MAROC PAYS QUI M'A VU NAITRE PAR SOLY ANIDJAR
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MAROC PAYS QUI M'A VU NAITRE PAR SOLY ANIDJAR

HISTOIRE DES JUIFS DU MAROC-CASABLANCA-RABAT-MAZAGAN-MOGADOR-AGADIR-FES-MEKNES-MARRAKECH-LARACHE-ALCAZARQUIVIR-KENITRA-TETOUAN-TANGER-ARCILA-IFRANE-OUARZAZAT-BENI MELLAL-OUEZANE
 
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 HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL

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bidaouia




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MessageSujet: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeLun 2 Juin 2008 - 8:16

Histoire des juifs portugais:


Un panorama complet du judaïsme portugais de l’Antiquité à nos jours, en tenant compte des recherches et des études récentes qui ont dévoilé le rôle primordial qu’ont joué les juifs portugais sur tout le continent américain et en Orient. Ce livre de Carsten Wilke est le premier ouvrage de synthèse sur les juifs portugais depuis l’étude partielle de Mayer Kayserling publiée en 1867.



De la Lusitanie romaine jusqu’à nos jours, la minorité juive a apporté une contribution importante à la vie intellectuelle et économique du Portugal.

Dans cet ouvrage de synthèse, nous retracerons l’histoire des artisans et des poètes des ghettos médiévaux, des savants de l’âge des Découvertes, des « nouveaux-chrétiens » intégrés de force à la société catholique, des réfugiés de l’Inquisition réinventant le judaïsme dans leur vaste diaspora du nord de l’Europe aux îles de Curaçao, des montagnards, derniers marranes, secrètement fidèles aux rites ancestraux et des persécutés par le nazisme sauvés de la déportation grâce à l’accueil portugais au bord du Tage.

Cet ouvrage rend à l’histoire des juifs portugais ses contours, qui dépassent les grilles religieuses ou géographiques classiques : par la force du baptême collectif de 1497, l’histoire judéo-portugaise va au-delà de l’histoire du judaïsme stricto sensu, tout comme elle va au-delà, par l’émigration, des frontières de son pays d’origine. L’éclatement du groupe a pu, paradoxalement, ajouter à sa cohérence. Seul le drame des nouveaux-chrétiens (juifs convertis de force au catholicisme), de leur assimilation et de leur émigration rend compréhensibles les périples de ces « juifs de l’exil du Portugal ». Ce n’est qu’en découvrant les origines de cette histoire dans les confins des petits bourgs du Moyen ge que nous comprendrons son ouverture moderne sur les vastes espaces des océans.

http://www.bibliomonde.com/livre/histoire-des-juifs-portugais-6022.html
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeLun 2 Juin 2008 - 8:18

Un album du photographe et cinéaste, Frédéric Brenner, sur les marranes de Belmonte au nord-est du Portugal. Textes de Yosef Hayim Yerushalmi.

Ce livre est depuis peu épuisé

Frédéric Brenner a filmé leurs rituels, conservés malgré cinq siècles de clandestinité dans le petit village de Belmonte (Nord-est du Portugal). Cet album reprend la démarche du documentaire.

C'est un ingénieur polonais, Samuel Schwartz, venu à Belmonte pour diriger une exploitation minière, qui a découvert en 1917 l'existence de cette communauté "cryptojudaïque". Les descendants de ces familles juives qui avaient dû se convertir au christianisme au XVe siècle, vivent encore pour certains d'entre eux dans le quartier de Marrocos de Belmonte. Certains ont depuis repris pleinement possession de leur judaïté, une synagogue a réouvert.

Le mot marrane (« porc » en espagnol) est un terme volontairement offensant, désignant en Espagne et au Portugal les juifs convertis et leurs descendants, à partir du XVe siècle. La particularité du marranisme (unique au monde selon Cecil Roth), c'est que les rites du judaïsme été transmis clandesinement de génération en génération durant cinq siècles.

« La région autour de ce petit bourg de montagne au nord-est du Portugal garde les souvenirs et les traces des bûchers et des tortures. Les siècles et les persécutions n'ont pas eu raison de ces "miraculés de l'Inquisition", de leur judaïsme cultivé à l'abri des regards, dans le secret des maisons, derrrière des volets bien clos. Aujourd'hui, il en reste une centaine. A travers des usages et des pratiques souvent réduits à des coutumes domestiques dont la signification est généralement perdue, ils témoignent de la nécessité pour l'homme de préserver sa singularité. Emilia a accepté de refaire en famille les gestes du rituel transmis par des générations de femmes, gardiennes de la foi interdite. Un document étrange et émouvant. » (Sadia Saïghi, Images de la culture)

Les prières traduites du portugais et présentées par Inácio Steinardt.

Le documentaire de Frédéric Brenner et Stan Neumann Les derniers Marranes a été produit en 1989 par Les Films d’Ici, Canaan Production, La Sept.

Sur la Toile

Une conférence sur les marranes du Portugal, un bref compte rendu, par Elsa de Lacerda Setas.

Lisbonne, si je t'oublie… : à propos de la communauté juive du Portugal, par Esther Benbassa, L'Arche

Dans BiblioMonde : d'autres livres sur les Marranes

La Foi du souvenir par Nathan Wachtel, Le labyrinthe des marranes (sous-titre)

Histoire des marranes par Cecil Roth

La Nef marrane par Anne-Lise Polo.

Les juifs portugais par Aldina da Silva, théologienne catholique d’origine portugaise

D’autres ouvrages sur les juifs portugais


http://www.bibliomonde.com/livre/nation-juive-portugaise-833.html
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeLun 2 Juin 2008 - 8:19

Éssais sur l'histoire des Juifs, des marranes et des nouveaux-chrétiens d'origine hispano-portugaise (sous-titre) : cinq essais

L'antisémitisme ibérique et la question de la survivance du peuple juif constituent les principaux fils directeurs de ces cinq essais sur les juifs séfarades, les marranes et les nouveaux-chrétiens d'après l'expulsion des juifs d'Espagne en 1492 et la conversion forcée au Portugal en 1497.

« À travers cinq essais consacrés aux juifs séfarades et aux nouveaux chrétiens d'Espagne et du Portugal du XVIe au XVIIIe siècles, Yosef Hayim Yerushalmi s'interroge sur la survie du peuple juif et l'antisémitisme ibérique après l'expulsion des juifs d'Espagne en 1492 et la conversion forcée au Portugal en 1497. La plupart de ces textes ont d'abord été présentés, entre 1969 et 1982, sous forme de conférences en anglais ou en hébreu. Mêlant son habituelle érudition au goût du récit, l'A. de Zakhor (La Découverte, 1984) et De la Cour d'Espagne au ghetto italien (Fayard, 1987) nous entraîne dans un nouveau périple à travers le temps et l'espace séfarades. À titre d'introduction au volume, il retrace l'histoire du judaïsme ibérique, de l'époque des Wisigoths jusqu'à l'expulsion de 1492, en soulignant la spécificité du judaïsme séfarade : celle d'une immersion profonde à la fois en terres d'Islam et de Chrétienté. La démonstration conserve sous la plume de Y.H.Y. toute sa dimension humaine. C'est une inscription en latin sur une pierre tombale datant du début du IIIe siècle, qui constitue la première preuve matérielle d'une présence juive dans la péninsule. Voici la filiation hispano-juive indissociablement liée au sort d'une petite fille - Annia Salomonula - décédée à l'âge d'un an. Voilà égratignées les prétentions hispano-chrétiennes concernant l'essence de l'Espagne puisque les juifs étaient sur place "non seulement depuis le début mais avant même le début…" » (extrait d'un commentaire de Danielle Rozenberg, EHESS)

Le texte complet de Danielle Rozenberg qui commente chacun des cinq essais.

http://www.bibliomonde.com/livre/sefardica-819.html
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeLun 2 Juin 2008 - 8:21

« L'Espagne, à l'apogée de sa gloire, achève la Reconquista, chasse les Arabes de la Péninsule, lance ses vaisseaux à la conquête de l'Amérique et expulse les Juifs, présents dans le pays depuis mille quatre cents ans. Certains d'entre eux, convertis de force par l'Inquisition, vont continuer à pratiquer en secret leur religion. Les Espagnols les appelleront de façon méprisante marranos et ce nom leur restera. Avec le temps il prendra même une résonance romantique à l'image de leur histoire faite de clandestinité, dans l'Europe de la Renaissance, mais aussi dans le Nouveau Monde. » (présentation de l'éditeur)

« Le mot marrane ("porc" en espagnol) est un terme volontairement offensant, désignant en Espagne et au Portugal les juifs convertis et leurs descendants, à partir du XVe siècle. (…) Le marranisme n'est pas la simple conversion forcée au christianisme suivie de l'observance dans la clandestinité des rites du judaïsme. Sa caractéristique essentielle, c'est que ces rites aient été transmis de génération en génération : "c'est là (observe l'historien Cecil Roth) un phénomène unique". » (France culture)

« Lors de l'expulsion des juifs du pays en 1492, une très grande partie des réfugiés empruntèrent le parcours le plus facile et se rendirent au Portugal, où ils furent autorisés à s'installer moyennant paiement. Néanmoins, quelques années après en 1496/7, la politique royale du Portugal se modifia et la décision fut prise de suivre l'exemple de l'Espagne, c'est à dire imposer aux Juifs le baptême ou l'exil. En fait, il n'existait qu'une seule alternative. Afin de ne pas perdre ces sujets de valeur, tous les juifs furent baptisés sous la contrainte souvent par le simulacre d'une véritable cérémonie et furent de la sorte considérés comme chrétiens. Seulement une petite minorité fut en mesure de s'échapper du pays à temps. Ainsi le Portugal, encore bien plus que l'Espagne, se combla de "Marranos", appelés à confronter l'Inquisition qui sévira également dans ce pays au début du siècle suivant.

Dès qu'ils furent en mesure de le faire, un grand nombre de Marranos se frayèrent un chemin hors de la Péninsule vers les pays où régnait une plus grande liberté et où ils témoignèrent leur fidélité au Judaïsme. L'on peut dire que ce processus continua sans interruption au cours des deux siècles et demi à venir. Au début, les centres d'émigration Marranos se concentrèrent dans les villes italiennes et turques, où les réfugiés se joignaient aux communautés existantes et perdaient vite leur identité en s'y intégrant.
A la fin du 16e siècle, l'équilibre bascula. Les pays se trouvant au Nord, en particulier : la Hollande et l'Angleterre, étaient désormais entrain de diriger le commerce mondial et ce furent ces pays qui attirèrent à présent les marchands et financiers Marranos, désirant fuir les persécutions de l'Inquisition. Ainsi donc se forma, à la fin du 16e siècle la grande communauté espagnole et portugaise d'Amsterdam, celle de Hambourg naquit quelques années après et celle de Londres en 1656, fruit des efforts suprêmes de Menasseh ben Israël.
D'autres communautés de ce genre existaient au Sud de la France (Bordeaux et Bayonne), dans les Indes Occidentales (Jamaïque et Curaçao, etc.) et dans les colonies d'Amérique du Nord (New York, Newport, Savannah, Charleston). En Amérique du Sud, l'Inquisition sévissait dans les régions qui se trouvaient sous la domination espagnole. Bien que beaucoup de Marranos s'y installèrent, des communautés juives ne pouvaient s'y former au grand jour, quoique au Brésil, une communauté se créa dans le petit intermède de la première du 17e siècle, lorsque ce pays fut sous domination hollandaise. Cette émigration vers le Nord de l'Europe créa une autre catégorie de communautés Sefardi, qui développèrent un mode de vie caractéristique propre. Ces juifs se considéraient et furent considérés par leurs voisins comme "l'aristocratie" du monde juif. Au 17e siècle, ceux-ci furent indubitablement l'élément le plus important et en certains points l'essence du peuple juif. » (Cecil Roth)


http://www.bibliomonde.com/livre/histoire-des-marranes-639.html
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeLun 2 Juin 2008 - 8:22

« Anne-Lise Polo relate les pérégrinations des juifs expulsés d'Espagne en 1492, réfugiés au Portugal où ils seront convertis de force au christianisme en 1497. À la fin du XVe siècle, il ne reste presque plus de juifs en Europe. Expulsion et conversion sonnent le glas de l'histoire du judaïsme ouest-européen. Pourtant, dès le tournant du XVIe siècle, le judaïsme renaît à la périphérie de l'espace européen. Fuyant l'Inquisition, les marranes, chrétiens d'apparence mais juifs de cœurs, tentent de rejoindre le Levant. Mais devant eux les routes se ferment et ils sont contraints de s'établir en terres chrétiennes. Cet ouvrage vise à éclairer le paradoxe de ce double retour : retour des juifs dans l'espace européen d'où ils ont été chassés durant le Moyen Âge; retour des juifs convertis à la foi de leurs pères. Pourquoi les États chrétiens qui ont mis des siècles à extirper le judaïsme de leur sein admettent-ils leur retour et cela au prix d'une inversion du processus de conversion ? Si le juif est là n'est-ce pas parce qu'il est nécessaire ? Le retour des juifs en Occident s'accompagne d'un transfert de connaissance et le patrimoine intellectuel séfarade va nourrir l'essor de la pensée européenne moderne. Un transfert ambigu et problématique, car la pensée européenne n'est pas totalement immunisée contre la contagion hérétique de l'héritage de la pensée marrane. » (présentation de l'éditeur)

http://www.bibliomonde.com/livre/nef-marrane-640.html
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeLun 2 Juin 2008 - 8:24

L'auteur spécialiste du Maroc ancien offre un bon résumé de plusieurs siècles d'histoire du Maroc, en revanche la période contemporaine a été (volontairement ?) bâclée. Jean Louis Miège se contente d'énumérer les différentes constitutions dont Hassan II a habillé sa dictature. Ben Barka n'est cité qu'à la mention de son assassinat. L'auteur parvient à conclure son chapitre historique par l'avènement de Mohamed VI sans avoir cité ni le général Oufkir, ni les coups d'État manqués, ni le bagne de Tazmamart ! Une page entière est consacrée aux résultats des élections législatives de 1997 pas une ligne ne signale le fait que ces résultats truqués ont été dénoncés par l'ensemble de l'opposition, y compris M. Youssoufi, futur Premier ministre.

« Durant ses trente-huit ans de règne, Hassan II a sans doute mené une politique de droit d'État et de secret parfois peu consciente des droits de l'homme. » Cette phrase est la seule allusion aux années noires du régime d'Hassan II ! Abraham Serfaty n'est cité qu' à l'occasion de son retour au Maroc, sans aucune mention de ses années de lutte et de bagne. La dernière édition de ce livre est parue en mars 2001, même le ministère marocain de la Communication n'aurait pas osé (à cette date) faire un tel résumé de l'histoire récente du Maroc.

Les problèmes de la société marocaine sont survolés en quelques pages, en revanche la description (très conventionnelle) des différents secteurs de l'économie du pays occupe la moitié du livre.

http://www.bibliomonde.com/livre/maroc-8.html
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeLun 2 Juin 2008 - 8:26

Qui sont les marranes ? Des juifs que l'Inquisition espagnole a contraint de se convertir au christianisme pour échapper à la mort ou à l'exil, mais qui restèrent juifs en secret. En réfléchissant à leur parcours identitaire et historique, ce recueil sonde les origines et les fondements de la modernité.

L'influence des marranes a dépassé largement les limites du monde juif; on retrouve leur empreinte dans les sources mêmes de la littérature européenne : Montaigne, Cervantès, Rabelais, Shakespeare...

http://www.bibliomonde.com/livre/juif-cache-marranisme-modernite-3005.html

lES MARRANES LES PLUS CELEBRES DE LA PLANETE:
LE GENERAL FRANCO ET CHRISTOPHE COLOMB
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeVen 12 Sep 2008 - 14:19

http://www.sefarad.org/publication/lm/041/9.html

LES JUIFS AU PORTUGAL AUJOURD'HUI

Michael Studemund-Halévy

Aujourd'hui, le Portugal est un pays sans Juifs. Ni la construction d'une synagogue à Belmonte, ni larestauration d'une autre synagogue à Castelo de Vide ou le musée juif à Tomar peuvent dissimuler cette réalité. Néanmoins, les indications de judiarias (quartiers juifs), de rues qui portent les noms de Juifs portugais importants à Guarda, Trancoso, Évora, Castelo de Vide, Covilhã, Porto ou Lisbonne, la fondation d'une chaire d'histoire juive à Lisbonne (Cátedra de Estudos Sefarditas Alberto Benveniste) et d'un Centre d'études juives à Évora (Centro de Estudos Judaicos), la fondation d'une Société d'études juives (Associação de Estudos Judaicos) ainsi que de nombreuses expositions, colloques de spécialistes et publications sur l'Inquisition ou les marranes montrent que, dans ces dernières années, le Portugal se souvient de son passé juif. Un passé qui se termine de façon abrupte avec le baptême forcé des Juifs en 1497 et l'introduction de l'Inquisition en 1537. Les publications au sujet du passé juif qui, pour la plupart, ont une orientation historique, sont nombreuses et sérieuses; néanmoins, les chercheurs portugais évitent la réflexion sur l'histoire récente. Ils ne s'intéressent pas à la fondation des communautés juives au 19e siècle, ils craignent la réflexion sur l'antisémitisme politique et religieux des années vingt ainsi que le réflexion sur l'attitude du Portugal fasciste vis-à-vis des Juifs durant la dictature de Salazar. Tandis que la traduction de « Mein Kampf » a suscité, il y a quelques années seulement, la critique d'une grande partie du public, la réimpression non commentée de l'ouvrage antisémite A invasão dos Judeus (« L'invasion des Juifs ») de Mário Sáa qui a été vendu en 1998 dans les librairies de Lisbonne n'a pas causé beaucoup de protestations. Qui veut travailler aujourd'hui au Portugal sur les Juifs portugais et des anciennes colonies portugaises ne peut effectuer ses recherches qu'avec beaucoup dedifficultés : les bibliothèques, dans un état catastrophique sont incapables de se procurer la littérature scientifique étrangère, ce qui rend impossible toute recherche sérieuse.

Aujourd'hui, les quelques Juifs du Portugal sont organisés en quatre communautés : Lisbonne, Porto, Belmonte et Portimão. Le nombre de ses membres s'élevant seulement à quatre-cents, cette communauté juive est parmi les plus petites en Europe. À ces membres déclarés s'ajoutent des milliers de nouveaux Chrétiens (cristãos-novos) qui, dans leurs familles, ont gardé un souvenir vivant de leurs origines juives, les crypto-Juifs (marranos) qui vivent surtout dans les provinces au nord ainsi que les nombreux Juifs anglais et américains qui séjournent longtemps au Portugal.



Nouveau début aux Azores
Les Juifs des Azores n'ont rien ou peu en commun avec les nouveaux Chrétiens qu'on avait forcés à s'établir dans les îles au 16e siècle. Les Juifs quis'installent ici au début des années vingt du 19e siècle viennent du Maroc ; ils quittent l'Afrique du, Nord parce que pour eux, en tant que Juifs, la vie y est devenu trop difficile : et qu'on leur y avait refusé une existence économique. Avant de s'établir aux Azores, ces Juifs marocains s'installent d'abord dans l'Algarve. En 1836, Abraham Bensaúde et d'autres Juifs achètent un bâtiment à Ponta Delgada, ayant en vue d'y établir une synagogue. Entre 1855 et 1866, on construit une synagogue et un cimetière avec 17 tombeaux à Horta (Faila). Environ en 1830, on construit une synagogue à Vila Franca do Campo et à Angra do Heroísmo (Terceira). En 1819, des Juifs du Maroc fondent une petite communauté à Ponta Delgada (São Miguel) qui, en 1848, compte déjà plus de 150 membres. En 1836, ils construisent la synagogue Sha'ar ha-Shamaïm (Porte du ciel). Pourtant, vers 1870, ils quittent l'île des Azores à cause de d'une profonde crise économique. En 1818, Abraham quitte son pays natal, le Maroc, et il s'installe avec sa femme Ester et ses enfants Rahel, Jacob, Joseph et Elias sur l'île des Azores São Miguel. La famille, qui en mémoire de ses ancêtres ibériques s'appelle à nouveau Bensaúde, connaît très tôt un grand succès économique : elle investit dans l'industrie du tabac et cultive le thé, le lin et l'ananas. Bientôt, l'entreprise établit des contacts avec Mogador, Gibraltar, Londres, Hambourg et Manchester – des villes qui ont une longue tradition judéo-portugaise. Peu de temps après, ils s'installent dans le continent portugais, à Lagos, Lisbonne et Porto. Les commerçants deviennent des chercheurs, des juristes et des médecins. Et les descendants de Juifs expulsés et baptisés de force épousent des membres de la haute noblesse européenne.
Le retour au Portugal pose de grands problèmes au Juif observant Abraham Hassiboni, car les écoles juives sont inconnues et les universités n'acceptent que des étudiants chrétiens. En suivant le conseil du philanthrope anglais Sir Mose Montefiore, Joseph, le fils d'Abraham, envoie ses enfants Alfredo et Joaquim en Allemagne, à la très orthodoxe Samson-Schule de Wolfenbüttel. Plus tard, Alfredo fait ses études à la Bergtechnischen Universität à Clausthal et à Göttingen, où il obtient son doctorat avec une dissertation sur les « Beiträge zur Kenntnis der optischen Eigenschaften des Analcim » (« Contributions à la connaissance des qualités optiques de l'analcime). En 1911, il sera le fondateur et le premier directeur de l'Istituto Superior Técnico à Lisbonne. C'est surtout grâce à sa femme, Jeanne Eleonore Oulman, crivain de livres pour l'enfance et petite fille de Philip Abraham Cohen de Francfort - un des fondateurs de la Trennungsorthodoxe Israelitische Religionsgesellschaft (Société religieuse israélite orthodoxe séparatiste) à Francfort sur le Main - que son contact avec l'Allemagne ne s'interrompt pas. Son frère Joaquim aussi fait ses études universitaires à Clausthal. Il dirige ensuite le Queen's Dock à Londres et à Lisbonne, où il est responsable de l'agrandissement du port. Mais ce sont ses recherches historiques sur la cartographie et l'astronomie portugaises, dans lesquelles il conteste d'une façon convaincante les thèses d'Alexander von Humboldt qui vont le rendre célèbre. Alfredo et Joaquim sont des Juifs croyants qui occupent des postes prestigieux au sein de la communauté. Une génération plus tard, pourtant, la fin de la monarchie portugaise marque le début de l'ascension de la famille dans la société chrétienne portugaise.



La communauté juive de Lisbonne
Lisbonne devient le coeur de la vie juive. Dans la capitale portugaise, pas loin de l'endroit où, pendant des siècles, avaient flambé les bûchers de l'Inquisition, les Cortes déclarent, le 17 février 1821, l'abolition de l'Inquisition. Elles garantissent aux descendants des Juifs expulsés ainsi qu'à tous les Juifs « habitant n'importe où sur la terre » qui souhaitent s'établir au Portugal ou dans ses possessions la liberté de la pratique religieuse. Mais même avant cet édit, en 1801, des membres des familles Amzalaga, Cardoso, Cohen, Hazan et Conqui, toutes de Gibraltar, s'installent à Lisbonne en tant que citoyens anglais. Des Juifs de Gibraltar et du Maroc suivent leur exemple et s'installent sur le continent portugais et sur les îles atlantiques Madeira et les Azores. En août 1828, soixante-trois Juifs vivent déjà sur le continent portugais : cinquante à Lisbonne, cinq à Faro, quatre à Lagos, deux à Beja et deux à Évora ainsi que deux cents cinquante aux Azores, dont cent cinquante à Ponta Delgada. Entre 1850 et 1900, un certain nombre de Juifs s'installe en Angola et au Mozambique, qui sont des colonies portugaises, dans les îles du Cap Vert ainsi qu'à Madeira. Le chiffre relativement bas des Juifs immigrés est dû d'un côté à la situation marginale du Portugal, de l'autre côté surtout au fait que, dans la diaspora séfarade, le souvenir de l'expulsion et du baptême forcé est toujours vivant.
Déjà en 1801, on concède aux Juifs une parcelle du Cimetière Anglais (Cemitério Inglês da Estrela) pour qu'ils puissent y enterrer leurs morts selon le rite juif : le 26 février 1804, José Amzalaga sera le premier à y être enterré selon ce rite. Les quelques Juifs sont confrontés à deux grands défis : la fondation d'une communauté unifiée (Comité da Comunidade Israelita de Lisboa), qui ne sera réalisée qu'à la fin du 19e siècle ; ensuite, la lutte pour la reconnaissance juridique en tant que communauté religieuse indépendante, car, selon la constitution de 1826, le catholicisme est la seule religion admise et seulement les étrangers sont autorisés à pratiquer en privé leur religion. En 1850, il y a deux Shohatim (abatteurs rituels) à Lisbonne. En 1865, les Juifs de Lisbonne achètent au Alto de São João;o un terrain de 45 X 128 m pour construire un autre cimétière, qui est encore utilisé aujourd'hui. En 1882, Moses Amzalak fonde la société Ozer Dalim, qui se charge de donner aux Juifs pauvres un repas chaud le Shabbat. Il y aura ensuite d'autres sociétés charitables : en 1865, Simão Anahory crée Nophlim (Amparo dos Pobres); en 1899, Leao Amzalak fonde la Cozinha Económica (Cuisine des pauvres) qui, dans l'année même de sa fondation, donne 5.000 repas et en 1916 plus que dix milles. Le service est célébré d'abord dans des maisons privées; seulement au cours des années on construit plusieurs petits bâtiments de prière et des synagogues. En 1892, le gouvernement civil autorise la fondation de la Associação Guemilut Hassadim, irmandade israelita de socorros mútuos na hora extrema e funerais, une autorisation qui est très proche de la reconnaissance juridique de la religion juive. Vu le petit nombre des membres - il y a au maximum 180 chefs de familles pour moins de mille Juifs - les activités charitables, pédagogiques et culturelles sont remarquables : En 1914, la Biblioteca Israelita est fondée ; le 23 octobre 1922, c'est le tour de la Escola Israelita où on enseigne, outre la langue hébraïque, l'espagnol et le français ; et, trois ans plus tard, l'organisation de jeunesse He-Haver qui jouera plus tard un rôle important dans l'aide pour les réfugiés juifs est fondée. En 1928 paraît le premier (et dernier) numéro de la Revista de Estudos Hebraicos. On construit des synagogues et des cimetières également en dehors de la capitale portugaise. Des Juifs venant de Gibraltar, du Maroc et de l'Espagne s'installent vers 1820 à Faro, dans l'Algarve (au sud du pays), où se forme au cours des années une petite communauté qui finira par compter soixante familles. Entre 1830 et 1869, deux synagogues sont construites (Sinagoga dos Ricos et Sinagoga dos Pobres ; une synagogue a également fonctionné à Lagos, entre 1830 et 1936) et un terrain pour un petit cimetière est acheté. Lorsqu'au 20e siècle de nombreux membres de la communauté quittent Faro et s'établissent surtout à Lisbonne, la vie juive dans l'Algarve s'éteint pratiquement. Le cimetière qui risquait devenir un dépotoir a été soigneusement restauré dans les dernières années, et, en 1993 il a été inauguré solennellement en présence du Président de la République, Mário Soares. Aujourd'hui, le centre de la vie juive pour les dix-sept membres de la communauté dans l'Algarve est Portimão. Les jours de fête importants, les Juifs de l'Algarve peuvent compter sur la participation de touristes juifs.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeVen 12 Sep 2008 - 14:21

http://www.sefarad.org/publication/lm/041/9.html

Le centre juif le plus important à part Lisbonne est toujours Porto, ville portuaire au Nord du Portugal. La fondation de ce centre est principalement l'oeuvre de « l'apôtre des marranes », Artur Carlos de Barros Basto. En 1915, Barros Basto fonde l'organisation sioniste Melakhah Tziyonyth qui, cinq ans plus tard, ensemble avec l'organisation Associacão de Estudos Hebraicos Ubá-Le-Sion (fondée en 1912 par Adolfo Benarus), fusionne avec la Federação Sionista de Portugal. Le 1er juillet 1927, la synagogue Mekor Haim (Source de vie) est inaugurée dans la Rua do Poço das Patas. Entre 1929 et 1938, la synagogue Kadoorie Mekor Haim est construite dans la Rua Guerra Junqueiro, surtout avec l'argent de la famille Kadoorie et des comités des anciens marranes de Londres, Amsterdam et Hambourg. La communauté consiste aujourd'hui seulement de quelques membres. Les jours de fête importants, le service est assuré par des rabbins d'Israël. A Belmonte, où des centaines d'hommes se désignent eux-mêmes comme « judeus marranos » et où ils pratiquent leur foi en cachette – leur descendance des Juifs baptisés de force est de plus en plus mis en doute – existent aujourd'hui deux communautés : une de marranes et une autre d'anciens marranes qui, il y a peu de temps, se sont convertis au judaïsme. Le 5 décembre 1996, la nouvelle synagogue Bet Eliahu a été inaugurée. La communauté consiste aujourd'hui d'environ 170 personnes. A Covilhã fonctionnait, en 1939, la synagogue Portas das Tradição, qui était fréquentée surtout par les marranes. La synagogue Bet Ha- Midrash (Maison des prières) à Caldas da Rainha a été construite pendant la Deuxième Guerre Mondiale par des réfugiés de l'Europe de l'est.



Apôtres des marranes
Des noms de famille tels que Abrantes, Campos, Carvalho, Costa, Cruz, Dias, Espirito Santo, Estrela, Henriques, Lopes, Mascarenhas, Matos, Mendes, Morão, Nunes, Paiva, Pereira, Pessoa, Preto, Rodrigues, Silva, Souza ou Vaz passent pour beaucoup de Portugais comme des noms typiques juifs-portugais. Ceux qui portent ces noms se désignent souvent eux- mêmes comme des descendants de Juifs baptisés de force (cristãos novos) ou comme des crypto-Juifs (marranos). Les crypto-Juifs qu'on connaît à travers la littérature portugaise du 19e et du 20e siècles (Camilo Castelo Branco ; Miguel Torga) et des descriptions de voyage sont connus par un plus grand public lorsque, en 1917, l'ingénieur des mines polonais Samuel Schwarz établit des contacts avec les marranes de Belmonte, Guarda et Covilhã. Son livre « Os cristãos-novos em Portugal nó século XX », paru en 1925, raconte l'histoire de ces crypto-Juifs et décrit de façon vivante leurs coutumes (clandestines) juives, telles qu'elles sont pratiquées surtout par les marranes dans les provinces lointaines du nord du pays, dans la Estremadura et la Beira, ainsi que dans des villes comme Argozelo, Bragança, Castelo Branco, Covilhã, Fundão, Idanha, Monsanto, Penamacor, Tomar et Trancoso. Le livre montre un enthousiasme inattendu pour les «Juifs oubliés et exotiques» du Portugal. En 1923, Schwarz achète la synagogue de Tomar qui était tombée en ruine. De par sa situation géographique et sa forme, cette synagogue est un exemple unique de l'architecture synagogale portugaise de l'époque précédant l'expulsion des Juifs. Plus tard, Schwarz fait cadeau de cette synagogue au gouvernement portugais pour en faire un musée luso-juif. En 1939, le musée qui porte le nom du mathématicien et astronome portugais Abraham Zacuto est inauguré. Tandis que les membres de la communauté juive de Lisbonne ont une position respectée dans la société portugaise, les marranes suscitentavec leurs acitivités la méfiance de l'église catholique et d'une grande partie de la bourgeoisie cléricale conservatrice, cette dernière craignant à juste titre que des catholiques puissent se tourner vers le judaïsme. Les discussions controversées ne manquent pas à l'intérieur de la communauté juive de Lisbonne. Ainsi Abraham Levy proteste contre la circoncision des nouveaux Chrétiens (cristãos novos) ; d'après Samuel Sorin la communauté naissante de Porto n'est autre qu'une secte, car les prières ne correspondent pas à celles de l'orthodoxie juive (uma seite, porque as orações que viu não o satisfazerem por serem falhas do ritual tradicional ortodoxo). A cela s'oppose le Professeur Moses Bensabat Amzalak, en argumentant que l'entrée des crypto-Juifs dans le judaïsme a été mentionnée par le grand-rabbin de Palestine, Jacob Meier, qui l'aurait approuvée. Amzalak s'intéresse vivement au travail de Barros Basto, travail qu'il admire beaucoup. Par conséquent, suite à la demande d'Amzalak du 21 avril 1927, la communauté de Lisbonne soutient avec la somme de 100 Escudos le journal édité par Barros Basto, Ha-Lapid (Le flambeau). Le 19 décembre 1927, Amzalak rapporte la fondation d'une nouvelle communauté juive à Bragance et dans d'autres villes. Les deux rêvent de la fondation d'une instance dirigeante (corpo directivo) dans lequel toutes les communautés juives du Portugal devraient s'unir.
Le mouvement marrane atteint son point culminant sous le leader charismatique Artur Carlos de Barros Basto qui s'appelle lui-même « apôtre des marranes ». Sous son influence naissent des communautés juives à Belmonte, Bragance, Castelo Branco, Guarda et Pinhel. En 1929, il fonde la yeshivah Rosh Pina pour familiariser les marranes – surtout les fils des pauvres paysans du nord - avec le judaïsme normatif.

L'Alliance israélite à Paris et l'Anglo-Jewish-Association (AJA) à Londres suggèrent la fondation d'un internat religieux à Lisbonne pour faire connaître aux marranes les fondements de la religion juive. Les deux institutions chargent le politicien et historien anglais Lucien Wolf de réaliser ce projet. Le mémoire que ce dernier rédige après sa visite entraîne, en 1926, la fondation du Marrano Committee à Londres ; d'autres fondations suivront à Amsterdam et à Hambourg. Comme siège de l'internat Wolf ne propose pas Lisbonne mais la ville portuaire de Porto, entre autre à cause du fait qu'il avait fait la connaissance de Artur Carlos de Barros Basto. Ce dernier, capitaine décoré de l'armée portugaise, devient dans les années suivantes, le dirigeant incontesté des marranes portugais. Après une visite à la synagogue portugaise à Paris et une tentative vaine de devenir un membre de la communauté juive de Lisbonne, il épouse Lea Azancot, d'une famille juive de Lisbonne, et il se fait circoncire à Tanger. Désormais, il s'appelle par son nom juif, Abraham Israel Ben-Rosh. Il ne se contente pas d'être simplement un membre de la communauté : convaincu de son devoir d'établir une vie juive au Portugal et de ramener les « marranos » au judaïsme normatif, il commence dès les années vingt une activité intense de mission dans les régions isolées du Portugal du nord. Le comité des marranes de Londres le soutient avec des moyens financiers, et l'historien anglais Cecil Roth et la journaliste française Lily Jean-Javal lui garantissent leur soutient journalistique. Tous les deux sont responsables de l'image « romantisante » des marranes et de leur « apôtre ». En 1923, Abraham Israel Ben-Rosh alias Artur Carlos de Barros Basto fonde une communauté juive à Porto. Entre 1927 et 1958, il édite la revue «Ha Lapid» («Le flambeau») qui est peut- être le document le plus important de l'histoire des marranes portugais. Le 30 juin 1929, grâce à la donation d'Edmond de Rothschild (Paris), on pose la première pierre de la nouvelle synagogue Mekor Haim (Source de vie) à Porto. Pour garantir le progrès de la construction de sa communauté, Barros Basto invite de nombreux émigrants allemands et autrichiens à s'installer à Porto ; parmi eux se trouvent le médecin et pacifiste Dr. Rudolf Hirsch (l'oncle de l'écrivain portugaise Ilse Losa) et La famille Cassuto de Hambourg. Le jeune Alfonso Cassuto devient le directeur de la yeshivah Rosh Pina, son père Yéhoudah Leon Cassuto devient le président de la communauté. L'entrée de ces membres dans la communauté entraîne de fortes tensions, tellement grandes sont les différences culturelles entre Juifs de Pologne, de Russie et d'Allemagne qui pratiquent le rite ashkénaze et les marranes du Portugal, qui venaient de revenir au judaïsme. En 1934, Barros Basto est dénoncé à la police : on l'accuse d' «actes immoraux » (actos imorais). Pendant longtemps, Barros Basto soupçonne des membres ashkénazes de sa communauté d'être les instigateurs du complot. Malgré le rejet de ces accusations, trois ans plus tard le capitão est de nouveau dénoncé, et le 12 juin 1937, sur ordre des généraux Hamilcar Barcínio Pinto et Silva Basto, il est condamné et expulsé de l'armée. Cette sentence est confirmée le 1er juin 1937 par le ministre de guerre, Santos Costa ; jusqu'à, elle n'a pas été cassée. Le climat politique du Portugal avec son fort antisémitisme, la grande immigration des réfugiés européens, le fait que Barros Basto est Juif et franc-maçon et que la communauté de Porto est formée surtout par des émigrants allemands, autrichiens, polonais et russes – voici des facteurs importants de la condamnation du capitão. Ainsi, la police secrète du Portugal fait observer Barros Basto et quelques membres de sa communauté encore dans les années cinquante. Une tentative de la famille du capitaine de faire rouvrir le cas en 1975, reste sans succès. Soixante ans après les premières accusations etmcinquante-cinq ans après l'expulsion du capitaine de l'armée, le « cas Barros Basto » occupe encore la presse portugaise, surtout le journal quotidien de Lisbonne, O Público, qui publie en décembre 1994 et en 1995 plusieurs articles sur Barros Basto, le mouvement des marranes, l'antisémitisme portugais et l'Etat fasciste. Les recherches récentes montrent très clairement dans quelle mesure le capitaine est devenu la victime d'une intrigue personnelle et qu'il devait inévitablement tomber dans le « filet » de l'Etat fasciste qui suivait les idées des émigrés avec méfiance. Malgré sa défaite personnelle, il réussit quand même à mener à terme les travaux de construction de l'imposante synagogue à Porto, financés surtout par la famille Kadoorie de Hong Kong. Le 16 janvier 1938, la synagogue est inaugurée à la présence de nombreux invités nationaux et internationaux. Néanmoins, l'oeuvre de sa vie est détruite, le « mouvement des marranes » disparaît aussi vite qu'il était né.
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeVen 12 Sep 2008 - 14:22

1933-1945
Le colloque de Lisbonne et l'exposition « Fugindo a Hitler e ao Holocausto. Refugiados em Portugal entre1933-1945 » qui fut montrée en mai 1994 à Lisbonne et plus tard à Porto et Coimbra provoque une discussion animée sur l'antisémitisme portugais, le fascisme et le rôle du pays pendant la Deuxième Guerre Mondiale. Au début du 20e siècle, l'antisémitisme portugais devient socialement acceptable. En 1924, le journaliste Mário Sáa publie un livre destiné à devenir célèbre, A Invasão dos Judeus ; avec ses chapitres provocateurs (« Invasion du sang », « Attaque de l'Etat », « Attaque de la vie intellectuelle » ou « Attaque de la religion ») le livre donne une foule d'arguments aux antisémites portugais. Sous Salazar et le soutien de ses conseillers allemands paraissent à plusieurs reprises, dans les journaux et les revues du pays, des caricatures et des articles antisémites, qui deviennent encore plus nombreux après la fondation de l'Etat d'Israël (1948).
Bien que le Portugal fût considéré par les émigrés allemands comme une terre d'asile assez tardivement, à cause de sa situation marginale, s'y installent déjà en 1933 quelques douzaines d'émigrés, surtout des Juifs. La plupart de ces émigrés vont à Lisbonne, des groupes plus petits à Porto, Coimbra et Madeira. En 1933, l communauté juive de Lisbonne et le médecin Augusto d'Esaguy fondent la Commissão Portuguesa de Assistência aos Judeus Refugiados (Commassis), un comité d'assistance qui, avec l'accord du gouvernement, soutient de nombreux réfugiés. Après avoir été obligé, au début de la Deuxième Guerre Mondiale, d'arrêter leur activité pour une période intermédiaire, la Commassis devient très importante pendant l'émigration en transit entre 1940 et 1943 en tant qu'institution caritative. Grâce aux efforts d'activistes juifs comme Moses Benbassat Amzalak, Elias Baruel et Santób Sequerra, Lisbonne devient le lieu de refuge et de liberté pour 100.000 rescapés qui sont, dans la plupart, des Juifs. Dans les années suivantes, les autorités portugaises songent même à installer des Juifs en Angola pour renforcer la population blanche.

Le ton antisémite dans la politique intérieure et extérieure devient de plus en plus sensible. En 1935, le ministère de l'extérieur suggère au gouvernement de prendre des mesures dures et rigoureuses contre « les Polonais, les Russes, les Juifs et les hommes sans nationalité valide ». Dans les années suivantes, le nombre de mesures restrictives contre une nouvelle immigration qui augmente énormément suite au développement international et à la politique d'asile d'autres pays européens. Les visas d'entrée et de passage sont délivrés plus rarement, et après 1940, ils ne sont accordés qu'à ceux qui puissent montrer un visa d'entrée d'un autre pays. En même temps, le Portugal se montre plus sévère dans les concessions de l'asile. Vers la fin de l'année 1937, ont lieu les premières représailles contre des réfugiés du régime de Hitler. Entre 1937 et 1945, plus de 300 réfugiés allemands sont arrêtés par la Policia de Vigiliância e da Defesa do Estado (PVDE), et restent en prison pendant des mois. Les protagonistes de cette politique ouvertement antisémite et hostile vis-à-vis des émigrants sont des groupes de la police secrète PVDE qui est en partie orientée vers le national-socialisme. Jusqu'au milieu de l'année 1940, 15.000 réfugiés arrivent au Portugal en passant par l'Espagne, leur nombre augmentant encore et s'élève à 40.000 à la fin de l'année 1941. Après l'occupation du sud de la France en novembre 1943, des vagues de réfugiés se déversent sur le pays; cette immigration diminue avec la fermeture stricte des frontières espagnoles en mars 1943, mais elle ne s'arrêtera jamais. Jusqu'à la libération de la France en été 1944, environ 80.000 à 100.000 émigrants, pour la plupart germanophones, trouvent asile au Portugal.

Même si Salazar promet aux Juifs du Portugal l'autonomie administrative et la liberté religieuse totales – promesse qu'il tient -, la plupart des 1.200 Juifs qui se trouvaient au Portugal en 1945, quitte le continent portugais et les îles atlantiques après la Deuxième Guerre Mondiale et s'installe dans l'Amérique du Nord et du Sud et en Israël. Les familles qui restent au Portugal sont pour la plupart celles qui ont déjà immigré avant la guerre et qui sont bien installées. Le Portugal et Israël établissent des relations commerciales, et, depuis 1960, il y a un consulat israélien à Lisbonne. La guerre en Angola entraîne de nouvelles émigrations en Brésil, au Canada et en Israël.



Après la guerre
Après la guerre, seulement quelques émigrants juifs restent au Portugal. Un Va‘ad Hatzala (Comité de sauvetage) à Lisbonne s'occupe des survivants des camps de concentration allemands et italiens. La situation de la communauté juive à Lisbonne qui, en 1892, se composait de 131 chefs de famille dont seulement quatre Ashkénazes, change rapidement. En 1920, 12 des 179 contribuables sont déjà des Ashkénazim. En 1950, on constate un changement dramatique : plus de la moitié des 290 chefs de famille sont des Ashkénazim (164). Les mêmes données sont confirmées en 1960. Malgré l'augmentation de l'assimilation, la communauté garde toujours une vie normale. En 1951, il y a trois services religieuses par jour, en 1961 et en 1962, on est capable de rassembler un minyan par jour, il y a deux hazanim et deux shohatim, ce qui témoigne d'une vie juive intense. L'éducation juive constitue en revanche un grand problème. La Escola Israelita a dû fermer ses portes en 1937 à cause du manque d'élèves. Plusieurs tentatives de ranimer cette activité n'ont pas eu de succès durable. On essaie alors d'installer une crèche et de faire des cours dans les locaux de la synagogue, au Centro Israelita, au Liceu Francês etc. Du point de vue financier, la communauté se trouve dans une grande crise. Les dépenses mensuelles sont quatre fois plus élevées que les revenus, et en outre la communauté est menacée par le problème du viellissement. En 1962, il y a cinq décès et seulement cinq naissances et trois mariages. En 1960, le Hospital Israelita et la Cozinha Económica doivent fermer.
Avec la guerre coloniale en Afrique la situation se détériore de façon dramatique. Presque toute la jeunesse juive quitte le pays pour aller vivre en Israël. La dictature isole de plus en plus le Portugal du reste du monde. Le fait que la dictature s'appuie sur l'église catholique plonge les Juifs dans unconflit de loyauté.


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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeVen 12 Sep 2008 - 14:23

JUIFS AU PORTUGAL AUJOURD'HUI.




En ce début du XXIème siècle, la présence juive au Portugal quoique très peu nombreuse, est en plein changement.


Malgré que soit devenu à la mode se reconnaître un passé ou des origines juives, le nombre effectif de juifs reconnus au Portugal ne dépasse pas les 1500 ou 2000 personnes, établies principa-lement à Lisbonne, Porto et Belmonte, où se trouvent les principales communautés du Portugal.


Nous sommes bien loin, en effet, des dizaines de «communes » juives présentes sur tout le territoire national au Moyen Âge, réunissant une population qui représentait environ 4% de la population portugaise.


Mais ce n’est pas seulement dans les chiffres qu’il y a une très grande différence entre la population juive de ce temps là et celle de maintenant. C’est aussi dans ses origines et dans sa composition. Nous pouvons affirmer, qu’aujourd’hui, la population juive présente au Portugal est bien plus hétérogène, diversifiée et instable aussi, qu’en ce temps là.


En gros, les juifs au Portugal ont, aujourd’hui, trois origines différentes :


-une communauté de juifs présents depuis 2 siècles, originaires en grande partie du Maroc, auxquels sont venus se joindre des gens fuyant l’antisémitisme et le nazisme, venus d’Europe de l’Est et Centrale. C’est la communauté plus importante du pays, établie à Lisbonne ;


-une judaité d’origine marrane, témoin des vicissitudes de l’histoire du judaisme portugais, encore présent dans la mémoire de nombreuses villes et villages surtout dans l’est et le nord-est du pays, mais dont une seule communauté a survécu : la Communauté Juive de Belmonte.


-Cette communauté d’environ deux cents personnes est revenue au judaisme « officiel » dans les années 80, en faisant venir un rabbin d’Israel et en construisant une synagogue et un cimetière juif. Malgré la reconnaissance de leur héritage juif par le Rabbinat d’Israel, la plupart d’entre eux se sont convertis en plongeant dans le « mikvé » et les hommes se faisant circoncire.


-Des juifs produits de la « globalisation », de l’ouverture du Portugal démocratique à l’Europe : parmi eux des gens très divers, venus en mission d’affaires, des retraités en quête de soleil, des sud américains, notamment des brésiliens, fuyant la crise économique et sociale, des professeurs invités, des diplomates en poste…


Toute cette population quoique instable et temporaire apporte, son « grain de sel » tout en laissant son empreinte.


D’une façon générale, ces trois origines se retrouvent dans chaque communauté, mais elles se font sentir particulièrement à Lisbonne.




« L’âge d’or » des modernes sépharades du Portugal


La Communauté Israélite de Lisbonne date du début du XIXème siècle, quand un premier groupe de juifs, d’origine marocaine ayant la nationalité britannique, s’installe à Lisbonne, même avant la fin de l’Inquisition et essaie de s’organiser en tant que telle.


Si toute date précise est un indicateur un peu arbitraire, cette année de 1801 au cours de laquelle des juifs ont demandé et obtenu un bout de terrain du cimetière anglais de Estrela, à Lisbonne, pour enterrer les morts selon le rituel juif, reste un point de repère fondamental des débuts de la communauté. Pendant tout le XIXème siècle, les juifs de Lisbonne vont mener deux grands combats :


- un premier combat pour l’unité des divers groupes séparés et parfois même en conflit et l’édification d’une communauté digne de ce nom, ce qui aboutira en cette fin de siècle avec la création d’un comité unique et la construction de la synagogue Shaaré-Tikvá de Lisbonne, première synagogue construite dans ce but après l’Inquisition ;


- un deuxième combat pour la reconnaissance juridique de la communauté, ou dit d’une autre façon, pour l’acceptation par le pouvoir politique de la possibilité pour un citoyen portugais de pratiquer légalement et librement la religion juive.

En effet, même après la révolution libérale et l’abolition de l’Inquisition en 1821, la Charte Constitutionnelle portu-gaise ne reconnaissait aux citoyens portugais que la pratique religieuse catholique. Les autres cultes étaient tolérés mais considérés comme étrangers à la nation. Il a fallu attendre la chute du régime monarchique et l’établissement de la République pour que la Communauté Israélite de Lisbonne soit dotée de personnalité juridique reconnue par le gouvernement républicain en 1912.


A cette époque la communauté fondée par des juifs sépharades du Maroc, conte déjà en son sein quelques éléments d’origine et de culture ashkénaze, de Russie, de Pologne et autres, venus au Portugal pour des raisons d’antisémitisme ou tout simple-ment à la recherche de meilleures conditions de vie. Ce courant ne cessera de grandir tout au long du XX ème siècle, notamment lors de la 2ème Guerre Mondiale, quand des dizaines de milliers de juifs traversèrent le Portugal pour échapper a la Shoah. Malgré l’interdiction d’installation défi-nitive, le Portugal étant à l’époque une terre de transit et non d’exil, les quelques réfugiés qui sont restés ont augmenté le nombre des ashkénazes.


Ainsi, à la fin des années 40, après la guerre, les proportions, auparavant en majorité d’origine sépharade, étaient inversées. Depuis lors et jusqu’à aujourd’hui près de 60% de la communauté est d’origine ashkénaze. Des noms comme Abecassis, Amzalak, Anahory, Bensaude, Benarus, Buzzaglo, Seruya, Zagury qui ont édifié la Communauté Israélite de Lisbonne, disparaissent du paysage juif portugais, engloutis par une assimilation progressive, après avoir laissé une forte empreinte, non seulement dans la vie juive, mais aussi dans la société portugaise. Entre la deuxième moitié du XIX ème siècle et la première moitié du XX, la petite communauté juive de Lisbonne a donné de grands noms à la vie scientifique, culturelle et sociale portugaise: médecins, historiens, économistes, profes-seurs, chercheurs, juristes, « l’âge d’or », en quelque sorte, des sépharades modernes du Portugal.


Une Communauté en mutation

Cependant, une communauté est un organisme vivant et en permanente mutation. Dès la fin de la guerre nous assistons à l’ascension sociale des ashké-nazes, notamment dans les milieux des affaires (prêt à porter, tourisme, bijouterie et pierres précieuses), parallèlement a leur engagement dans la vie communautaire et dans le soutien à Israel, en vertu d’une forte identité juive et sioniste.


Leurs enfants, dont une partie se maintient dans la même voie, et qui constituent la deuxième et troisième génération de juifs originaires d’Europe Centrale ou de l’Est, évoluent avec un certain succès dans le monde des arts et de la culture.


Des noms comme Daniel Blaufuks, dans la photographie artistique, Ricardo Gordon, dans l’architecture, Berta Erlich dans l’installation artistique, Laura Cesana, peintre, Miriam Halpern, historienne et directrice des Archives Nationales et Arons de Carvalho ancien Secrétaire d’État à la Communication représentent, entre autres, ces générations qui s’affirment dans le Portugal d’aujourd’hui..


A partir de la Révolution des Oeillets en 1974, le Portugal entre dans un processus d’ouverture, de libéralisation et de démocra-tisation. Ceci aura de profondes conséquences dans la relation de la société portugaise avec « ses » juifs.


À la vision nationaliste étroite succède la conscience de l’importance des héritages arabe et juif. Les archives s’ouvrent, l’importance de la contribution juive se fait jour, ainsi que les horreurs des conversions forcées, la longue nuit de l’Inquisition, les discriminations envers les « cristãos-novos ».


Le Portugal se découvre et, en se découvrant, il se retrouve avec son passé juif.


La demande de pardon symbolique de Mário Soares, en 1989, alors Président de la République, pour les persécutions contre les juifs dans le passé, et la séance solennelle du Parlement portugais en 1996, 500 ans après le Décret d’Expulsion des juifs, révoquant symboliquement et unanimement ce décret, repré-sentent effectivement un tournant dans l’attitude de l’État à l’égard des juifs au Portugal.


D’un autre coté et, probablement en conséquence de ce nouveau regard, nous constatons un processus d’identification histo-rique de la part de groupes significatifs de la population. Signalons qu’au recensement de 1991 environ 6 mille personnes se sont affirmées juives (malgré le caractère facultatif de la réponse), certainement en raison de leur lointain passé juif, réel ou imaginaire.


Ce qui est certain, en tout cas, c’est que nous assistons à un mouvement de (ré) approxi-mation du judaísme de la part d’un nombre croissant de personnes, jeunes pour la plus part, qui se réclament des racines juives.


Ce courant en nette progression et qui commence déjà a laisser son empreinte sera-t-il en mesure de transformer la vieille commu-nauté lisboète ? S’agit-il d’un « retour » avec une certaine continuité ou d’une mode passagère ?


L’avenir le dira…en tout cas et en guise de conclusion, nous pouvons dire que la communauté juive au Portugal et notamment à Lisbonne, travaillée par des courants divers et parfois même contradictoires est à l’image de la vie : inchangée en surface, en réalité, en mutation profonde.


Esther Mucznik

Comunidade Israelita de Lisboa

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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeSam 15 Aoû 2009 - 19:51

Après la révolution des oeillets
Après la révolution non violente du 24 avril 1974, environ la moitié des Juifs du Portugal quitte le pays dans la panique et s'installent au Brésil, au Canada et aux Etats-Unis ; pourtant, quelques-uns d'eux rentreront plus tard. En 1978, la Comunidade Israelitica de Lisboa compte de 150 membres, dont de nombreux Juifs des pays de l'Europe de l'Est. La communauté de Lisbonne a un centre communautaire, deux synagogues (la synagogue séfarade se trouve dans la Rua Alexandre Herculano, celle des Ashkénazes dans la Avenida Elias Garcia), un hôpital juif et une maison de retraite. En 1975, on fête les 150 ans de l'existence de l'organisation de jeunesse He-Haver. Parmi les membres de la communauté, il y a de nombreux médecins, juristes, professeurs à l'université et commerçants qui, pour la plupart, ne sont pas religieux mais se sentent proches de la culture juive et de l'Etat d'Israël. En 1977, l'ambassade israélienne à Lisbonne est inaugurée. Le 17 mars 1989, le président de la République Mário Soares, visite la petite synagogue de Castelo de Vide et s'excuse personnellement au nom du Portugal auprès des Juifs du monde entier pour les crimes qui avait été commises contre les Juifs « au nom du Portugal » (« Em nome de Portugal, peço perdão aos judeus pelas perseguições de que foram vítimas na nossa terra »).
Depuis la fin des années 1980, des thèmes juifs intéressent de plus en plus les scientifiques et le public portugais. En 1989, la Fundação Gulbenkian organise un colloque international sur « le judaïsme dans la culture occidentale » : en 1993, se tient sous le patronage de l'UNESCO un colloque à Monsaranz sur « Juifs et Arabes sur la péninsule ibérique – Rencontre des Religions, Dialogue culturel ». Dans les dernières années, la communauté juive de Lisbonne et la Associação Portuguesa de Estudos Judaicos (fondée en 1994) se font remarquer par leur nombreuses initiatives : d'abord par leur grande exposition «Os Judeuzs Portugueses entre os Descobrimentos e a Diáspora» (1994), ensuite par la fondation de la Revista de Estudos Judaicos (1995) qui se considère comme la succession de la Revista de Estudos Hebraicos dont n'a paru qu'un seul numéro, en 1928. Au début 1996, elle organise le congrès international Patromónio Judaico Português». En collaboration avec la bibliothèque nationale portugaise, l'Association Portugaise des Etudes Juives montre en 1997 à Jérusalem les expositions « Portuguese Jewry Through Books and Literature » et «Testemunhos do Judaísmo em Portugal». En juillet 1997, se tient un séminaire international au Convento da Arrábida sur des Juifs à la culture portugaise. Et, en novembre 1999, l'université Évora organise, en collaboration avec la Associação de Estudos Judaicos,un congrès international de spécialistes sur les « Juifs séfarades entre le Portugal, l'Espagne et le Maroc ».

Les historiens des universités de Lisbonne, Porto, Aveiro et Évora poursuivent depuis de nombreuses années leurs recherches engagées sur l'Inquisition et l'histoire des Juifs portugais en Inde et dans l'Afrique du Nord ; pourtant, ce n'est qu'en 1997 que la chaire « Cátedra de Estudos Sefarditas Alberto Benveniste », financée par une fondation privée, a été inaugurée à la faculté des sciences humaines de l'université de Lisbonne. Elle est le premier centre d'études juives dans une université portugaise. Le Centro de Estudos Judaicos à l'université d'Évora qui avait été fondé en 1998 avec l'aide de la Associação de Estudos Judaicos et qui veut intéresser les étudiants à l'histoire juive de leur pays par des activités comme par exemple une « semaine séfarade » ne réussit point à mener à bien ce projet.



Politique, science et littérature
Malgré leur petit nombre, l'apport des Juifs portugais à la politique, à la science et à la littérature est considérable. L' économiste Mosés Bensabat Amzalak (1892-1978) était le directeur de l'Université Technique et le président de la Academia de Ciencias de Lisboa ; l'historien Joaquim Bensaúde (1859-1952) a fondé l'Academia Portuguesa de História ; Alfredo Bensaúde (1856-1941) a été le premier directeur de l'Istituto Superior Técnico à Lisbonne ; Marck Athias (1975-1946) était professeur de physiologie à l'université de Lisbonne. De familles juives sont l'ancien maire de la ville de Lisbonne, Nuno Kruz Abecassis, ainsi que le président actuel de l'Etat, Jorge Sampaio. L'orientaliste et hébraïsant Salomon Saragga (1842- 1900) a dirigé les revues « Os dois Mundos » et « Europa Pitoresca » ; José Benoliel (1858-1937) a rédigé de nombreux travaux concernant la langue des Juifs du Maroc ; l'angliste et professeur à l'université de Lisbonne Adolfo Benarús (1863- 1950) s'est opposé dans nombreux écrits à l'antisémitisme.
Au 20e siècle, les Juifs du Portugal se font surtout remarquer dans la littérature : les auteur de pièces de théâtre Levy Bensabat (Luz e sombra ; Dialogo em verso) et Artur Rodrigues Cohen (La Vida) ; les poètes Eliezer Kamnezky (Reflexos da minha alma; Alma Errante), José de Esaguy (Oraçao a Patria ; Adeus ; Esfinge), Lygia Ezaguy (Ela…, Ele…), Max Leao Esaguy Wartenberg (A Noiva que el Sol roubou ; Um dia no Paraiso ; Metei o meu filho) ; les auteurs de romans et de récits Ruben Marcos Esaguy (Espanha e Marrocos), José de Esaguy (A vida do infante Santo), Simy Ezaguy (Ansia de Viver), Eva Renata d'Esaguy (Feira de Vida).

Michael Studemund-Halévy

Bibliographie sommaire
? Abecassis, José Maria (1990-1991), Geneologia Hebraica. Portugal e Gibraltar, séculos XVII a XX, 5 vol., Lisboa, Ferin, 1990-1991.
? Avni, Haim, L'Espagne, le Portugal et les Juifs sépharades au XXe siècle. Proposition pour une étude comparée, in : Benbassa, Esther
(éd.), Mémoires juives d'Espagne et du Portugal, Paris, Publisud, 1992,308-333.
? Canelo, David Augusto, O Resgate dos Marranos Portugueses, Guarda, 1996.
? Carvalho, António Carlos, Os judeus do destero de Portugal, Lisboa,1999.
? Dias, Eduardo Mayone, Portugal Secret Jews, the End of an Era, Peregrinação Publications, 1999.
? Dias, Fátima Sequeira, The Jewish Community in the Azores From 1820 to the Present, in : Yehida Stillman, Norman A. Stillman (éd.),
From Iberia To diaspora. Studies in Sephardic History and Culture. Leiden, Brill, 1999, 19-34.
? Garcia, Maria Antonieta, Os Judeus de Belmonte. Os caminhos da memória, Lisboa, Universidade Nova de Lisboa,1993.
? Garzon, Jacobo Israel, Autores judeo-portugueses contemporaneos, in : Revista de Estudos Judaicos 3,1996, 53-5.
? Hess, Renate, ‹Was Portugal getan hat, hat kein anderes Land getan›, in: Wolfgang Benz/Juliane Wetzel (éds.), Solidarität und Hilfe für
Juden während der NS-Zeit. Regionalstudiem Bd. 3, Berlin 1999: Metropol
? Katzu, Israel J. / M. Mitchell Serels (éds), Studies on thge History of Portuguese Jews, New York 2000: sepher Hermon Press
? Mea, Elvira, Du marranisme au judaïsme : rêve ou réalité, in : Silva Adina da et al., Les juifs portugais. Exil, héritage, perspectives,
1496-1996, Québec, Médiaspaul, 1998, 115-139.
? Mea, Elvira, Ha-Lapíd. orgão da comunidade israelita do Porto. Espelho da Obra do Resgate, in : I Colóquio Internacional O
Património Judaico Português, Lisboa, 1999, 239-249.
? Milgram, Avraham, Potencial de salvação. Os cônsules portugueses e a questão dos refugiados judeus, in : História 21, 15, 1999, 54-63.
? Mucznik, Esther, Elementos para a História da Moderna Comunidade Judaica em Portugal, in : Revista de Estudos Judaicos 2, 1995, 33-
35.
? Mucznik, Esther, Os Judeus em Portugal : Presença e Memória, in : História 21, 15, 1999, 32-41.
? Mucznik, Esther, O Regresso : Costituição da actual comunidade judaica de Lisboa, in : I Colóquio Internacional O Património Judaico
Português, Lisboa, 1999, 225-228.
? NN, O Património Judaico Português. I Colóquio Judaico Português, Lisboa 1999
? Pimentel, Irene Flunser, Marginal e importado. O anti-semitismo português na primeira metade do século XX, in: História 21, 15, 1999:
42-53
? Pimentel, Irene, Sandra Amaral Monteiro, Estudos judaicos : memórias e fontes, in : História 21, 15, 1999, 10-16.
? Salomon, Herman Prins, The Captain, the Abade and 20th Century `Marranism' in Portugal, in : Arquivos do Centro Cultural Portugues
10, 1976, 631-642.
? Studemund-Halévy, Michael, 500 ans de solitude, in : Los Muestros 16, 1994, 33-35.
? Studemund-Halévy, Michael, Salvação no Longínquo Distante : O Congresso Sefardita de Amesterdao em 1938, Portugal e os
Portugueses de Hamburgo, in : Revista de Estudos Judaicos 3, 1996, 61-82.
? Studemund-Halévy, Michael, Zwischen Rückkehr und Neuanfang : Juden in Portugal, in : Briesemeister, Dieter / Axel Schönberger
(Hg.), Handbuch Portugal, Frankfurt, Vervuert, 1997, 299-316.
? Studemund-Halévy, Michael, Une famille illustre : Le Président du Portugal Sampaio est le descendant d'une illustre famille séfardi,
in : Los Muestros 32, 1998, 35-37.
? Studemund-Halévy, Michael (éd.), Les juifs au Portugal (en cours de publication)
? Studemund-Halévy, Michael, Bibliographie des juifs au Portugal, XIXe-XXe siècle (en cours de publication)
http://www.sefarad.org/publication/lm/041/9.html
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeSam 15 Aoû 2009 - 19:52

« LES JUIFS AU PORTUGAL AUJOURD'HUI »

Esther Mucznik

C'est avec beaucoup de plaisir que nous recevons à la Communauté Israelite de Lisbonne le périodique « Los Muestros » avec lequel nous apprenons beaucoup de choses sur le monde séfarade, sa culture et ses communautés.

C'est pourquoi je tiens á faire quelques commentaires sur l'article de Michael S. Halevy sur les juifs au Portugal aujourd'hui.

Halevy commence par dire que « aujourd'hui le Portugal est un pays sans juifs ». Je ne vais pas rentrer dans une guerre de chiffres, car là n'est pas le problème : 400 juifs comme il l'affirme (ou il a pris ce chiffre ?) ou un millier (ce qui correspond plus à la réalité) ne change pas grand chose à la question. D'ailleurs, à titre de curiosité, je rappelle qu'au dernier recensement de la population en 1991, six mille personnes se sont affirmées juives, certainement au nom d'une mémoire cripto-juive. Mais, effectivement, la communauté juive portugaise est sans doute une des plus petites d'Europe.

Est-ce que cela permet de conclure que le Portugal est un pays sans juifs ? Sans juifs par rapport à quoi ? Aux dizaines de milliers qui existaient avant les conversions forcées et l'Inquisition ? Aux millions qui vivent aujourd'hui aux Etats-Unis ? Aux quelques centaines qui habitent certaines villes de Grèce ou de la Finlande? Sur quel critère et avec quel objectif Halevy fait une affirmation aussi définitive ?

La Communauté juive au Portugal est effectivement très petite. Mais elle vit : elle dispose et offre à ses membres tous les services que toute communauté se doit de proposer : synagogue, cimetière, hevra-kadisha, casherut ; elle a un rabin, qui en plus des services religieux, donne des cours de Talmud-Thora et d'hébreu et qui prépare pour la conversion nombreuses personnes désireuses de revenir au judaisme ; elle a un département de jeunes très actif ; elle publie un bulletin « Tikvá » régulièrement tous les mois ; elle organise et participe à des manifestations culturelles et institutionnelles et est sans cesse sollicitée par les médias et l'ensemble de la société pour participer á tous les débats publics concernant les questions juives.

Je ne prétend pas que nous sommes nombreux, ou que nous soyons une communauté dynamique et en plein développement. Comme j'ai eu l'occasion de l'affirmer dans un article publié par la revue portugaise « História », d'ailleurs repris et aimablement cité par Halevy, c'est une communauté vieillissante, avec un degré d'assimilation important. Mais cette communauté s'est toujours appuyée et continue de le faire sur un groupe de gens sans cesse renouvelé qui refuse de finir le travail de l ‘Inquisition en laissant mourir le judaísme au Portugal et qui s'acharne de façon totalement bénévole et dévouée à le faire revivre.

Utopie ? L'avenir nous le dira, mais entre-temps, c'est comme cela que nous vivons notre condition de juifs portugais en essayant, d'une part d'être fidèles à notre passé et surtout en travaillant pour que le judaisme au Portugal ne devienne pas, pour nos enfants et petits enfants, qu'un lointain et vague souvenir.

À Halevy, je n'aurai certainement pas à répondre de la même façon que je le fais quand on me pose la question : pourquoi êtes-vous si peu nombreux ? Après le Décret d'Expulsion en 1496, après les conversions forcées et trois siècles d'Inquisition féroce on devrait s'étonner, non que nous soyons si peu mais que nous soyons encore autant….

À Michael, qui est un ami que j'estime et dont j'admire le travail, je lui conseille lors de ses nombreux voyages au Portugal, de faire un peu plus attention à la réalité du judaisme aujourd'hui, au Portugal

Esther Mucznik, Membre de la Direction de la Communauté Israelite de Lisbonne

PS. Je profite de l'occasion pour annoncer une nouvelle qui nous réjouit beaucoup : un cimetière juif vient d'être inauguré à Belmonte, le 11 février, grâce aux efforts de la Communauté. C'est le premier cimetière juif à Belmonte, depuis les siècles de l'Inquisition.

http://www.sefarad.org/publication/lm/043/5.html
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeSam 15 Aoû 2009 - 19:54

Lisbonne, si je t'oublie…
PAR ESTHER BENBASSA

Le Premier jour de Pâque à Lisbonne, ville à la lumière étrange, aux toits de tuiles et aux rues étroites. Au centre, le temps semble s'être faufilé pour laisser place à l'histoire et à l'art de vivre. Ni la gare futuriste, ni l'exposition universelle n'ont pu toucher au cœur de cette cité des bords du Tage, à deux pas de l'Atlantique.
Lisbonne n'est pas pour autant passéiste. Il suffit pour s'en convaincre d'admirer les prouesses de l'architecture ultramoderne de la périphérie, ou tout simplement de s'enfoncer dans la vie nocturne branchée des anciens docks du vieux port.

Lisbonne, tout au bout de la vieille Europe, paraît si " exotique " et en même temps si proche au Français, qui peut trouver dans toutes les librairies des livres dans sa langue, rangés à côté des productions en portugais. La FNAC, au centre commercial Colombo, a de quoi étonner le visiteur. Les derniers titres parus en France trônent sur les tables, encore un peu et on se croirait à Montparnasse. Les Portugais de la diaspora attirent vers la mère-patrie des pans entiers de la culture française.

Les crypto-juifs de Belmonte, dont on a tant parlé il y a quelques années, auraient un peu tendance à faire oublier la présence dans le pays d'un bon millier de Juifs. Dans le même temps, étrangement, les recensements comptabilisent 5 000 personnes qui disent appartenir au groupe juif. Curieux pays, où les chiffres eux-mêmes enregistrent les bizarreries de l'imaginaire : des Portugais de souche, se considérant comme d'anciens marranes, n'hésitent ainsi pas à se faire recenser comme Juifs. Pour une fois, l'assimilation paraît fonctionner en sens inverse…

Avant l'expulsion d'Espagne en 1492, les Juifs ne sont pas nombreux au Portugal, mais ceux qui sont là s'y trouvent depuis la période romaine. Les nouveaux venus espagnols se constituent en véritable société, et forment une classe moyenne utile pour le pays. Le roi Jean II a autorisé leur entrée contre le paiement de huit cruzados par tête, et à la condition que leur séjour n'excède pas huit mois. Ils s'y installeront. Mais leur existence n'y sera pas de tout repos. Le mariage de Manuel Ier avec la fille des monarques espagnols, qui avaient mis fin à la présence des Juifs dans leur propre pays et qui demandent à leur gendre d'en faire autant, l'oblige à décréter leur expulsion le 5 décembre 1496. Ils n'ont que quelques mois pour quitter le pays.

Il semble néanmoins que le souverain ne soit guère satisfait de priver son royaume de cette population nouvelle fort utile. Les savants juifs vont de fait jouer un rôle important, même lors des grandes découvertes dont le Portugal se fera le champion. Les connaissances d'Abraham Zacuto, originaire de Castille, seront ainsi utilisées par Vasco de Gama lors de son voyage aux Indes en 1497.

Finalement, tous les Juifs du pays sont convertis de force au christianisme en 1497. Leur conversion en masse les a transformés en chrétiens du jour au lendemain, sans modifier d'aucune façon leur être profond. Il n'est dès lors guère surprenant que le crypto-judaïsme se soit montré particulièrement vivace au Portugal.

Si ces " nouveaux chrétiens " commencent à occuper une place de choix dans le pays, ils ne sont pas pour autant à l'abri de l'envie et de la haine. En 1506, à Lisbonne, 2 000 " nouveaux chrétiens " trouvent la mort. Un an après cette catastrophe, l'émigration est autorisée et des milliers de personnes réussissent à partir.

La papauté autorise la création de l'Inquisition en 1535. Elle s'implante définitivement en 1547. Beaucoup de " nouveaux chrétiens " n'ont d'autre choix que le départ. Ils se dispersent à travers l'Europe - en France, aux Pays-Bas, en Allemagne du Nord. D'autres rejoignent les colonies portugaises, l'Afrique du Nord, l'Italie et l'Empire ottoman, et investissent dans le négoce de l'Atlantique.

Le retour des Juifs au Portugal ne commence véritablement qu'avec l'extinction du Tribunal du Saint-Office, en 1821, et avec l'approbation, un an plus tard, d'une nouvelle Constitution proclamant les libertés individuelles ainsi que le respect et la tolérance entre les différentes religions. Des familles issues du Maroc et de Gibraltar s'installent à Algarve et dans les îles atlantiques des Açores. A Faro se forme une petite communauté avec une quinzaine de familles, possédant son cimetière et sa synagogue à partir de 1820.

Les Juifs de Lisbonne ont fondé leur premier lieu de culte dès 1813, mais ce n'est qu'en 1904 que la très belle synagogue Shaarei Tikva (les Portes de l'Espoir) fut inaugurée au 59, Rua Alexandre Herculano. Située dans une belle cour tranquille, elle accueille peu de fidèles : une petite poignée, juste une dizaine d'hommes et deux ou trois femmes à l'étage. Tout témoigne d'un faste révolu.

A Lisbonne, ils ne sont guère plus de 500 ou 600 Juifs. Les jeunes cherchent leur bonheur à l'étranger, et amènent leur conjoint sur place. Leur religiosité est plutôt libérale. Dans cette grande synagogue règne une atmosphère de recueillement et la voix mélodieuse du hazan remplit l'espace. On attend l'arrivée prochaine d'un rabbin yéménite… venu d'Australie. Le monde juif est bien petit.
http://www.col.fr/arche/497art1.htm
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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeSam 15 Aoû 2009 - 20:29

Les Derniers Marranes - La Mystérieuse Communauté Juive D'un Village Portugais de Brenner, Frederic - DVD Zone 2
En 1500, les juifs du Portugal furent persécutés par l'Inquisition. Certains, appelés les "Marranos" (porcs), continuèrent à pratiquer leur religion en secret. Ils ont disparu, exceptée une centaine qui subsiste à Belmonte.
Un très beau film qui aborde un sujet méconnu.
Durée : 53 mn
Voir l'extrait de : Les derniers Marranes
Synopsis : En 1500, 100.000 juifs portugais furent sommés de choisir entre la conversion au catholicisme et l'exil. Ils se sont convertis en masse, mais la plupart d'entre eux continuèrent à pratiquer le judaïsme en secret, au péril de leur vie. Les chrétiens les appelaient les Marranos, c'est-à-dire les porcs. Ayant accepté le baptême, les Tribunaux de l'Inquisition les considéraient comme hérétiques et les traquèrent sans relâche de 1536 à 1760. Les Marranes ont tous disparu du Portugal. Tous, sauf ceux de Belmonte, une centaine de personnes. Très récemment encore, ces juifs accomplissaient toujours leurs rites clandestinement. Et allaient à la messe et se faisaient baptiser. Aujourd'hui, cette communauté continue de se plaindre de l'antisémitisme des habitants du village.


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MessageSujet: Re: HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL   HISTOIRE DES JUIFS DU PORTUGAL Icon_minitimeSam 15 Aoû 2009 - 20:48

Par le décret de l'Alhambra, les Juifs sont expulsés d'Espagne en 1492. Certains choisissent le Portugal comme refuge mais le 5 décembre 1496, ils sont à nouveau expulsés qu'ils soient de longue date établis au Portugal ou nouveaux arrivants d'Espagne. Puis en octobre 1497, le roi Manuel transforme l'expulsion en conversion forcée. Mais c'est plus d'une génération plus tard en 1540 que l'Inquisition organise le premier autodafe (Un autodafé (du portugais auto da fé, qui est auto de fé aujourd'hui, venu du latin actus fidei — acte de foi) consistait, à l'origine, à brûler des livres considérés comme païens, blasphématoires ou immoraux (mesure qu'aurait pratiquée Paul de Tarse). Puis, au Moyen Âge, il devint la proclamation solennelle d'un jugement prononcé par l'Inquisition et dont l'exécution conduisait le coupable à sa destruction, mort ou vif, par le feu).

Pendant les 2 siècles qui suivent, les Juifs d'Espagne et du Portugal qui pratiquent toujours secrètement le judaïsme (les Marranes) vont fuir la péninsule et s'établir pour quelques-uns en France, pour beaucoup d'autres aux Pays-Bas ou en Angleterre. Ils y formeront une grande part des communautés de ces pays. Les synagogues portugaises d'Amsterdam et Londres témoignent de leur séjour. Certains émigrèrent même vers le Brésil hollandais puis les colonies anglaises d'Amérique du Nord où la plus vieille synagogue des Etats-Unis, la synagogue Touro rappellent leur épopée.

On appellera donc Juifs portugais les Juifs émigrés indifféremment d'Espagne ou du Portugal en France, aux Pays-Bas, en Angleterre ou en Amérique.
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en 1499, l'inquisiteur Diego Rodrigues Lucero condamna à être brûlés vifs 107 juifs « convertis », convaincus d'être en réalité restés fidèles à leur ancienne religion. Ce fut un des plus meurtriers autodafés du pays. Au Portugal, il n'y eut pas d'autodafé avant 1540 (quatre ans après la création de l'Inquisition portugaise) mais durant les 40 ans qui suivirent, il y en eut environ 40, avec, précisons-le, "seulement" 170 condamnations au bûcher parmi les 2500 condamnations prononcées. Par la suite (1580), Philippe II d'Espagne envahit le Portugal : le Roi garantit aux Juifs qu'ils pourraient continuer à pratiquer leur religion. Mais ceux qui se convertissent doivent le faire sincèrement, sous peine de risquer d'encourir les foudres de l'Église. Et de fait, en vingt ans, 3200 condamnations (dont, ici encore, "seulement" 160 au bûcher) seront prononcées. Les autodafés continueront dans la Péninsule Ibérique pendant tout le Moyen Âge et jusqu'au XVIIe siècle.

Diego Rodriguez Lucero NOMME PLUS HAUT est nommé inquisiteur de Cordoue de 1499 à 1507. Il reprend la suite de Pedro de Guiral, inquisiteur écarté pour corruption. Son œuvre fut bien pire que celle de son prédécesseur.

Entre 1504 et 1505, 134 personnes accusées de pratiquer le judaïsme en secret sont brûlées sous ses ordres.

Il s'attaque aussi à la noblesse des vieux chrétiens, notamment à Julian Trigueros de la femme duquel il voulait obtenir des faveurs et qui finira sur un bûcher. Désirant prouver l'existence d'une conspiration des juifs et des conversos (ou juifs convertis) contre la chrétienté, il accumule des fausses preuves, arrache des témoignages sous la torture, emprisonne des centaines de personnes[3]. Ainsi, il fait arrêter et torturer la famille de l'archevêque de Grenade, Hernando de Talavera (en), ancien confesseur des rois catholiques, afin d'obtenir leurs témoignages comme quoi le vieil archevêque (d'origine juive) abritait une synagogue dans sa maison. Le marquis de Priego avec son armée prend alors d'assaut la prison de l'Inquisition, libère les prisonniers et arrête le procureur.

L'inquisiteur général Diego Deza (en) considéré comme responsable de ces excès fut démis de ses fonctions et remplacé par le cardinal Francisco Jiménez de Cisneros. A la suite d'un examen de ses activités par une congrégation générale à Burgos en 1508, Lucero fut finalement relevé de son poste la même année et alla finir ses jours à Séville.

Son cas fut un révélateur de la nécessité d'opérer des réformes dans le fonctionnement de l'Inquisition; d'autant que son influence avait déjà commencé à toucher les juridictions environnantes comme Jaen.
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tres interressant merci.
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