20 août 1955 : Massacre des français à Oued Zem
Le deuxième anniversaire du renversement du sultan Mohammed Ben Youssef est marqué par une révolte au Maroc. Des massacres effectués par des cavaliers berbères dans le quartier européen d'Oued Zem entraînent une sévère répression des autorités françaises. Elle précède de quelques mois l'accession du pays à l'indépendance.
En juillet 1955, le nouveau résident général, Gilbert Grandval, lance des réformes visant à mettre fin à la spirale de violence au Maroc et à lui octroyer l'autonomie. Les responsables marocains et français désirent un compromis, mais les nationalistes marocains et les colons s'y opposent. En geste de bonne volonté, Grandval libère des prisonniers politiques et renvoie neuf fonctionnaires français opposés à sa politique. La violence se poursuit néanmoins, dont un soulèvement inattendu de tribus berbères contre les Français. Farouches opposants à l'arabisation qui sont traditionnellement des alliés des Français, nombre de ces berbères avaient même soutenu le renversement de Ben Youssef en 1953. Ce changement de camp est brutal. Descendant des collines, des milliers de cavaliers berbères de la tribu Ouled Aissim se dirigent vers la petite ville d'Oued Zem, à 130 km au sud de Casablanca. Ils envahissent le quartier européen, mettent le feu aux maisons et tuent sauvagement les européens qu'ils rencontrent. Pendant que l'horreur règne à Oued Zem, les survivants français se réfugient dans la mairie. Lorsque les troupes françaises, surtout des légionnaires, arrivent, l'ordre est de ne faire aucun prisonnier. Des combats éclatent. Pour briser le soulèvement, le général Raymond Duval parachute des troupes d'élite. Les combats durent trois jours et font quelque 1700 morts. Ce deuxième anniversaire du renversement du sultan Ben Youssef est souligné de façon très sanglante. Le gouvernement français en tire des leçons. Ben Youssef sera autorisé à revenir au Maroc. De plus, des négociations seront entreprises. Elles conduiront six mois plus tard à l'indépendance du pays.