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| IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC | |
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Soly Anidjar
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| Sujet: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:29 | |
| On trouve les premières traces de l’homme à Rabat, sur le site actuel du Chellah au VIII ème siècle avant JC. Ce sont les Romains qui ont donné le nom au lieu, qui est une déformation du mot latin Sala, premier nom donné au fleuve Bou Regreg qui séparent les villes de Rabat et Salé. Ils installèrent là un port fluvial qui disparut à la fin de l’Empire Romain.
Les tribus Berbères s’installèrent alors plus en contrebas, de part et d’autre du BouRegreg. Sur la rive droite du fleuve, sur l’éperon rocheux, est érigé par des moines-sodats, au Xème siècle, un ribat (couvent fortifié) qui donnera son nom à la ville. C’est à partir de ces ribats que les Almohades tribus berbères islamisées du Haut Atlas mènent leur guerre sainte. Ils contribuent à fortifier la Kasbah et à en faire une place forte importante.
Nous sommes alors à la fin du XIIème siècle et Yacoub El Mansour, puissant souverain Almohade, veut faire de Rabat l’Alexandrie de l’Atlantique. Il érige la Tour Hassan à l ’image de la Koutoubia de Marrakech et de la Giralda de Séville. Il fortifie la kasbah, l’entoure de deux immenses murailles percées de cinq portes.
C’est ce souverain prestigieux qui attribuera définitivement à la ville le nom de Rabat El Fath : Ribat de la Victoire.
Mais Yacoub El Mansour meurt sans terminer son œuvre et la ville perd alors de son éclat. La plus grande mosquée du monde, la Tour Hassan, n’est jamais terminée et tombera peu à peu en ruines. La fin de la dynastie Almohade amorcera le déclin de Rabat.
La kasbah restera habitée, mais perdra peu à peu sa vocation initiale. Elle n’attirera plus qu’une faune étrangère de plus en plus importante.
Parmi eux, ceux qu’on appelle les Andalous, derniers maures chassés d’Espagne au XVIIème siècle. Ces populations arabes fortement européanisées ont oublié leurs coutumes ancestrales. Pour se sécuriser, elles construisent une muraille qui coupe en deux la Médina : « le mur des Andalous ».
Rabat devient alors peu à peu un repaire de brigands et de pirates, siège de trafic en tous genres. Au fil des siècles, la ville perd de son attrait, et ne doit l’existence de son palais royal qu’à l’insécurité de la route impériale Fès-Marrakech, Rabat constituant alors pour le souverain une solution de repli.
En 1912, lors de l’instauration du protectorat français, le résident général Lyautey séduit par la ville autant que par son climat et sa position stratégique tournée vers l'Atlantique, impose au sultan Moulay Youssef de quitter Fès pour Rabat et en fait la capitale administrative du Maroc.
Les occupants français modernisent la ville tout en lui conservant son caractère mauresque. En 1956, à la fin du protectorat, Mohamed V maintient Rabat comme capitale. Son fils Hassan II, en 1961, et son petit-fils Mohamed VI en 1999, confirment ce choix, tout en alternant les séjours dans les différents palais du Royaume, selon la tradition des souverains Chérifiens, un peu partout au Maroc.
Voila comment une petite ville est devenue la capitale d’un des plus grands pays d’Afrique. Rabat est désormais devenue la deuxième agglomération du pays (un million d’habitants avec Salé de l'autre côté du Bou Regreg), siège du gouvernement, du Parlement, foyer de l’autorité royale.
Elle tire profit de son statut de capitale : c’est la mieux entretenue, la plus fleurie, et la plus cossue du Maroc. Mais c’est une ville authentique du Maroc, le contraire d’une capitale sans âme. Pour vous en convaincre, parcourez ces quelques pages et vous constaterez que Rabat est une ville en pleine vie, une vraie ville représentative du Maroc. | |
| | | Soly Anidjar
Nombre de messages : 42588 Age : 72 Date d'inscription : 13/07/2006
| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:35 | |
| Habité dès la préhistoire par des populations berbères et israelites (venus de Palestine), le territoire marocain a connu des peuplements phéniciens, carthaginois, romains, vandales, byzantins avant d'être islamisé par les Arabes. C'est en 788, lors de son exil qu'Idris Ier, fuyant les persécutions du califat des Abbassides, a donné naissance à un État dans ce Maghreb el-Aqça (Maghreb extrême ou extrême couchant). Depuis, le Maroc a toujours gardé, si ce n'est une indépendance absolue, du moins une très forte autonomie. L'attrait des richesses provenant du commerce du Sud (le Sahara) vers le Nord (l'Occident) va attirer les convoitises de diverses tribus avec pour ville carrefour Marrakech (la porte du désert) qui deviendra naturellement la capitale de diverses dynasties, en particulier celles venant du Sud (Almoravides, Almohades, Saadiens) ; c'est la raison pour laquelle, toute l'histoire du Maroc (des Idrissides aux Alaouites) fut marquée par le commerce des richesses du Sud vers le Nord. L'histoire et l'origine du Maroc furent, sont et seront marquées par le lien avec le Sahara. | |
| | | Soly Anidjar
Nombre de messages : 42588 Age : 72 Date d'inscription : 13/07/2006
| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:38 | |
| L'Homme a laissé de nombreuses traces au cours de toute la période préhistorique, marque d'un peuplement très ancien, sans doute facilité par un climat plus favorable qu'aujourd'hui. À l'Acheuléen (Paléolithique inférieur), des indices datant d'au moins 700 000 ans traduisent une première activité humaine. Ces hommes vivaient principalement de la cueillette et de la chasse. Les outils de cette époque sont les galets aménagés, le biface, les hachereaux découverts notamment dans les régions de Casablanca et de Salé.
Le Moustérien (Paléolithique moyen) entre 120 000 et 40 000 ans avant l'ère chrétienne, se caractérise par l'évolution de l'outillage. Cette période a livré des racloirs et des grattoirs, en particulier au sein de l'industrie lithique de Jbel Irhoud.
La période de l'Atérien (de Bir el-Ater en Algérie) est connue uniquement en Afrique du Nord. Cette période se caractérise par la maîtrise de la production d'outils présentant des pédoncules destinés à faciliter l'emmanchement. Cette période a aussi connu un changement climatique, puisque la faune et la flore se raréfient, laissant place au désert qui coupe aujourd'hui l'Afrique en deux.
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| | | Soly Anidjar
Nombre de messages : 42588 Age : 72 Date d'inscription : 13/07/2006
| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:39 | |
| Le Paléolithique supérieur est marqué par l'arrivée d'Homo sapiens, porteur de l'industrie ibéromaurusienne. À Taforalt (Oujda), les outils retrouvés datent de 30 à 20 000 ans avant J.-C. Des rites funéraires sont identifiés : les morts ont le corps en décubitus latéral et les os peints.
Ces populations se maintiennent jusque vers 9 000 ans avant J.-C. puis elles vont être éliminées ou absorbées par l'arrivée des premiers ancêtres des populations berbères actuelles : les capsiens (nom issu de la ville antique de Capsa, aujourd'hui Gafsa) arrivent de l'est (comme le montrent les études linguistiques, qui classent dans la même famille l'égyptien et le berbère).
Des sites néolithiques, montrant l'apparition d'une sédentarisation et la naissance de l'agriculture sont découverts près de Skhirat (Nécropole de Rouazi-Skhirat) et de Tetouan (grottes de Kaf Taht el Ghar et de Ghar Kahal)
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| | | Soly Anidjar
Nombre de messages : 42588 Age : 72 Date d'inscription : 13/07/2006
| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:42 | |
| Les Phéniciens, commerçants entreprenants originaires du pays de Canaan, installent leur premiers établissements sur les côtes marocaines dès le XIe siècle av. J.-C. et fondent des comptoirs comme Tingi (Tanger) ou Lixus (près de Larache). C'est à partir de la fondation de Carthage (en Tunisie, Maghreb de l'Est) que la région commence à être réellement mise en valeur. L'influence de la civilisation carthaginoise se fera sentir près de mille ans au Maroc : en effet à partir du VIe siècle, les Carthaginois en quête de métaux précieux (extraits des mines de l'Atlas et de la vallée du Draâ), de pourpre (issu d'un coquillage, le murex, que l'on trouve à Mogador par exemple, à l'origine de la teinture du même nom), vont commercer avec les populations locales et introduire des éléments culturels propres à la société phénicienne.
C'est à partir du IVe siècle av. J.-C. que, dans le nord du Maroc, apparaît la première organisation politique du pays : le royaume de Maurétanie, résultat de la fédération de différentes tribus berbères imprégnées des valeurs phénico-puniques d'État unitaire[6]. La Maurétanie connaît dès lors une organisation centralisée autour du roi, détenteur de tous les pouvoirs. Les cités sont administrées par des magistrats appelés suffètes, inspirés du modèle carthaginois. Les chefs des tribus conservent une certaine autonomie mais sont tenus de fournir des contingents variables de guerriers. Le punique est la langue officielle utilisée pour les documents administratifs, les rapports diplomatiques et les cultes de Baal et de Tanit.
Maurétanie Tingitane à l'ouest, Maurétanie Césarienne au centre-ouest, Numidie au centre-est et Africa à l'est.Lorsque les Romains arrivent vers le IIe siècle av. J.-C., après la destruction de Carthage, ils s'allient au roi Bocchus de Maurétanie. Cette stratégie leur permet de prendre à revers leur ennemi, le chef numide Jugurtha, gendre de Bocchus. Celui-ci y gagne le titre d'Ami du peuple décerné par la République romaine ainsi que l'estime de Caius Marius. La Maurétanie devient un royaume vassal, un « État-client », qui, s'il dépend étroitement de Rome et prendra part à toutes les querelles internes de l'Empire, reste de fait autonome. Le roi Juba II (25 av. JC) se distingue par son ouverture à toutes les cultures du bassin méditerranéen. Nourri à la culture grecque la plus classique, il épouse Cléopâtre Séléné, fille de Marc-Antoine et de Cléopâtre VII. Une civilisation maurétanienne se constitue ainsi, principalement urbaine, synthétisant avec originalité l'héritage punique et les influences hellénistiques et égyptiennes.
En 40, le royaume des Maures perd son dernier monarque, Ptolémée de Maurétanie. Caligula, qui l'a fait assassiner, fait face à la guerre d'Aedemon : Il faudra quatre ans pour mater cette révolte et en 46, l'empereur Claude annexe le royaume qui devient la province de Maurétanie Tingitane avec pour chef-lieu la cité de Tingi. La domination romaine se limite aux plaines du nord (jusqu'à la région de Volubilis près de Meknès) et et l'Empire ne cherche pas à contrôler la région brutalement : il semble que les tribus autonomes et pacifiques comme celle des Baquates, sont imbriquées dans le territoire de la province. Pour autant Rome doit lutter sans cesse contre les Berbères des montagnes de l'Atlas et ceux des plaines atlantiques, comme les fameux Autololes issus du grand peuple gétule [7].
La Maurétanie Tingitane est une province militaire relevant directement du gouvernement impérial, administrée par un procurateur issu de l'ordre équestre romain (chevalier). Le procurateur est assisté de cohortes d'auxiliaires recrutés en Hispanie, en Gaule, en Britannia, en Illyrie et en Syrie. Ces unités sont principalement réparties dans le triangle Tingi-Sala-Volubilis, dispositif appuyé par d'importants camps militaires comme Oppidum Novum (Ksar el Kébir), Thamusida (près de Kénitra) et les structures de la région de Sidi Kacem. De la même manière, des troupes maures sont recrutées par les Romains mais pour aller défendre les frontières de l'Empire sur le Rhin, le Danube et l'Euphrate. Le plus connu des Maures entrés ainsi au service de Rome est le général Lusius Quietus. Ce dernier, fils du chef d'une importante tribu maure, se couvre de gloire au cours des campagnes contre les Daces et les Parthes, conquit la Médie, l'Arménie et la Babylonie et écrase les révoltes de Judée. Sa puissance et son prestige militaires deviennent tels qu'il est envisagé pour succéder à l'empereur Trajan. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:43 | |
| Les cités de la Tingitane adoptent le schéma urbanistique romain classique, avec ses avenues rectilignes, son forum, son arc de triomphe, sa basilique et son capitole, le temple dédié au culte de la triade capitoline (Jupiter, Junon, Minerve). Des quartiers résidentiels destinés aux classes sociales favorisées sont également bâtis à proximité des monuments officiels. La cité de Volubilis, la plus connue de la Maurétanie Tingitane, compte à son apogée jusqu'à 10 000 habitants, dont une forte proportion de Maures romanisés mais aussi des Romains originaires d'Italie et d'Hispanie, des Grecs, des Judéens et des Arabes de l'Arabie Pétrée.
Certaines familles de l'aristocratie locale réalisent de brillantes carrières, au point d'envoyer leurs membres siéger au Sénat romain. Les campagnes proches sont mises en valeur par les grands propriétaires terriens également issus de ce patriciat provincial. La richesse agricole principale de la Tingitane est l'huile d'olive, largement exportée dans le reste de l'Empire. Les plaines produisent aussi du blé et des fruits, et les forêts sont exploitées pour le bois de cèdre et de thuya. Toutes ces substances sont acheminées vers les ports comme Tingi et Sala qui connaissent une très forte activité commerciale.
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| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:44 | |
| Au même titre que le reste de l'Afrique du Nord, la Maurétanie Tingitane va connaître la christianisation. Des dizaines d'évêchés couvrent la région, s'adressant d'abord aux populations romaines puis aux romanisés. C'est en 298, à Tanger, sous Dioclétien que saint Marcel, centurion romain, est décapité. Deux évêchés ont été identifiés en Tingitane (à Tanger et à Lixus), mais il est possible qu'il y en ait eu quatre. La diffusion du christianisme demeure cependant très faible en comparaison des autres provinces d'Afrique. La petite communauté chrétienne de Tingitane semble fidèle au catholicisme romain et reste en dehors de la querelle du donatisme qui agite les provinces voisines.
Au IIIe siècle, l'Empire recule. C'est aussi le cas en Afrique du Nord et en particulier au Maroc : la Maurétanie Tingitane se retrouve réduite à la seule ville de Tingi et à la côte nord. Elle est d'ailleurs rattachée administrativement au diocèse d'Hispanie. Les cités de la province sont presque toutes évacuées par les autorités officielles, y compris Volubilis. Au sud du fleuve Loukkos seul le port de Sala est conservé par l'Empire. Les raisons de ce repli sont mal connues : pression des Berbères montagnards et du Sud ? Crise économique plus violente dans cette région ? Affaiblissement dû aux conflits internes de l'Empire avec l'épisode des Gordiens.
Profitant de l'affaiblissement de l'Empire romain d'Occident, une coalition de barbares en majorité germaniques, formée de Suèves, de Vandales et d'Alains traverse le Rhin en 406. Les Vandales descendent alors en Espagne et passent en Afrique en 429. Ils atteignent Hippone (Algérie) en 430. Le gouvernement de Constantinople engage en vain une expédition navale contre cette invasion. Les Vandales s'installent dans l'Afrique du Nord-Ouest pour plus d'un siècle. Il faut attendre 533-534, pour que s'engage la campagne d'Afrique décidée par Justinien Ier et dirigée par le général thrace Bélisaire. Le corps expéditionnaire byzantin anéantit le royaume vandale et déporte ses élites en Asie mineure. La pacification du territoire reconquis est plus laborieuse et se heurte à la pugnacité des Maures, notamment ceux de l'ouest de l'Afrique du Nord[11].
La Maurétanie Tingitane n'est d'abord pas touchée par la conquête et la domination vandales. Les Germains ne contrôleront jamais que quelques points des côtes méditerranéennes du Rif. La région passe sous contrôle byzantin en 534. Mais les Maures, habitués à une indépendance réelle depuis plus d'un siècle, résistent farouchement autour du prince Garmel et harcèlent les légions de Bélisaire. Les Byzantins érigent l'extrême Nord marocain, autour de Tanger, Ceuta et Lixus, en province de Maurétanie Seconde, administrée par un exarque et par un comes (comte), avec prolongement sur le sud de l'Espagne pris aux Wisigoths (préfecture de Bétique). La Maurétanie Seconde connaît un certain renouveau économique et démographique. Cette présence byzantine fragile, menacée à la fois par les Goths et par les Maures, subsiste jusqu'à la conquête arabo-musulmane. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:45 | |
| Les premiers israelites arrivent au Maroc apres la destruction du Premier Temple en 587 av. J.-C
(Le Premier Temple ou Temple de Salomon a Jerusalem, a été construit, d'après la Bible, par le roi Salomon (au Xe siècle av. J.-C.). Il a été entièrement détruit par Nabuchodonosor II en 587 av. J.-C) Et d'autres israelites arrivent apres la destruction du Second Temple Second Temple était le Temple de Jérusalem, reconstruit en 515 av. J.C. après la captivité de Babylone, comme rapporté dans le livre de Néhémie, et détruit en l'an 70 apres J-C, par les Romains, au terme d'une révolte ayant duré quatre ans. il fut le centre culturel et spirituel du judaïsme, et le lieu des sacrifices rituels (korbanot). Il faisait suite au Premier Temple, également connu sous le nom de Temple de Salomon, détruit en 587 av. J.C., tous deux à la même date selon la tradition juive : le 9 Av.) Ce Temple fut détruit par Titus en 70, il n'en reste aujourd'hui comme vestige que les murs des lamentations). En 638, les Arabes prennent Alexandrie. En 649, ils atteignent le Maghreb. Mais ce n'est qu'à la cinquième campagne (681) qu'ils entrent au Maroc. Ils font alors face à une farouche résistance berbère, à la suite de certaines erreurs diplomatiques. Les Berbères, qu'ils soient montagnards, ou des plaines aujourd'hui marocaines ou algériennes, vont permettre à l'Empire byzantin de se maintenir jusqu'en 698. La présence byzantine est alors vaincue et ne subsiste que la résistance berbère. Cette résistance tient encore quinze ans. En 708, l'antique Maurétanie se convertit massivement à l'islam. Cette conversion, qui touchait des populations qui n'avaient jamais été christianisées, ne fut à aucun moment remise en cause par les Berbères. La région connut par la suite des révoltes anti-arabes, mais elles ne furent jamais anti-musulmanes[12]. Très vite, Les musulmans utilisent les capacités guerrières des nouveaux convertis : l'Espagne wisigothique est conquise en trois ans, les troupes berbères arrivent en Navarre en 715. Ils seront vaincus à Poitiers en 732.
L'ensemble du Maroc côtier est sous domination omeyyade. Dans la région du Rif s'établit un petit émirat berbère autonome : l'émirat de Nekor ou Nokour.
En 740 a lieu la première révolte berbère face au pouvoir arabe : aucunement une remise en cause de l'islam, le kharijisme sert de prétexte pour remettre en cause le califat d'orient. C'est, pour ses fidèles, la volonté de choisir « le meilleur » pour gouverner, et non pas forcément un descendant du prophète (ce que veut le chiisme), ou un candidat choisi par les sages (ce que veut le sunnisme). Le kharijitisme est la thèse la plus appréciée par les peuples berbères, qui ont des sentiments relativement démocratiques : le chef se doit d'être choisi par tous, et non pas imposé[14]. Le califat omeyyade ne peut l'accepter, et un conflit éclate. En 750, à Damas, les Omeyyades sont renversés par les Abbassides. Le Maghreb al Aqsa se retrouve dans une quasi-anarchie.
Dernière édition par Soly Anidjar le Dim 2 Sep 2012 - 17:06, édité 1 fois | |
| | | Soly Anidjar
Nombre de messages : 42588 Age : 72 Date d'inscription : 13/07/2006
| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:46 | |
| La fondation du Maroc, pays se considérant arabo-berbère, africain et musulman, se fait avec les Idrissides qui allièrent à leur cause diverses tribus contrôlant des petits royaumes ou territoires indépendants de tout pouvoir central[15]. Au fur et à mesure des alliances, les Idrissides vont étendre leur influence territoriale avec des populations autochtones et lancer les bases de l'organisation d'un État constitué (Makhzen) reprises par les dynasties suivantes. Si les Idrissides vont commencer à dessiner les bases de l'État et des frontières de l'actuel Maroc, ce sont les Almoravides qui en créant leur capitale Marrakech donneront au pays son nom (le nom Maroc est dû à la déformation linguistique française de Marrakech) ; ils consolideront et élargiront l'œuvre débutante et fragile des Idrissides ; les dynasties suivantes hériteront de l'expérience étatique précédente.
Même si d'autres civilisations du bassin méditerranéen (Rome, Carthage…) ont enrichi l'histoire du pays et même, si des populations de l'actuel Maroc vont participer à l'essor de ces civilisations, les historiens du Maroc considèrent que l'impact de ces civilisations a été limité à l'extrême nord du Maroc et à certains comptoirs commerciaux.
À propos du Maroc, le terme Empire est parfois utilisé car par définition, un empire est un ensemble d'états ou de royaumes (voir les différentes cartes du Maroc). Ceci explique l'appellation « villes impériales » utilisée encore de nos jours pour qualifier les villes de Fès, Marrakech, Meknès et Rabat | |
| | | Soly Anidjar
Nombre de messages : 42588 Age : 72 Date d'inscription : 13/07/2006
| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:46 | |
| Lorsque le Maroc se forme, le reste du Maghreb est éclaté sous forme de royaumes ou territoires indépendants, parfois concurrents ou en guerre, sans pouvoir central c'est-à-dire non organisés en État dirigé par des populations autochtones. L'organisation en État structuré permit aux Saadiens et aux Alaouites de s'opposer à l'expansion ottomane qui s'arrêta au fleuve de la Moulouya et qui s'étendait sur une grande partie des autres pays arabes actuels.
Des désaccords apparus au début du XXe siècle dans la famille alaouite et dans le makhzen plus globalement à la suite de problèmes de gestion du pays, créent une période d'instabilité dont vont profiter plusieurs puissances coloniales (Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, France) pour essayer de s'emparer du pays en raison entre autres une position géostratégique intéressante. Après bien des tractations houleuses et secrètes qui faillirent déclencher, dès 1911, la Première Guerre mondiale (coup d'Agadir), le Maroc est partagé entre la France et l'Espagne.
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| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:47 | |
| Lors de leur conquête du pouvoir et pour étendre et asseoir leur influence géographique sur des périodes plus ou moins longues, les dynasties marocaines devront passer des alliances (intéressées, religieuses, maritales, forcées, pacifiques ou négociées) avec les différentes tribus musulmanes et juives du pays. L'islam sunnite sera alors le principal ciment entre les différentes tribus qui composent le royaume. Néanmoins, le fait que certaines dynasties se soient clairement affichées comme chérifiennes ne leur garantit pas la pérennité de leur pouvoir sur le pays.
Pendant le XXe siècle, l'aspect tribal du Maroc perd en importance, notamment à la suite de l'exode des populations rurales vers les grandes villes. Cependant, cet aspect est encore présent et d'une grande importance dans les campagnes.
Le Maroc demeure un pays fortement tribal, mais ce point ne signifie pas l'absence d'un pouvoir central organisateur: De nos jours encore, les représentants des différentes tribus du pays continuent à réitérer leur allégeance (bay'a) au roi au cours de la fête du Trône. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:49 | |
| L'histoire des Idrissides commence, lorsqu'un prince arabe chiite de la famille de `Ali (quatrième calife de l'islam) et son affranchi Rachid Ben Morched El Koreichi, se réfugient dans le Moyen Atlas. Fuyant la menace des Abbassides (qui avaient massacré des Alides et leurs partisans chiites lors de la bataille de Fakh près de La Mecque), ils séjournent en Égypte avant de s'installer à Walilah (Volubilis), sous la protection de la tribu berbère des Awarbas. Réussissant à rallier les tribus à sa cause, Idriss est investi Imam et fonde la ville de Fès en 789 sous le nom d'Idriss Ier. C'est le début de la dynastie des Idrissides.
Idris Ier est assassiné par un émissaire du calife Haroun al-Rachid de Bagdad, un certain Sulayman al Zindhi. Ne se doutant que la femme d'Idris Ier (Kenza) est enceinte, Haroun al-Rachid pense que la menace est vaincue. Mais quelques mois plus tard, naît Idris II. Son éducation a été confiée à l'affranchi de son père Rachid. Onze années plus tard, il est proclamé Imam des croyants de Fès. Au fil du temps, sa sagesse et son sens pour la politique s'affirment, il réussit à fédérer plus de tribus, le nombre de ses fidèles s'accroît et la puissance de son armée désormais professionnelle (dans laquelle s'engagent des Kaisites issus des tribus du nord de la péninsule arabique) se développe. Le royaume idrisside englobe ainsi toute la portion de territoire s'étendant de Tlemcen à l'est jusqu'au Souss au sud et au Gharb à l'ouest. Il semble que la dynastie idrisside, du moins à ses débuts, ait professé le chiisme et plus précisément le zaïdisme, réputé être le plus modéré des rites chiites. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:50 | |
| Se sentant à l'étroit à Walilah, Idriss II quitte l'antique cité romaine pour Fès, où il fonde le quartier des Kairouanais sur la rive gauche (Idris Ier s'était établi sur la rive droite, le quartier des Andalous). Les Kairouanais sont issus de puissantes familles arabes orientales et arabo-perses (originaires du Khorassan) établies en Ifriqya depuis l'époque abbasside. Elles sont expulsées de Kairouan en raison des persécutions politiques que leur infligent les Aghlabides. Les Andalous qui s'installent à Fès sont quant à eux des opposants aux Omeyyades, originaires des faubourgs cordouans (notamment du faubourg du Rabad, d'où le nom de Rabadis attribué aux éléments de cette première vague d'immigration en provenance d'Al-Andalus)[18]. Le royaume idrisside connaît de manière générale une importante phase d'urbanisation, illustrée par la création de villes nouvelles comme Salé, Wazzequr et Basra, cette dernière inspirée de la Bassorah d'Irak. Ces centres urbains sont des foyers de diffusion de culture arabe et des vecteurs d'islamisation. À cette même époque, les Vikings du chef Hasting venus de la lointaine Scandinavie, attirés par les richesses éventuelles des terres méridionales, se signalent par leurs incursions dévastatrices sur les côtes nord du Maroc (notamment dans les régions d'Asilah et de Nador. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:51 | |
| En 985, les Idrissides perdent tout pouvoir politique au Maroc et sont massivement exilés en Al-Andalus. Installés à Malaga, ils récupèrent peu à peu leur puissance, au point d'engendrer une dynastie pendant l'époque des taifas, les Hammudites. Ces derniers prétendront même à la fonction califale à Cordoue en lieu et place des Omeyyades déchus en 1016. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 16:54 | |
| En 920, une armée au service des Fatimides dirigée par Messala ibn Habbous, émir des Meknassas et gouverneur de Tahert, envahit le Maroc et prend Fès, soumettant le roi idrisside Yahia IV. L'avènement de Hasan al-Hajjam en 925 voit le Maroc s'émanciper des Fatimides avant qu'il retombe de nouveau dans leurs mains en 927, et ce jusqu'en 937. Les Idrissides, cependant, ne réussissent pas à réunifier leur royaume qui tombe aux mains des tribus zénètes.
En 932, les Idrissides perdent Tlemcen au profit des Meknassas pour le compte des caliphes Fatimides. La ville restera aux mains des Fatimides jusqu'en 955, date de sa prise par les troupes omeyyades, avnt de retomber aux mains des Fatimides en 973.
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| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:07 | |
| Au milieu du Xe siècle, depuis leur forteresse de Hajar Annasr, les Idrissides ne contrôlent plus que le nord-ouest du pays. En 974, une intervention omeyyade enlève toute indépendance aux Idrissides et en fait leurs vassaux. En 977, c'est par le biais de leurs vassaux zirides, dirigés par Bologhine ibn Ziri, que les Fatimides tentent de nouveau de conquérir le Maroc, s'avançant jusqu'à la péninsule tingitaine ; ils sont cependant contraints de reculer devant l'armée omeyyade venue d'Andalousie à la demande des Maghraouas. À partir de 985, date de la destruction du dernier noyau de l'État idrisside par les Omeyyades, le Maroc est contrôlé par les Meknassas, les Maghraouas et les Ifrenides, dont les allégeances vacillent entre les caliphes cordouans et fatimides. Les trois factions zénètes, entrées en conflit les unes contre les autres, exercent alternativement le commandement à Fès, alors que les Ifrenides avancent jusqu'à l'intérieur du territoire des Berghouatas. Jusqu'au milieu du XIe siècle et la réunification par les Almoravides, le Maroc est partagé entre les différents groupes tribaux zénètes, luttant à la fois les uns contre les autres et contre les Sanhajas ; cette instabilité ne permet à aucune de ces trois tribus de constituer une dynastie durable.
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| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:09 | |
| Les Berghouatas, confédération de tribus issues essentiellement des Masmoudas, forment un émirat berbère entre le VIIIe et le XIe siècle. Après que les kharijites ont échoué dans leur rébellion au Maroc contre les califes de Damas, ils établissent un émirat indépendant dans la région de Tamesna, sur les côtes de l’Atlantique entre Safi et Salé, sous l’égide de Tarif al-Matghari.
L'État Berghouata, dirigé par un gouvernement théocratique fixant les rituels d'un nouveau culte empruntant à la fois à l'islam, au judaïsme et aux antiques croyances locales, adopte une nouvelle religion s'appuyant sur un livre saint inspiré du Coran.
Les Berghouata maintiennent leur suprématie dans la région des plaines atlantiques durant quatre siècles et entretiennent des relations diplomatiques et commerciales avec le califat omeyyade de Cordoue qui voit probablement en eux des alliés potentiels contre les Fatimides et leurs alliés zénètes. Il semble que, sur les 29 tribus constitutives de ce royaume, douze aient adopté réellement la religion barghwata, les dix-sept autres étant restées fidèles au kharijisme.
Un émirat fondé par les Zénètes émerge dans la région du Tafilalet à partir de 758. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:10 | |
| Dirigé par la dynastie des Midrarides (dont le fondateur est Semgou Ibn Ouassoul), il prend pour capitale la cité de Sijilmassa. Ce royaume professe officiellement le kharidjisme de rite sufrite mais finit par reconnaître à partir de 883 la suprématie religieuse du califat sunnite des Abbassides. Les Midrarides se consacrent cependant à maintenir une alliance avec les autres États kharidjites, comme le royaume des Rostémides de Tahert, et à établir un fructueux commerce caravanier de l'or avec le royaume du Ghana, à l'époque maître des plus importants gisements aurifères de l'Afrique de l'Ouest. L'émirat de Sijilmassa atteint ainsi son apogée au IXe siècle grâce à son rôle de plaque tournante du trafic des métaux précieux, et sa renommée s'étend ainsi jusqu'aux pays méditerranéens et au Moyen-Orient. C'est précisément cette position de débouché de l'or africain qui excite les convoitises des Omeyyades et des Fatimides qui s'affrontent pour sa domination. Ce sont finalement les Almoravides qui s'emparent du royaume midraride en 1055. Par la suite, la fondation de Marrakech éclipse définitivement le prestige de Sijilmassa. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:11 | |
| Les Almoravides sont issus des tribus berbères sanhadjas des Lamtounas et des Guzzalas qui nomadisaient dans le désert saharien entre l'Adrar mauritanien et le Tafilalet[29],[30],[31]. Ces tribus guerrières se structurent au sein d'un puissant mouvement religieux, sous l'impulsion du prédicateur Abdullah Ibn Yassin. Leur but est d'instaurer l'islam sunnite de rite malékite dans toute l'étendue de l'Occident musulman (Al-Andalus et Afrique du Nord)[31]. Ainsi leur vient leur nom d'al-Murabitoun, c'est-à-dire les combattants du ribat, une forteresse de la guerre sainte dressée contre leurs ennemis animistes. Les Almoravides sont victorieux dans leur guerre contre les royaumes noirs du Tekrour et du Ghana. Ils s'emparent ainsi du Ghana et de sa capitale Aoudaghost, avec tout l'or que produit ce pays et parviennent à remonter les pistes caravanières vers le nord, jusqu'au Tafilalet dans les années 1050, où ils mettent fin à l'existence du royaume de Sijilmassa. Leurs chefs sont successivement Abu Bakr Ibn Omar al Lamtouni puis Youssef Ibn Tachfin[31].
La guerre éclate entre les Almoravides et les Zénètes. Les Banou Ifren et les Maghraouas perdent alors tout pouvoir après la victoire finale des Almoravides. C'est Youssef Ibn Tachfin qui fonde Marrakech en 1062, au départ simple campement nomade destiné à devenir la capitale d'un empire. Les Almoravides font disparaître dans les régions qu'ils contrôlent toutes les doctrines qu'ils suspectent d'hérésie. C'est ainsi qu'ils suppriment le chiisme dans le Souss et qu'ils détruisent le royaume berghouata qui prospérait dans les plaines centrales de la Tamesna (correspondant aux actuelles régions de Doukkala-Abda et de Chaouia-Ouardigha) et du Tadla. Partout les Almoravides imposent le sunnisme malékite le plus strict, tel qu'enseigné par les écoles théologiques de Médine et de Kairouan. Cette unification religieuse se double d'une unification politique. Les Almoravides étendent ainsi leurs conquêtes jusqu'au Maghreb central, à la limite du royaume hammadide.
En 1086, Youssef Ibn Tachfin, appelé par les rois des Taifas d'Al Andalus, franchit le détroit de Gibraltar à la tête de ses forces sahariennes composées de nomades Sanhadjas et de guerriers africains du Bilad as-Sûdan, et parvient ainsi à briser l'offensive du roi de Castille Alphonse VI à Zallaqa (bataille de Sagrajas). Les Almoravides mettent fin au règne des roitelets, exilent l'émir de Séville Al Mutamid Ibn Abbad et celui de Grenade, Abdallah ben Bologhin, à Aghmat près de Marrakech. Ils unifient ainsi Al-Andalus, qui est incorporée à leur empire à partir de 1090. Ils ne parviennent cependant à récupérer Tolède tombée aux mains des Castillans en 1085. Youssef Ibn Tachfin, qui a pris le titre d'émir des Musulmans (mais non celui de calife, considérant ce privilège dévolu aux Abbassides), règne sur un ensemble géopolitique s'étendant du Sénégal jusqu'aux abords des Pyrénées et des côtes atlantiques jusqu'à Alger.
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| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:12 | |
| Cette domination almoravide se manifeste par une symbiose des identités andalouses, ouest-maghrébine et sahariennes, préparant la voie à l'émergence d'une civilisation hispano-mauresque. Les édifices subsistant à Marrakech, Tlemcen et Alger montrent ainsi une forte influence de l'école artistique andalouse (héritage des Omeyyades et des Taïfas) adaptée au goût berbère. Dans le domaine économique, l'État almoravide se distingue par sa maîtrise des flux de l'or, dont il contrôle les zones de production et les voies d'acheminement, du Ghana au bassin méditerranéen. Le dinar d'or almoravide, appelé marabotin, circule sur tous les grands marchés commerciaux comme devise de référence.
Après la mort de Youssef Ibn Tachfin en 1106, son fils Ali Ben Youssef lui succède, mais déjà la dynastie est contestée aussi bien en Espagne qu'en Afrique. La famille régnante prend en effet goût aux plaisirs et aux délices de la vie de cour raffinée. Dans le même temps, les populations subissent la dictature rigoriste des cadis malékites et les exactions locales des chefs militaires d'origine sanhadja qui exercent leur commandement à partir des villes marocaines et andalouses. Une telle conjoncture favorise un mécontentement généralisé dans l'ensemble du grand royaume almoravide. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:12 | |
| Mohammad Ibn Toumert, futur Mahdi et fils d'un amghar, chef de village de la tribu des Harga, dans le Haut Atlas. Très précocement animé par un zèle religieux, il entreprit dès sa jeunesse de multiples voyages l’amenant à visiter Baghdad, Le Caire et peut-être même Damas où il découvre tout l'ampleur de la tradition musulmane, et notamment le soufisme. Au cours de ce périple, Ibn Toumert rencontre probablement le fameux mystique persan Ghazali, dont les œuvres avaient été condamnées par les cadis almoravides en Occident d'Islam. Rapidement, il entretient une profonde aversion pour l'étroitesse du malékisme régnant en maître en sa patrie. C'est en 1117 qu'il regagne le Maghreb, via Tripoli, puis Tunis et enfin Béjaïa où ses prêches pieuses galvanisent les foules. À Melalla, il se lie d’amitié avec Abd al-Mumin, un Zénète, qui devient son meilleur disciple.
C'est à Tinmel, au cœur de la très isolée vallée du N'fis qu’il établit sa « capitale ». Ses prêches rencontrent un écho considérable et il clame ouvertement son intention de liguer toutes les tribus insoumises des montagnes contre les Almoravides. Son aura grandissante suscite de jour en jour davantage d'inquiétudes de la part des Almoravides qui lancent contre lui en 1121 une expédition militaire commandée par le gouverneur du Souss, Abou Bakr Ben Mohammed El-Lamtouni. L'expédition est littéralement écrasée. À la suite de cette déconvenue, ses désirs s'estompent un temps mais en 1127 (ou 1129), une nouvelle expédition parvient dans les contreforts du Haut-Atlas aux environs d’Aghmat dans l'espoir de frapper un grand coup en pays Hintata, fief de la doctrine « Unitaire ». Mais Abd El Moumen et El Béchir contrarient ce plan et profitant de l'effet de surprise, ils parviennent même à assiéger ponctuellement Marrakech, capitale almoravide. Cependant, leurs faiblesses en combat de plaine les poussent à se retrancher en toute hâte (El Béchir mourut). Quelques mois plus tard, en septembre 1130, Ibn Toumert décède. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:14 | |
| Abd El Moumen succéde d'abord secrètement au fondateur de la secte et privilégie une politique d'alliance avec les tribus de l'Atlas. Pour ce faire, il joue non seulement de ses origines Zénètes mais aussi de ce qui restait de cercles d'initiés qu'avait fondé son prédécesseur. Dès 1140, une intense campagne permet aux Almohades de s'attirer les faveurs des oasis du sud. Taza puis Tétouan sont les premières grandes cités à tomber. À la faveur du décès d’Ali Ben Youssef en 1143, il s'empare de Melilla et d'Al-Hoceima, faisant ainsi du nord du Maroc sa véritable base logistique. La mort du redoutable Reverter en 1145 suivie la même année de celle de Tachfin Ben Ali permet aux Almohades les prises respectives d’Oran, de Tlemcen, d'Oujda et de Guercif. S'ensuit ensuite le long et éprouvant siège de Fès qui durera la bagatelle de neuf mois durant lesquels Abd El Moumen se charge personnellement de prendre Meknès, Salé et Sebta. La conquête du Maroc s'achèvera finalement en mars 1147 par la prise de Marrakech, capitale du désormais déchu empire almoravide et dont le dernier roi Ishaq Ben Ali sera ce jour-là impitoyablement tué. Pour fêter cette victoire, Abd El Moumen fait bâtir la très célèbre Koutoubia sur les ruines de l'ancien Dar El Hajar.
De manière assez inédite, les premiers efforts militaires d'Abd El Moumen désormais « intronisé » se tournent vers l'est du Maghreb, sous la menace des Normands de Sicile menés par Roger II (qui ont pris le contrôle de Djerba et Mahdia et menacent la prospère Bejaïa) et des cohortes bédouines envoyées depuis Le Caire par les souverains fatimides, furieux de voir Zirides et Hammadides échapper à leur contrôle. Les opérations lancées s'avèrent largement fructueuses puisque les bédouins sont complètement écrasés à Béjaïa puis Sétif en 1152. En 1159, une puissante armée terrestre est levée depuis Salé, secondée par une flotte de soixante-dix navires, obligeant les Normands à se retrancher sur Sfax et Tripoli. Ainsi l'empire Almohade s'étendait-il à la fin des années 1150 de l'Océan Atlantique jusqu'aux portes de la Libye.
En Andalousie la fin de la période almoravide a permis la résurgence des reinos de taifas et un regain de vigueur des chrétiens. En 1144 ils prennent même le contrôle de Cordoue. À l'ouest, Lisbonne et Santarem sont prises également. Almeria est également prise par les Aragonais pour une décennie entière. Directement menacées, les taifas se voient obligés de faire de nouvel appel aux maîtres du Maghreb. Ainsi, avant la prise de Marrakech par les Almohades, Jerez et Cadix s'offrent à ces derniers. Dans le sillage de la prise de Marrakech, des corps expéditionnaires permettent la conquête de tout le Sud de la péninsule (Grenade, Séville, Cordoue ...) puis de Badajoz. En 1157, Almeria est reprise. Abd El Moumen décèdera finalement en 1163 à Salé. Son fils Abu Yaqub Yusuf lui succède, d'abord reconnu à Séville puis à Marrakech. Il s'efforcera jusqu'à son décès en 1184 de régner en véritable « despote éclairé », soucieux de desserrer l'étau d'orthodoxie religieuse pesant sur le Maghreb. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:15 | |
| Sous son impulsion fleurissent des arts autrement plus épanouis que sous la dynastie précédente. L’architecture en particulier atteint son apogée, se traduisant par la construction de la Giralda à Séville, honorée du statut de capitale andalouse, ainsi que de la Tour Hassan à Rabat (dont le minaret ne fut jamais achevé) et de la Koutoubia à Marrakech, toutes trois bâties sur un modèle sensiblement équivalent. Dans d’autres registres, le palais de l’Alhambra est érigé sur les hauteurs de Grenade et les Jardins de l'Agdal sont plantés à Marrakech (cf. l'article Art almoravide et almohade). C’est également sous les Almohades que vécurent le brillant philosophe Averroès (de son vrai nom Ibn Rûshd ابن رشد), de même qu'Ibn Tufayl ainsi que Maïmonide qui ira néanmoins s’exiler au Caire afin de pouvoir pratiquer librement sa religion (il était de confession hébraïque).
À la mort d’Abu Yaqub Yusuf, les Almoravides demeurés maîtres des Baléares s’en vont porter le glaive là où jadis sévissaient les Normands. Ils arrachent Alger, Miliana, Gafsa et Tripoli aux Almohades et subventionnent des tribus bédouines d’Ifriqiya qui s’en iront mener des razzias dans tout le Maghreb médian et descendront même jusque dans les oasis du Drâa. Matées par les vigilantes milices d’un certain gouverneur Abu Yusf, ces tribus bédouines seront par la suite sédentarisées dans l’Ouest marocain, dans l’ancien pays bergouata où elles contribueront à l’effort d’arabisation des plaines du Gharb et de la Chaouia. Après la victoire d’Alarcos durant laquelle Alphonse VIII est battu par le souverain Abu Yusuf Yaqub al-Mansur, les derniers fauteurs de troubles Almoravides sont écrasés dans le sud tunisien. C’est l’âge d’or almohade.
Muhammad an-Nasir succède à son père en 1199. Le 16 juillet 1212, son armée de 200 000 hommes est mise en déroute par une coalition de près de 220 000 chrétiens venus de France, d’Aragon et de Catalogne, de León et de Castille répondant à l'appel à la Croisade contre les Almohades lancée par le pape Innocent III. C’est la bataille de Las Navas de Tolosa que l’histoire retiendra comme l’événement charnière de la Reconquista. L’autorité des Almohades sur leur empire sera durablement affaiblie par cette débâcle, au point que le Muhammad an-Nasir renoncera à son trône l’année suivante, le cédant à son fils. À 16 ans, Yusuf al-Mustansir accède donc au trône. Dépourvu d’autorité, il voit rapidement le Maghreb médian lui échapper. Il en va de même en Andalousie où le gouverneur almohade de Murcie réclame une régence et franchit le détroit pour le faire savoir. À Séville, Al-Mamoun fait sensiblement de même. Les taifas renaissent de leurs cendres et imposent le malékisme. À Marrakech même les cheikhs souhaitent procéder à l’élection d’un nouveau calife, ne laissant d’autre alternative au jeune souverain que la fuite pour un temps. Son fils, Abd al-Wahid al-Makhlu lui succède en 1223. Il mourra étranglé l’année même. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:16 | |
| Les cheikhs de Marrakech procéderont alors à l’élection d’Abu Muhammad al-Adil. Les Hafsides, du nom d’Abû Muhammad ben ach-Chaykh Abî Hafs, autrefois vizir de Muhammad an-Nasir déclarent leur indépendance en 1226, sous l’impulsion de Abû Zakariyâ Yahyâ. La mort d’Abu Muhammad al-Adil marquera le début de l’ingérence du Royaume de Castille dans les affaires marocaines. Ferdinand III de Castille soutiendra Abu al-Ala Idris al-Mamun tandis que les cheikhs de la hiérarchie soutiendront le fils de Muhammad an-Nasir, Yahya al-Mutasim. C’est le premier qui prend pour un temps l’ascendant, parvenant à s'emparer de Marrakech et à massacrer les cheikhs. Il renie la doctrine religieuse almohade au profit du malékisme et consent en paiement de sa dette à construire l’église Notre-Dame de Marrakech en 1230. L’édifice est détruit deux ans plus tard. En 1233, son fils Abd al-Wahid ar-Rachid reprend Marrakech et chasse de Fès les Bani Marin futurs Mérinides (ces derniers faisaient payer à la ville et à sa voisine Taza un tribut depuis 1216), permettant de réunifier le Maroc. En Andalousie, Cordoue tombe aux mains de Ferdinand III de Castille dès 1236. Valence lui emboîtera le pas deux ans plus tard, puis ce sera au tour de Séville en 1248. Entre temps, Abu al-Hasan as-Said al-Mutadid parviendra à rétablir un semblant d’unité sur le Maroc mais accumulera les échecs face aux Mérinides dont l’avancée est irrésistible sur le Maroc septentrional. Pour une trentaine d’année, les Almohades survivront, repliés sur la plaine du Haouz et payant un tribut à leurs voisins septentrionaux. En 1269, Marrakech tombe. En 1276, c’est au tour de Tinmel. Un siècle et demi plus tard, l'empire almohade n'est plus. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:17 | |
| Le Maroc au cours des croisades.
Le califat almohade, sous le règne d'Abu Yusuf Yaqub al-Mansur, établit un partenariat stratégique avec l'Égypte du sultan Saladin. Le point d'orgue de cette relation est l'ambassade d'Abou al Harith Abderrahman Ibn Moukid envoyé par Saladin auprès de la cour de Marrakech. Cette mission se concrétise par la participation de la flotte marocaine aux opérations maritimes contre les Croisés (sur les côtes du Proche-Orient et même en mer Rouge où les navires almohades prêtés à al-Adel mettent en échec l'expédition contre La Mecque organisée par Renaud de Châtillon en 1182). À la suite de la prise de Jérusalem par Saladin en 1187, de nombreuses familles originaires du Maroc viennent participer au repeuplement de la ville sainte. Ils établissent ainsi en 1193 un quartier qui prit par la suite le nom de « quartier des Magharibas (Marocains) » ; de nombreux Palestiniens descendent de ces Marocains installés en Terre sainte. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:17 | |
| Contrairement aux deux dynasties précédentes, la montée en puissance des Mérinides n’est pas à mettre sur le compte d’une démarche personnelle associable à un individu mais plutôt à l’affirmation collective d’une tribu. L’autre rupture que marque l’accession au pouvoir des Mérinides est l’abandon du leitmotiv de la purification religieuse au profit d’une conception de la conquête du pouvoir plus classique, plus conforme à l’identité tribale des protagonistes. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:18 | |
| La tribu en question est une tribu zénète dont les origines sont issues des Wassin . Toujours est-il que les Beni Merin (ou Bani Marin) constituent tout au long du XIIe siècle l’archétype d’une tribu berbère caractéristique, nomadisant entre le bassin de la Haute-Moulouya à l’ouest (entre Guercif et Missour) et le Tell algérien, au sud de Sidi bel Abbès à l’est. La première occurrence de la tribu des Beni Merin dans l'historiographie marocaine coïncide avec leur participation en tant que groupe à la bataille d'Alarcos (1196), bataille finalement remportée par le camp almohade. C’est à cette occasion que s’illustre Abd al-Haqq considéré comme le véritable fondateur de la dynastie mérinide. De retour au pays, la tribu retombe dans un anonymat relatif jusqu’à la cinglante défaite almohade de Las Navas de Tolosa à l’issue de laquelle les troupes Mérinides iront défaire 10 000 soldats almohades. À la suite de ce succès, les Mérinides s’installent temporairement dans le Rif, soutenus par des Miknassas sédentarisés au nord de Taza. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:19 | |
| Dès 1216, ils se faisaient payer tribut par les cités de Fès et Taza. Les Almohades soucieux de restaurer leur autorité sur tout leur territoire lancent de nombreuses contre-offensives, le plus souvent vaines. C’est au cours d’une de ces manœuvres que décède Abd al-Haqq. Son fils Uthman ben Abd al-Haqq lui succède. Dès 1227, toutes les tribus entre le Bou Regreg et la Moulouya ont fait allégeance aux Mérinides. En 1240, Uthman ben Abd al-Haqq décède, assassiné par son esclave chrétien. C’est son frère Muhammad ben Abd al-Haqq qui lui succède, assiégeant avec un succès relatif Meknès. Il décède en 1244, tué par des milices chrétiennes au service des Almohades. Au milieu de la décennie 1240, les troupes Almohades sont mises en déroutes à Guercif. Les Mérinides s’engouffrent alors dans la très stratégique Trouée de Taza, tremplin qui leur permit d’entreprendre le siège de Fès en août 1248 et d’envisager la prise de toute la moitié nord du Maroc. Mais la moitié sud n’est pas en reste. Abu Yahya ben Abd al-Haqq ayant précédemment succédé joue des amitiés traditionnelles des Beni Merin avec les Béni-Ouaraïn du Moyen Atlas et d’autres tribus du Tafilalet pour contrôler les oasis et détourner les revenus du commerce transsaharien de Marrakech vers Fès, désignée comme capitale mérinide.
En 1258, Abu Yusuf Yaqub Ben Abd Al-Haqq succède à son frère enterré dans l’antique Nécropole de Chella qu’il avait commencé à réhabiliter. Le début de son règne est marqué par une lutte avec son neveu qui réclamait la succession. Ce dernier parvient à prendre Salé. La situation à l’embouchure du Bou Regreg profite à la Castille qui prendra la cité en otage durant deux semaines. L’ouest du Rif est également en proie à de nombreuses insurrections Ghomaras tandis que Ceuta et Tanger sont alors aux mains d’un sultan indépendant, un dénommé El Asefi. Rapidement le nouveau souverain exprime son désir d’en découdre rapidement avec les Almohades retranchés dans le Haouz, l’est des Doukkala et une partie du Souss. Une première tentative en ce sens se solda par un échec en 1262. Les Almohades pressent alors les Abdalwadides d’attaquer leurs rivaux Mérinides par surprise. Yghomracen, célèbre souverain abdalwadide est défait en 1268. L’année suivante, Marrakech est définitivement prise. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:21 | |
| Durant les années qui suivent, il boute les Castillans hors de tous leurs établissements atlantiques jusqu’à Tanger. En 1276, Fès, nouvelle capitale du royaume se voit augmentée d’un nouveau quartier administratif et militaire, à l’écart de l’ancienne ville, où se côtoient notamment le nouveau palais royal et le Mellah. C’est Fès El Jedid. Globalement la ville connaîtra sous l’ère mérinide un second âge d’or, après celui connu sous les Idrissides. Après la pacification totale du territoire et la prise de Sijilmassa aux Abdalwadides, le sultan franchit le détroit et tente de reconstituer la grande Andalousie musulmane des Almohades. Les entreprises espagnoles des Mérinides sont complexes mais n’accouchent que de peu de résultats concrets. À la suite du siège de Xérès, un traité de paix stipulant le retour de nombreux documents et ouvrages d’art andalous (tombés aux mains des chrétiens lors des prises de Séville et Cordoue) vers Fès. En 1286, Abu Yusuf Yaqub Ben Abd Al-Haqq décède à Algésiras. Il est inhumé à Chella.
Son fils Abu Yaqub Yusuf.plus tard dit an-nāsr, lui succède et se voit confronté dès son intronisation à un durcissement des révoltes dans le Drâa et à Marrakech et à un désaveu de certains membres de sa famille, s’alliant tantôt avec les Abdalwadides ou les révolté. Il rendit Cadix aux Nasrides de Grenade en guise de bonne volonté mais six ans plus tard, en 1291, ces derniers, alliés aux Castillans dont ils sont les vassaux, entreprennent de bouter définitivement les Mérinides de la Péninsule Ibérique. Après quatre mois de siège, Tarifa est prise par les Castillans. Mais les yeux d’Abu Yaqub Yusuf an-Nasr sont plutôt rivés sur Tlemcen, capitale des éternels rivaux des Beni Merin que sont les Abdalwadides. Il se dirige vers Tlemcen à la tête d’une armée cosmopolite puisqu’essentiellement composée de mercenaires chrétiens (Castillans et Aragonais principalement), de Turkmènes Oghouzes et de Kurdes. Le siège durera huit ans et se poursuivra jusqu’à l’assassinat du souverain, des mains d’un des eunuques de son harem, en 1307.
Jusqu’à l’avènement d’Abu al-Hasan ben Uthman en 1331, la dynastie est marquée par une forme de décadence dont les principaux symptômes sont la multiplication :
– des querelles de succession ; – des révoltes populaires (des difficultés dans le Rif, à Ceuta et Tanger se surajoutèrent au climat insurrectionnel croissant à Marrakech et dans le Souss) ; – des révoltes militaires (mutineries)... En 1331 donc, Abu al-Hasan ben Uthman (surnommé le « Sultan noir ») succède à son père, quelques mois seulement après avoir obtenu son pardon. Rapidement, l’obsession de ses aînés pour Tlemcen le rattrape. Il entame un nouveau siège sur la ville qui s’avérera vain. Il évince ceux qui dans son entourage familial le jalousent mais sait faire preuve d’une grande dextérité dans sa gestion des ambitions tribales. Tlemcen tombe enfin en 1337. Abu al-Hasan ben Uthman est auréolé de gloire. Cette victoire lui ouvre la voie du Maghreb médian mais avant de s’engouffrer dans cette brèche ouverte en direction d’Ifriqiya, le souverain tient à venger la mort de son fils Abu Malik, surpris par les Castillans après son succès à Gibraltar en 1333. La bataille de Tarifa, le 30 octobre 1340 se solde par une lourde défaite qui signe la fin définitive des ambitions marocaines en terre espagnole. Sept années plus tard, le sultan et ses armées parviennent à soumettre l’Ifriqiya. L’année suivante pourtant, les Mérinides essuient une cuisante défaite à Kairouan. L’écho de la déconvenue est grand, au point que naît et se répand une folle rumeur selon laquelle Abu l’Hassan serait mort au combat. À Tlemcen, Abu Inan Faris est alors intronisé. C’est de sa volonté qu’émanera la construction de la medersa Bou Inania de Fès.
Il a d’ailleurs également parachevé la construction de la Medersa Bou Inania de Meknès, entamé par son aîné. Ce dernier tentera un vain retour via Alger puis Sijilmassa. Il est finalement défait et tué par les armées de son fils sur les rives de Oum Errabiaa. Abu Inan Faris, profondément chagriné par ce décès, tentera alors de faire asseoir son autorité sur l’ensemble du royaume, de nouveau fragilisé par la recrudescence des volontés insurrectionnelles. Il s’entoure à ces fins d’Ibn Khaldoun, penseur de génie et véritable précurseur de la sociologie moderne. Son neveu, maître de Fès, est exécuté, mais à l’occasion de ce déplacement au Maroc, c’est Tlemcen qui se soulève. Une intense campagne permet un certain regain de vigueur des Mérinides mais Abu Inan est étranglé des mains d’un de ses vizirs, un certain al-Foudoudi, le 3 décembre 1358, neuf ans seulement après son accession au pouvoir. | |
| | | Soly Anidjar
Nombre de messages : 42588 Age : 72 Date d'inscription : 13/07/2006
| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:21 | |
| L’anarchie est alors à son paroxysme. C’est le premier grand déclin de la dynastie. Chaque vizir tente de porter sur le trône le prétendant le plus faible et manipulable. Les richesses patiemment accumulées par les souverains précédents sont pillées. Un premier prétendant venu de Castille parvient à se soustraire pour un temps à ce diktat des vizirs. Il s’appelle Abû Ziyân Muhammad ben Ya`qûb plus simplement appelé Muhammad ben Yaqub. Reconnu et acclamé dans le nord du Maroc, il règne à partir de 1362 sur un royaume dont seule la moitié nord (de la Tadla aux contreforts méridionaux du Rif) est demeurée loyale à l’autorité mérinide. Tout au long de son bref règne, il tentera de faire évincer un à un les vizirs jugés encombrants mais c’est des mains d’un de ces derniers, le grand vizir Omar, qu’il périra en 1366.
Omar désincarcère alors le fils d’Abu l’Hasan, Abu Faris Abd al-Aziz ben Ali ou plus simplement Abd al Aziz. Après avoir réussi le tour de force d’évincer bon nombre de vizirs dont celui qui l’a porté au pouvoir, il parvient à mater le pouvoir parallèle en place à Marrakech (pouvoir dit d’Abou l'Fadel, vaincu en 1368). Il parvient à asseoir son autorité en pays Hintata, puis dans le Souss et à Sijilmassa. En 1370, Tlemcen, où s’était reconstitué le pouvoir abdalwadide, retombe aux mains des Mérinides. Mais deux ans plus tard seulement, il s’éteint. Le royaume est à nouveau scindé en deux, les zaouias prenant le pouvoir à Marrakech. La peste noire se fait dévastatrice.
S’ensuivent 21 années de déclin durant lesquelles se multiplient les intrigues dynastiques, les coups politiques des différents vizirs, les ingérences nasrides et de vaines tentatives de coup d’éclat militaires face à Tlemcen. Durant les deux périodes de déclin, la pratique de la course se développe, tant dans le nord, dans les environs de Tanger et Ceuta, que sur la côte atlantique.
En 1399, alors que le Maroc est en proie à une anarchie des plus totales, le roi Henri III de Castille arme une expédition navale destinée à annihiler la pratique de la course depuis Tétouan. En fait, la ville est non seulement mise à sac mais également totalement vidée de sa population (la moitié est déportée en Castille). En 1415, c’est au tour de Ceuta de tomber aux mains des navires de Jean Ier, roi du Portugal, lui aussi en croisade contre la course. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:22 | |
| La dynastie mérinide connait un tragique déclin. Abu Said Uthman ben Ahmad dit Abu Said succède à Abu Amir Abd Allah dans des circonstances troubles. En 1421 Abu Muhammad Abd al-Haqq succède à Abu Said alors qu’il n’a qu’un an; cette accession au trône appela bien sûr une régence. Les vizirs wattassides s’avèreront incontournables et s'accapareront le pouvoir pendant près de 40 ans, à l'issue desquelles ils seront massacrés, en 1459, par Abd al-Haqq qui reconquiert le pouvoir par l'occasion. Une révolte populaire éclate néanmoins à Fès en 1465 et Abd a-Haqq est égorgé ; cet épisode marque la fin du règne des Mérinides.
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| | | Soly Anidjar
Nombre de messages : 42588 Age : 72 Date d'inscription : 13/07/2006
| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:23 | |
| En 1465, à la suite de la chute du régime mérinide à l'issue de la révolte de Fès, le chérif Mohammed ibn Ali est proclamé sultan ; c'est un descendant des Idrissides, de la branche des Amrani-Jouti ; le pouvoir du sultan Mohammed est toutefois limité à la région de Fès.
plongeant le reste du pays dans l'anarchie et l'exposant aux velléités expansionnistes européennes. Pendant ce temps, Mohammed ach-Chaykh, un des deux survivants du massacre de 1459, prépare sa reprise du pouvoir, qu'il accomplira finalement en 1471 mettant fin à l'éphémère gouvernement idrisside. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:24 | |
| Les Wattassides ou Ouattassides ou Banû Watâs sont une tribu de Berbères zénètes comme les Mérinides. Cette tribu, qui serait initialement originaire de l'actuelle Libye, était établie dans le Rif, au bord de la Méditerranée. De leur forteresse de Tazouta, entre Melilla et la Moulouya, les Beni Wattas ont peu à peu étendu leur puissance aux dépens de la famille régnante mérinide (voir l'article détaillé sur les Wattassides). Ces deux familles étant apparentées, les Mérinides ont recruté de nombreux vizirs chez les Wattassides. Les vizirs wattassides s'imposent peu à peu au pouvoir. Le dernier sultan mérinide est détrôné en 1465. Il s'ensuit une période de confusion qui dure jusqu'en 1472. Le Maroc se trouve coupé en deux avec, au sud, une dynastie arabe émergente, les Saadiens, et au nord un sultanat wattasside déclinant.
En 1472, les sultans wattassides de Fès ont perdu tous leurs territoires stratégiques et n'ont plus le contrôle du détroit de Gibraltar. Les Portugais prennent possession de Tanger en 1471 puis cèdent la ville à l'Angleterre en 1661 comme dot apportée par Catherine de Bragance à son époux Charles II d'Angleterre. La domination anglaise sur Tanger, relativement courte (1661-1684), sera contestée en permanence par le Parlement de Londres malgré l'octroi d'une charte à la colonie par Charles II, et ce en raison des difficultés financières qu'entraîne l'entretien de sa garnison soumise en permanence à la pression des assauts marocains. L'évacuation de Tanger est finalement décidée et confiée à l'amiral Lord Dartmouth, les troupes de Moulay Ismail prennent alors possession de la ville après 193 années d'une triple domination étrangère (portugaise, espagnole, anglaise). | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:25 | |
| les premiers juifs sont arrivés au Maroc au Ve siècle av. J.-C., après la destruction du premier Temple de Jérusalem,comme je l'ai ecrit plus haut . Vinrent ensuite ceux chassés par la destruction du second Temple, en l'an 70, entraînant la judéisation des Berbères, comme il y a eu berbérisation des juifs. Les Andalous (juifs expulses d'Espagne) sont arrivés au Maroc en 1492, avec l'Inquisition. »
Durant la domination portugaise (1471-1661, avec un intermède espagnol entre 1580 et 1640), Tanger constitue la capitale de l'Algarve d'Afrique, car il existe alors deux Algarves, celle d'Europe et celle d'Afrique, toutes deux considérées comme territoires relevant personnellement de la dynastie d'Aviz puis de la dynastie de Bragance (le roi du Portugal porte aussi le titre de roi des Algarves). Sous les règnes successifs d'Alphonse V, Jean II et Manuel Ier (période marquant l'apogée de l'expansion portugaise) l'Algarve africaine englobe presque tout le littoral atlantique marocain, à l'exception de Rabat et de Salé. Les Portugais contrôlent la portion côtière s'étendant de Ceuta à Agadir et à Boujdour, avec pour points de jalon les places fortes de Tanger, Asilah, Larache, Azemmour, Mazagan, Safi et Castelo Real de Mogador. D'Azemmour est originaire Estevanico (de son vrai nom Mustapha Zemmouri), un Marocain réduit en esclavage par les Portugais puis revendu aux Espagnols, et qui s'illustrera par son exploration et sa reconnaissance de l'Amérique jusqu'aux confins du Mexique et de l'Arizona dans les rangs des conquistadors hispaniques.
Les possessions de la Couronne lusitane constituent des fronteiras, équivalent portugais des presidios espagnols, et sont utilisées comme escales sur la route maritime du Brésil et de l'Inde portugaise. Néanmoins la plus grande partie du Maroc portugais est reconquise par les Saadiens en 1541. La dernière fronteira est celle de Mazagan, récupérée par les Marocains en 1769. Les Espagnols pour leur part s'attribuent la côte méditerranéenne avec les présides de Melilla et le rocher de Vélez de la Gomera, ainsi que la région de Tarfaya faisant face aux îles Canaries. Ils prennent également le contrôle de Ceuta à l'issue de la débâcle portugaise à la bataille des Trois Rois qui se solde par l'établissement de l'Union ibérique (1580).Les Wattassides affaiblis donnent finalement le pouvoir à une dynastie se réclamant d'une origine arabe chérifienne (les Saadiens) en 1554.
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| | | Soly Anidjar
Nombre de messages : 42588 Age : 72 Date d'inscription : 13/07/2006
| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:33 | |
| Les Saadiens, appelés parfois Zaydanides, constituent une dynastie arabe chérifienne originaire de la vallée du Draâ. Elle arrive au pouvoir en 1511 avec le sultan Muhammad al-Mahdi al-Qaim bi-Amr Allah et choisit Marrakech pour capitale définitive après Taroudant. À partir de 1554 elle contrôle entièrement le Maroc, alors que le Maghreb central et oriental est sous la domination des Ottomans. Mohammed ech-Cheikh est un adversaire résolu du sultan-calife ottoman Soliman le Magnifique. Pour conjurer la menace exercée par les gouverneurs turcs d’Alger, le sultan saadien n’hésite pas à chercher l’alliance des Espagnols qui occupent Oran et lui permettent de s’emparer de Tlemcen. Malgré un raid dévastateur contre Fès les troupes ottomanes ne pénètrent pas vraiment l’intérieur du territoire marocain, et les Saadiens peuvent étendre leur occupation sur le Nord-Ouest algérien. La diplomatie de Mohammed ech-Cheikh lui vaut l’inimitié tenace de la Sublime Porte. En effet, en 1557 des assassins à la solde du pacha d’Alger Hasan Corso décapitent le sultan marocain et envoient sa tête en trophée à Istanbul, où Soliman peut contempler ainsi son implacable ennemi de l’Ouest. | |
| | | Soly Anidjar
Nombre de messages : 42588 Age : 72 Date d'inscription : 13/07/2006
| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:34 | |
| Ce meurtre n’a cependant pas d’incidence sur le front militaire et consolide même les assises de la dynastie saadienne.
Désignés par les confréries mystiques et notamment la Chadilya et la Jazoulya, les Saadiens ont la lourde tâche de réunifier le Maroc et de combattre le jeune roi Sébastien Ier de Portugal désireux de mener sa croisade personnelle en Afrique. En 1578 à Ksar el-Kébir (bataille des Trois Rois), l’armée portugaise composée de mercenaires originaires de toute la chrétienté occidentale (chevaliers portugais, miliciens espagnols, lansquenets allemands et hallebardiers pontificaux italiens) est complètement anéantie par les forces saadiennes qui s'offrent une victoire au retentissement considérable.
À l’issue de cette bataille, la dynastie se concentre sur le nord-est du Maroc afin de protéger le royaume contre les ambitions ottomanes. Malgré leur opposition à la Sublime Porte, les Saadiens organisent leur makhzen et leur armée sur le modèle ottoman. L’administration adopte les titres de pachas et de beys, et les sultans se dotent d’une garde d’élite composée de peiks et de solaks, reprenant la discipline et le costume des janissaires turcs. Un représentant du sultan doté du titre de "khalifa". | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:45 | |
| exerce le pouvoir de vice-roi depuis Fès sur les provinces du nord et de l’est. Beaucoup de pachas et de caïds sont des renégats et des Andalous chargés de la perception fiscale et de la répression de toute révolte contre le makhzen.
L’influence turque s’explique par l’exil des princes Abu Marwan Abd al-Malik et Ahmed (futur Ahmed al-Mansur Saadi) à Alger et à Istanbul durant le règne de leur demi-frère Moulay Abdallah el-Ghalib, qui avait voulu les éliminer afin d’être l’unique représentant de la dynastie. Le soutien du sultan ottoman Murad III aux prétentions des deux princes saadiens peut paraître paradoxal en raison de la nature conflictuelle des relations maroco-turques, mais Abd al-Malik puis son frère savent exploiter intelligemment cet appui pour récupérer le trône et éliminer leur neveu Mohammed el-Mottouakil (fils d’al-Ghalib) qui de son côté s’était allié au Portugal. La mort de Murad III en 1595 met fin par ailleurs aux appétits hégémoniques de la Sublime Porte et renforce ainsi l’indépendance marocaine. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:47 | |
| Si les Turcs sont surtout présents dans l’état-major et dans l’artillerie, l’essentiel de l’armée saadienne est composée de renégats européens et de tribus militaires arabes Cheragas ainsi que de contingents du Souss (les Ehl el-Souss, constituant l’ossature militaire de la dynastie). Cette force considérable, estimée à 40 000 hommes par l’historien Henri Terrasse, fait du sultan Ahmed al-Mansur le plus puissant chef politique et militaire de cette partie de l’Afrique. Il le prouve en lançant un de ses plus brillants officiers, le général Yuder Pacha, à la conquête de l’Empire songhaï du Mali qui devient après la bataille de Tondibi le pachalik marocain de Tombouctou et du Bilad as-Sûdan (le Soudan occidental, par opposition au Soudan oriental nilotique), incluant les prestigieuses cités de Gao et de Djenné. Sur le plan religieux, la primauté du califat saadien est reconnue jusqu’au Tchad par Idriss III Alaoma, souverain du royaume du Kanem-Bornou. Cette allégeance spirituelle marque une victoire indéniable pour le sultan al-Mansur sur la scène africaine au détriment de l’Empire ottoman qui entend user aussi de son statut de califat.
Les Askia du Mali renversés, l’or de la vallée du fleuve Niger prend le chemin des oasis marocaines puis de Marrakech par le circuit de caravanes sous forte escorte. Grâce à cet or malien, le sultan se lance dans une politique de grand prestige, achève son immense et luxueux palais El Badi et l’on voit même la reine de France Catherine de Médicis tenter de recourir à un emprunt de 20 000 ducats auprès du richissime al-Mansur. De son côté la reine Élisabeth Ire d’Angleterre veut nouer une alliance stratégique anti-espagnole avec le puissant califat saadien, afin de contrer les ambitions de Philippe II. Cette politique se concrétise par l’attaque conjointe anglo-marocaine contre Cadix (1596) et par l’échange d’ambassadeurs entre les cours de Londres et de Marrakech en 1600. Mais cette page brillante s’achève par le décès d’Ahmed à Fès en 1603. Dès 1612, les pachas de Tombouctou se conduisent en princes indépendants et l’or du Mali cesse de parvenir jusqu’à Marrakech. La dynastie s’éteint en 1659 à la mort du sultan Ahmed el-Abbas, qui met fin à une longue guerre dynastique opposant les différents héritiers de la famille saadienne. À la veille de la disparition de la dynastie saadienne, le Maroc se fractionne en plusieurs pouvoirs locaux, dont certains ambitionnent de dépasser leur cadre régional et de s’imposer à l’échelle nationale. Parmi ces puissances, les plus remarquables sont la zaouia de Dila, basée dans le Moyen-Atlas, et dont la force repose sur les tribus berbères des montagnes, notamment les Sanhadjas, ainsi que la zaouia d’Illigh qui fonde le royaume du Tazeroualt dans le Souss et contrôle d’importantes routes caravanières en provenance du Sahara. À côté de ces États théocratiques soufis, le chef de guerre el-Ayyachi, champion du jihad dans les provinces atlantiques, se taille un fief important dans le Gharb. Les villes côtières à dominante andalouse s’érigent également en entités politiques indépendantes, comme la République de Salé et la principauté des Naqsides à Tétouan. Enfin, à Marrakech et dans le Haouz émerge la seigneurie des anciens caïds du palais saadien. Mais de tous ces protagonistes en présence, ce sont les Alaouites, émirs du Tafilalet qui s’imposent grâce à une conquête méthodique et graduelle du Maroc, mettant à profit les faiblesses internes et les dissensions de leurs adversaires. La dynastie alaouite parvient ainsi au pouvoir sur l’ensemble du territoire au milieu du XVIIe siècle.
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| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:48 | |
| Dès le début des succès de la Reconquista, des musulmans andalous ont commencé à se replier vers le Maroc ; ainsi dès le XIIe siècle certains Andalous décidèrent de quitter l'Espagne maure mais la majorité d'entre eux ont été contraints de quitter l'Espagne principalement en deux temps : à la chute de Grenade en 1492, et en 1609 avec l'expulsion des Morisques suivi du repli vers le Maghreb.
Il est nécessaire de rappeler qu'avant 1492, la proximité géographique du Maroc avec l'Espagne andalouse a naturellement induit des échanges constants et divers entre ces deux pays.
La proximité du Maroc et la volonté de retour en Espagne va entraîner la présence d'une grande concentration d'Andalous sur les rives Nord du Maroc. Les Rois catholiques espagnols voyant dans cette concentration un danger, situé à juste à 14 km de leur rive, attaquèrent les rives Nord du Maroc et du Maghreb et prirent les villes de Melilla et de Penon de Velez afin de prévenir toute tentative de retour.
L'arrivée massive de ces Andalous, que le Maroc devra intégrer dans les tissus social et économique, va marquer un nouveau tournant dans la culture, la philosophie, les arts et la politique. Notons que de nombreux intellectuels et artistes andalous rejoindront les cours royales, ce mouvement sera initié par le célèbre Averroes de Cordoue (décédé à Marrakech) et par le dernier poète arabe classique de l'Espagne musulmane, Ibn al-Khatib de Grenade qui finit sa vie à Fès.
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| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:49 | |
| Les Moriscos installés à Rabat (appelé la Nouvelle-Salé) et Salé (Salé l'Ancienne) forment un État corsaire à partir de 1627, la République du Bouregreg dite aussi République des Deux Rives. Cette entité politique, comparable aux autres Régences barbaresques du Maghreb, subsiste de courses commerciales fructueuses qui amènent ses caïds gouvernants à négocier avec les principales puissances européennes. La témérité des capitaines salétins est en effet réputée, et certains d'entre eux mènent des raids audacieux jusqu'en Islande voire jusqu'en Amérique du Nord (Terre-Neuve, Baltimore). Après une période d'indépendance au début du XVIIe siècle, le sultan alaouite Moulay Rachid met fin à l'existence de la république salétine et l'annexe à l'Empire chérifien.
De même, la ville de Tétouan, peuplée majoritairement « d'Andalous » depuis sa reconstruction à la fin du XVe siècle, forme une principauté de facto indépendante, gouvernée par la famille Naqsis. La principauté accueille plus de 40 000 Morisques à la suite de leur explulsion[53]. De structure sociale comparable à celle de Rabat, la course y représente une activité de première importance par le biais de son port de Martil, en aval du fleuve éponyme qui l'y relie.
Au Maroc, la guerre de course décline à la fin du XVIIIe siècle, avec arrêt définitif en 1829, à la suite des attaques de représailles de la flotte autrichienne contre la ville d'Asilah (qui faisait suite à la capture d'un navire de cette nation par des corsaires marocains. ). La majorité des capitaines salétins est d'origine morisque mais sont aussi présents des renégats (le plus célèbre étant le Néerlandais Jan Janszoon devenu Mourad Raïs), des Marocains autochtones et des marins turcs ou turquisés originaires d'Alger et de la Régence de Tripoli.
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| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:49 | |
| L'un des plus illustres Alaouites est le sultan Moulay Ismaïl, deuxième souverain de la dynastie, à qui les chroniqueurs et les témoins d'époque s'accordent à donner 26 ans lors de son avènement (1672). Il est le demi-frère de Moulay M'hammed et de Moulay Rachid, né d'une esclave noire dont il gardera un teint mat prononcé. Son règne se situe entre 1672 et 1727. Moulay Ismaïl succède à son demi-frère Rachid, mort accidentellement à Marrakech. Le sultan impose son autorité sur l'ensemble de l'Empire chérifien, grâce à son armée composée de milices d'esclaves-soldats noirs originaires du Sénégal, du Mali et de Guinée (les Abid al-Bukhari, véritables janissaires africains dévoués à la personne exclusive du sultan et comparables aux janissaires de l'Empire ottoman) et des tribus arabes guich (Oudayas, Cherrardas, Cheragas). Dans le système guich, les tribus bénéficient d'exonérations fiscales et de cessions de terres agricoles en échange de leur service, mais cela conduit à la formation d'une caste militaire toute puissante au sein de laquelle le makhzen recrute également une grande partie de son personnel. L'État ismaïlien est une formidable machine administrative qui contrôle le pays depuis Meknès, nouvelle capitale impériale en remplacement de Fès et de Marrakech. Sous le règne d'Ismaïl Meknès se dote d'une cité interdite à la manière marocaine (dont l'organisation et la fonction présentent des similitudes avec la Cité interdite de Pékin), avec ses ensembles de palais, de bassins, de mosquées, de jardins et de forteresses. Cette structure gigantesque est destinée à abriter le souverain, sa Cour, son harem, sa garde personnelle et l'ensemble des hauts fonctionnaires de son administration. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:50 | |
| Ismaïl est souvent comparé à son alter ego européen Louis XIV; par ailleurs le sultan marocain entretient une correspondance suivie avec le roi de France, auquel il demande la main de sa fille, Marie Anne de Bourbon (1666-1739), princesse de Conti dite aussi Mademoiselle de Blois. Demande qui restera sans suite auprès du Roi-Soleil. L'ambassadeur marocain en France en 1699, l'amiral des « mers marocaines » Abdallah Ben Aïcha, est l'auteur du premier essai en langue arabe décrivant Versailles et les splendeurs de la Cour royale française. Il suivait de quelques années (1693) le baron François Pidou de Saint-Olon, ambassadeur de France à Meknès, auteur d'une « relation » sur le « royaume de Fez et de Maroc ». Les rapports entre les deux pays connaissent une phase de déclin en raison de l'échec des rachats des captifs chrétiens par les missions religieuses, et en raison également du sort des galériens musulmans retenus en France. Le rapprochement franco-marocain avait été motivé par l'opposition des deux pays envers l'Espagne de Charles II, mais l'accession au trône espagnol de Philippe V (Philippe de France, comte d'Anjou), petit-fils de Louis XIV, met fin à cette entente. Par conséquent les liens diplomatiques officiels sont rompus entre Meknès d'une part et Paris et Madrid d'autre part en 1718. Ils ne seront rétablis qu'en 1767. Ismaïl considère en effet la monarchie hispano-française des Bourbons comme désormais entièrement hostile aux intérêts du Maroc. La France est donc supplantée dans l'Empire chérifien par l'Angleterre, ce qu'illustre la brillante ambassade britannique du commodore Stewart et de John Windus à Meknès en 1721. | |
| | | Soly Anidjar
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| Sujet: Re: IL ETAIT UNE FOIS LE MAROC Dim 2 Sep 2012 - 17:52 | |
| Ismaïl mène une guerre continuelle contre les tribus rebelles de l'Atlas (qu'il finit par soumettre) mais aussi contre les ennemis extérieurs : les Espagnols, les Anglais (du moins avant leur évacuation de Tanger en 1684) et les Ottomans de la Régence voisine d'Alger qui convoitent incessamment la région d'Oujda. Le sultan étend l'autorité chérifienne sur la Mauritanie jusqu'au fleuve Sénégal grâce au concours des émirs maures de l'Adrar, du Trarza et du Brakna, réaffirmant la souveraineté du makhzen sur le pays de Chinguetti. À l'est, les oasis du Touat sont soumises. Dans les années 1700, Ismaïl livre également des campagnes militaires contre quelques-uns de ses propres fils désireux de se tailler des principautés dans le Souss, à Marrakech et dans l'Oriental.
De 1727 à 1757 le Maroc connaît une grave crise dynastique au cours de laquelle les Abid al-Bukhari font et défont les sultans, tandis que les tribus guich se soulèvent et razzient les villes impériales. Les autres tribus profitent de l'anarchie pour entrer en dissidence (siba). De cette période troublée émerge la figure de Moulay Abdallah II du Maroc, renversé et rétabli à plusieurs reprises entre 1729 et 1745. Il doit subir les sécessions de ses demi-frères qui fondent de véritables royaumes dans chacune des provinces, avec l'appui de telle faction des Abids ou des guich. De même, les habitants de Salé et de Rabat renouent avec l'autonomisme corsaire, et dans le Nord marocain les pachas de la famille Rifi établissent une véritable dynastie qui contrôle Tanger et Tétouan. Les puissantes confédérations, comme les Aït Idrassen et les Guerrouanes, rentrent en dissidence et s'emparent du trafic caravanier qui relie les centres commerciaux de l'Empire chérifien aux oasis sahariennes et au Bilad as-Sûdan qui se détache de l'autorité marocaine.
L'ordre est rétabli par Mohammed III du Maroc (1757-1790) qui restaure l'unité du sultanat et l'autorité du makhzen officiel. La politique de Mohammed III se caractérise par l'ouverture diplomatique et commerciale du Maroc qui veut récupérer des taxes douanières pour alléger la pression fiscale sur les fellahs. | |
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