Si le granit rose de la région « adhère » au pied du marcheur, le montagnard a cependant besoin d’être bien chaussé pour aller travailler ses parcelles, se rendre au souk ou suivre son troupeau.
Les babouches, fabriquées souvent dans leurs échoppes mêmes par les artisans, sont portées par 80% des Tafraoutis , tout au long de l’année. Leurs semelles épaisses mais plates, leur rabat sur le talon et leur largeur assurent le confort du pied en toutes circonstances, et une marche souple, même en terrain rocailleux.
Idoukane est le terme générique au pluriel. En fait celles des hommes, très simples, soit en peau naturelle, soit en cuir jaune, se nomment Tamreît ou Tihirit. Celles des femmes, appelées Tenchbelt sont tout simplement rouges pour les jours ordinaires. Pour les fêtes religieuses, les fiançailles, les mariages et autres réjouissances, elles s’ornent de broderies et de pompons aux couleurs vives et gaies, ou uniquement rouges. Les Tenchbelt de fête sont plus sophistiquées. Les semelles de cuir sont plus fines, car elles ne sont destinées à durer que le temps des fiançailles ou des épousailles. Ensuite, certaines seront gardées précieusement dans le coffre de la jeune épousée.
On peut donc parler d’un véritable art de la babouche tafraoutie, propre à la région, taillée et assemblée par des hommes, brodée et décorée par des femmes.
Le touriste qui prend le temps de s’arrêter à Tafraout, ne manquera pas d’admirer les alignements d’Idoukane dans les boutiques des fabricants aussi aimables qu’habiles … et sera sans doute séduit par le prix modique de ces objets d’artisanat traditionnel qui sont en même temps tellement pratiques ! Et puis les babouchiers se sont adaptés aux goûts du monde moderne, et ne cessent de créer de nouveaux modèles.