Au moment du tremblement de terre d'Agadir nous nous trouvions à Casablanca. J'avais 15 ans et j'étais alors pensionnaire à l'Institution Jeanne d'Arc. Après dîner pendant la récréation d'une demi heure, je marchais seule dans la cour. Subitement j'ai remarqué une sorte de lueur rosâtre dans le ciel. Cela m'a paru anormal et j'ai eu peur en pressentant que quelque chose de terrible allait arriver. J'en ai parlé à une deux filles qui naturellement n'y ont pas cru. Plus tard alors que nous étions en train de nous préparer pour la nuit au dortoir, nous avons entendu un grondement sourd comme si un énorme camion roulait sous nos fenêtre. Ma mère qui était chez nous rue Claude Bernard a vu les mûrs de sa chambre trembler en sortant sur la terrasse, et a entendu les chiens hurler à la mort.
Le lendemain on nous a annoncé ce terrible tremblement de terre et des jeunes filles ont été accueillies dans notre école tandis que leurs parents retournaient à Agadir. Ces jeunes filles étaient bien traumatisées. L'une d'entre elles, nous a raconté être sortie de sa chambre au 1er étage en attachant les draps à son lit car sa porte ne voulait pas s'ouvrir. Se parents rescapés, ont retrouvé le berceau d'un bébé suspendu dans l'escalier entre deux étages. Le bébé était en parfaite santé mais les parents avaient péri.
Nous n'avons donc pas vécu ce drame mais avons quand même en beaucoup d'échos de toute la souffrance engendrée par cette secousse.