Allongé sur son divan, la joue gonflée par une boule de feuilles de qat, le rabbin jette un oeil par la fenêtre du salon puis se lève. Le ciel s’est assombri. Le rabbin Yahyah Youssef Moussa allume les bougies. Dans le salon, une douzaine d’hommes et d’enfants sont assis, un livre de prières à la main. Le rabbin revient. Des invités jordaniens s’éclipsent. On éteint la télé. Puis, au coeur de Sanaa, capitale du Yémen, s’élève la prière du shabbat.
Il y a encore deux ans, c’est dans sa maison d’Al-Haid, un quartier de Salem, une ville du Nord-Yémen, que Yahyah, âgé seulement de 27 ans, dirigeait la prière. Temps révolu. Début 2007, le rabbin et la soixantaine de juifs yéménites de Salem ont dû fuir leur terre pour trouver refuge près de Saana. « Les problèmes ont commencé en 2004, avec les affrontements entre les rebelles Houthis et l’armée yéménite », explique le rabbin.