L’HEURE DES THES…
(poème valable aussi aux heures d'hiver)
Un thé vert et sucré, à l’arôme de menthe fraîche,
qui vient brûler la soif et mouiller le silence
des regards qui seuls vivent à l’abri d’une toile rêche
protégeant d’un soleil orangé de violence…
Et une senteur étrange aux fragrances d’orient,
rassoul et eau de roses, qui imprégnait chaque pore
des femmes fortes et voilées au sortir du bain maure,
monte, éveille ma mémoire, telle l’odeur de l’encens.
Dans mon verre décoré surnage toute une misère
nourrie d’olives, de pain, abreuvée de soleil,
faisant d’un rien une fête, un repas sans pareil…
Peut-être est-ce la Chiba?.. Je trouve mon thé amer
Un thé noir et très sobre, à l’haleine d’occident
qu’une rondelle de citron tente en vain d’éclairer,
ou couvert d’un nuage pour faire parler du temps,
ou pour le déplorer ou pour le faire couler…
Et une odeur bizarre, faible et aseptisée,
rappelle à ma mémoire qu’un thé anglais se boit
le petit doigt levé et ses souliers sous soi.
Ma langue devient mauvaise. Mon cœur reste glacé.
Dans ma tasse en faïence au breuvage d’hôpital,
toute une flotte se pavane et en prend à son aise…
Napoléon s’emmerde, Jeanne d’Arc sent la fournaise…
Face à ces gens de l’inde, je me trouve un peu pâle.
Un lointain thé de Chine, jaune comme un rire forcé,
rendu sans doute malade par un voyage trop long…
Des thés faits de jasmin, de lotus parfumés,
ou des thés de Ceylan qui sont et fleurent tous bons…
J’ai tenté de me faire à bien d’autres boissons.
… Sans parler des sodas, jus de fruits et cafés….
Même noyés de cognac rien ne peut plus passer…
Car ... Ma gorge garde en elle d’un thé vert l’obsession…
… D’un thé vert et sucré, à l’arôme de menthe fraîche,
qui vient brûler la soif et mouiller le silence
des regards qui disent, seuls, la passion, la violence
du peuple que je retrouve sous une toile de tente rêche.
Joëlle
Rien ne vaut un bon thé marocain ...
avec quelques chbakias .. ou des cornes de gazelles... Non ???