d'adultère. Au bout de dix ans d'internement, il se présente à Yossef une occasion de libération : son co-détenu, qui n'est autre que le maître échanson du roi Par'3o (PHARAON), a un rêve que Yossef interprète dans le sens d'une réintégration dans son poste d'échanson du roi, dans les trois jours. Yossef lui demande d'intervenir en sa faveur auprès de Par'3o pour le libérer, mais l'échanson oublie Yossef. Deux ans après, la nuit de Roch Hachana, Par'3o fait un rêve troublant ; l'échanson se souvient de Yossef, en parle à Par'3o. Yossef est amené précipitamment devant Par'3o, au palais royal : Par'3o dit à Yossef: " J'ai eu un rêve et personne n'a pu l'expliquer ; j'ai entendu dire à ton propos que tu as l'art d'interpréter les rêves ". Yossef répondit à Par’3o : " Ce n'est pas moi, c'est D. qui répondra pour apaiser Par'3o ". (Béréchit, ch 41, versets 15 et 16). Rachi commente : Ce n'est pas moi : La sagesse n'est pas de moi, mais, "c'est D. qui répondra". Il mettra la réponse dans ma bouche pour l'apaisement de Par'3o. Ensuite Par'3o raconte son rêve des sept vaches et son rêve des sept épis de blé : Yossef les interprète en annonçant l'imminence de sept années d'abondance suivies de sept années de famine, et Yossef propose même à Par'3o les mesures à prendre. Par'3o impressionné, investit Yossef du titre de vice-roi pour réaliser son plan de lutte contre la disette prévue : Par'3o dit à Yossef : " Vois, je te place à la tête de tout le pays d'Egypte " (Ber. 41.41).
Analysons les évènements décrits ci-dessus, pour en tirer un enseignement fondamental.
1)Yossef, après douze ans d'emprisonnement, a une occasion rêvée - c'est le cas de le dire - d'obtenir sa liberté en exploitant son don d'analyser et d'interpréter le rêves de Par'3o qui lui demande ce service en flattant ses compétences : J'ai entendu dire que tu as l'art d'interpréter les rêves: " Pourquoi Yossef répond " à Par’3o en niant toute compétence dans l'interprétation des rêves, en effaçant sa personnalité et en se présentant comme un simple porte parole de D. ? Ne risque-t-il pas de retourner en prison puisqu'il déclare à Par'3o que sa réputation d'interpréter les rêves est erronée ? N'aurai-t-il pas été plus prudent, au lieu d'adopter une position aussi radicale, de répondre de façon plus modérée telle que " oui, j'ai un don certain pour comprendre, analyser et interpréter les rêves, mais ma sagesse est inspirée par D. ? " Enfin, comment expliquer que, malgré l'apparente maladresse de Yossef, Par'3o n'a pas renvoyé Yossef, mais au contraire a placé aux plus hautes fonctions du royaume ce Yossef, décrit par l'échanson de façon péjorative comme (jeune, hébreu, esclave) soupçonné d'adultère et de surcroît bigot ?
2)Nos sages affirment que Yossef a été sanctionné des deux ans supplémentaires de prison pour avoir mis sa confiance dans l'intervention de l'échanson, et c'est D. qui a provoqué l'oubli de l'échanson pour amener Yossef à réfléchir durant ses deux ans. Yossef comprend et intègre une nouvelle notion : l'effet prévisible n'est pas le résultat d'une cause mais seulement le résultat de la volonté divine ; les causes extérieures et les intermédiaires n'ont aucun pouvoir, et dorénavant il devra placer tous ses espoirs et sa confiance totale en D., et en D. seulement ; D. lui donne une occasion de mettre en pratique cette notion théorique. Ainsi lorsque Yossef doit répondre à Par'3o, il est convaincu que sa libération éventuelle ne dépend ni de Par'3o, ni des précautions oratoires, et ni d'aucun facteur extérieur, mais uniquement de D. qu'il place donc en avant devant Par'3o sans en craindre les conséquences ; il fait preuve d'un "bitahon*"total, en accord avec le verset:"Heureux l'homme qui met toute sa confiance en D."(tehilim40).
3)Corrélativement, Yossef nous donne ici l'exemple d'un effacement total ; au risque de rater une occasion unique d'être libéré, il ne cherche pas à tirer profit d'une situation en se glorifiant de ses compétences devant les hauts dignitaires du pays ; il refuse de ramener les choses à lui. On comprend maintenant pourquoi Par'3o a été impressionné par cet homme qui ne prend rien pour lui-même, qui s'annule devant son créateur ; à un tel homme, on peut faire confiance et compter sur lui, il ne détournera rien en sa faveur, c'est la raison pour laquelle Par'3o a transmis les clefs du pouvoir à Yossef.
C) Nous allons citer encore deux exemples du refus de Yossef de profiter des situations et de ramener les choses à son propre intérêt :
1)Lorsque Yossef envoie chercher son père, il aurait pu profiter de son pouvoir à la tête de l'état pour choisir les chars royaux pour amener son père Jacob (fils d'Isaac, petit fils d'Avraham) en Egypte. Si ce n'est que Par'3o lui-même le lui a ordonné, Yossef n'aurait jamais utilisé les chars de la cour royal, comme le prouve le verset " Yossef donna à ses frères des voitures d'après l'ordre de Par'3o… " (Chapitre 45 verset 21)
2)Lorsque Yossef retrouva son père après 22 ans de séparation, on comprend à quel point Yossef aspirait à revoir son père, et réciproquement, d'autant plus qu'une relation profonde et privilégiée lie Yossef et Jacob. Lorsque Yossef va à la rencontre de son père, il a deux raisons de le revoir:
-pour faire plaisir à son vieux père qui a tellement souffert de cette absence et qui avait cru ne plus revoir son fils préféré.
-pour se faire plaisir lui qui a tellement langui son père.
Yossef, dans cette rencontre aussi émouvante occulte la deuxième raison et fait un effort pour aller uniquement pour satisfaire son père, pour se faire voir par son père : pourvu que son père le revoie et éprouve une grande satisfaction, et pour cela il cherche à éteindre ses sentiments personnels et sa joie de le revoir, pour ne pas ramener la mitsva du respect des parents à lui-même, comme le confirme le verset 29 du chapitre 46 de Béréchit (cf. rachi ) : " Yossef se fit voir devant son pére et il tomba sur son cou "
En conclusion, Yossef nous apprend à ne jamais profiter d'une compétence, d'une mitsva, d' une position de force ou de pouvoir, ou d'une situation en sa faveur pour en tirer des bénéfices ou ramener les choses à nous même, ce serait considéré comme un détournement des données que D. nous a confié. Si nous ne sommes pas encore capables d'avoir le niveau de Yossef ( niveau asymptotique), essayons dans un premier temps de minimiser notre tendance à " prendre pour soi " et à réagir en rapport de force, pour maximaliser notre "bitahon* ".
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Mer 4 Fév 2009 - 7:59