20 août 1953 : Coup d’Etat français contre le sultan du Maroc Mohammed Ben Youssef
La décision des autorités françaises de renverser le sultan marocain Mohammed Ben Youssef fait de celui-ci un martyr. Ce geste déclenchera des manifestations populaires, puis des émeutes, qui mèneront à l'indépendance du Maroc en 1956 avec Ben Youssef comme roi.
En 1953, le Maroc est un protectorat de la France. Il compte 300 000 colons français, bénéficiant d'une économie florissante, parmi les 8.5 millions de Marocains. Pour resserrer leur contrôle sur le Maroc, les autorités françaises renversent le sultan Ben Youssef, considéré comme trop nationaliste et responsable des émeutes de 1952. Et ce avec l’appui d’ El Glaoui, le richissime pacha de Marrakech et allié des Français. Avec une majorité de caids que compte le Maroc, le "seigneur de l'Atas" se met à la tête de cavaliers berbères et marche sur Rabat pour exiger le départ du Sultan. Le 20 août 1953, Ben Youssef est renversé par les autorités françaises, envoyé en exil en Corse, puis à Madagascar. Il est remplacé par Mohammed Ben Moulay Arafa, un dignitaire alaouite trop âgé et faible de caractère que la population autochtone considère comme un usurpateur. Même s'il n'a pas été particulièrement apprécié, Ben Youssef devient un martyr. Des organisations de résistance (Croissant rouge, Main noire) perpètrent des attentats contre des magasins, des trains ou des civils français qui, en 1954, font 200 morts et 500 blessés. Les autorités françaises répliquent par une répression brutale. Des milliers de Marocains sont arrêtés et des centaines abattus. Des colons se font aussi justice, organisant des bandes anti-terroristes qui s'en prennent même à des Français modérés. Pour calmer la situation, la France nomme Gilbert Grandval résident général. Mais l'opposition des colons, jointe à la montée des revendications et attentats de nationalistes marocains, font échouer sa mission. Les émeutes de Casablanca et le massacre d'Oued Zem le 20 août 1955 forcent Grandval à démissionner peu de temps après sa nomination. La montée de la violence convainc le gouvernement d'Edgar Faure de négocier. À l'automne 1955, la France accepte le retour de Mohammed Ben Youssef. Un an plus tard, elle octroie l'indépendance au Maroc dont Ben Youssef, devenu Mohammed V, sera le roi.
20 août 1955 : Massacre des français à Oued Zem
Le deuxième anniversaire du renversement du sultan Mohammed Ben Youssef est marqué par une révolte au Maroc. Des massacres effectués par des cavaliers berbères dans le quartier européen d'Oued Zem entraînent une sévère répression des autorités françaises. Elle précède de quelques mois l'accession du pays à l'indépendance.
En juillet 1955, le nouveau résident général, Gilbert Grandval, lance des réformes visant à mettre fin à la spirale de violence au Maroc et à lui octroyer l'autonomie. Les responsables marocains et français désirent un compromis, mais les nationalistes marocains et les colons s'y opposent. En geste de bonne volonté, Grandval libère des prisonniers politiques et renvoie neuf fonctionnaires français opposés à sa politique. La violence se poursuit néanmoins, dont un soulèvement inattendu de tribus berbères contre les Français. Farouches opposants à l'arabisation qui sont traditionnellement des alliés des Français, nombre de ces berbères avaient même soutenu le renversement de Ben Youssef en 1953. Ce changement de camp est brutal. Descendant des collines, des milliers de cavaliers berbères de la tribu Ouled Aissim se dirigent vers la petite ville d'Oued Zem, à 130 km au sud de Casablanca. Ils envahissent le quartier européen, mettent le feu aux maisons et tuent sauvagement les européens qu'ils rencontrent. Pendant que l'horreur règne à Oued Zem, les survivants français se réfugient dans la mairie. Lorsque les troupes françaises, surtout des légionnaires, arrivent, l'ordre est de ne faire aucun prisonnier. Des combats éclatent. Pour briser le soulèvement, le général Raymond Duval parachute des troupes d'élite. Les combats durent trois jours et font quelque 1700 morts. Ce deuxième anniversaire du renversement du sultan Ben Youssef est souligné de façon très sanglante. Le gouvernement français en tire des leçons. Ben Youssef sera autorisé à revenir au Maroc. De plus, des négociations seront entreprises. Elles conduiront six mois plus tard à l'indépendance du pays.