Debdou
Debdou est située dans le nord-est du Maroc dans un paysage montagneux, à l'écart des routes qui relient le Maroc occidental à l'Algérie. L'origine de la communauté juive dans cette localité remonterait à la période almohade ou mérinide. Aux Juifs autochtones se sont ajoutés des Juifs expulsés d'Espagne lors des émeutes de 1391. Le quartier juif de Debdou fut érigé près d'une source considérée comme miraculeuse car elle aurait surgi à la suite des prières de l'un des exilés, le rabbin David Hacohen, chef de la communauté.
La connotation espagnole de cette ville se maintint pendant plusieurs siècles puisqu'on l'appelait Séville au sein de la communauté. La ville connaît son apogée au XVIIe et XVIIIe siècles, même si la conquête par la France de l'Algérie voisine déplace le commerce vers Tlemcen. La ville possède un tribunal rabbinique et la yéchivah de Debdou attire de nombreux étudiants; les juges et abatteurs rituels d'autres communautés viennent y faire leur formation. Cependant l'épidémie de peste en 1745 décime sa population juive et au XIXe siècle, les Juifs sont placés sous la protection du Pacha de Fès. Mais l'insécurité dans la région se maintient jusqu'à l'occupation française en 1911. À cette période, Debdou compte 50% de Juifs - dont la moitié sont des Cohanim - sur une population de 4000 habitants et plus d'une douzaine de synagogues. La plupart d'entre eux pratiquent les métiers de la bijouterie, du tissage, de la broderie, de la maroquinerie et de l'élevage. À la suite de la création de l'État d'Israël et après l'Indépendance du Maroc les habitants de Debdou émigrent vers les villes de l'intérieur, vers Casablanca, la France et Israël. Parmi les figures qui ont marqué l'histoire de la communauté juive de Debdou, on peut citer : Rabbi Abraham BenSoussan, Rabbi Yossef Cohen-Scali, Rabbi David Hacohen et Rabbi Chlomo Hacohen.