MAROC PAYS QUI M'A VU NAITRE PAR SOLY ANIDJAR
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MAROC PAYS QUI M'A VU NAITRE PAR SOLY ANIDJAR

HISTOIRE DES JUIFS DU MAROC-CASABLANCA-RABAT-MAZAGAN-MOGADOR-AGADIR-FES-MEKNES-MARRAKECH-LARACHE-ALCAZARQUIVIR-KENITRA-TETOUAN-TANGER-ARCILA-IFRANE-OUARZAZAT-BENI MELLAL-OUEZANE
 
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 JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE

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Soly Anidjar
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Soly Anidjar


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MessageSujet: JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE   JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE Icon_minitimeMer 31 Jan 2007 - 18:25

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Hannah
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MessageSujet: Re: JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE   JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE Icon_minitimeDim 25 Fév 2007 - 17:06

TEMOIGNAGE D'UN RESCAPE .


Je m'appelle Albert Ohayon, à l'âge de 11 ans et demi le séisme frappe ma petite ville. Mes parents tenaient un bain maure, une petite synagogue et des appartements qu'ils louaient, tout cela faisait partie de ma maison a Talborjt. Notre maison se trouvait au numéro 17 rue Karachi au Talborjt, juste en face de la Kasbah d'où on avait la vue de Founty et du port. J'étudiais à l'Alliance Israélite d'Agadir. Mon père travaillait à la SATAS ( société anonyme des transports automobiles du Souss). Le récit que je vous envoie fait partie du livre sur ma vie avant et après le tremblement de terre.

Soudainement, le 29 février 1960 vers minuit, la terre commence à trembler. Je suis dans mon lit et je rêve que le jour d'après je vais à la pêche. D'un coup j'aperçois que les tapis qui étaient accrochés sur les murs me tombent dessus et je vois des grosses pierres tomber dans ma direction, puis un bruit de tonnerre qui ne s'arrête pas. La terre continue a trembler et le grondement ne cesse pas. Je me demande si je rêve encore, mais lorsque je rêvais je me préparais pour la pêche, maintenant ce sont les murs de ma chambre qui tombent. Le plafond est déjà parti parce que je commence à voir de la poussière et plus tard les étoiles. Le ciel d'Agadir était toujours bleu de journée et très noir de nuit.

D'un seul coup tout s'arrête, pas un bruit, rien ne bouge. Je me trouve coincé entre le tapis et les grosses pierres, je n'arrive pas à bouger. Je sens que j'ai reçu des coups sur le visage mais je ne les ai pas senti pendant le grondement. Peut-être que je pensais que ce était qu'un rêve et dans les rêves on ne sent pas la douleur. Par contre je sentais la grande peur de me réveiller et de voir que je ne rêvais plus. Toujours coincé, j'essaie de bouger mes mains, mes pieds, ma tête. J'essaye de parler, mais je n'arrive pas. Il y a trop de poussière et ma gorge est sèche.

Je commence à appeler mon père et ma mère, mais c'est ma petite soeur Thérèse qui me répond. Elle me dit qu'elle aussi est coincée et ne peut pas bouger. Pendant longtemps on attend et finalement mes parents arrivent et commencent à nous parler. Jusqu'à présent, je n'avais aucune idée que ma petite ville venait d'être entièrement détruite. Mes parents, je les entendais, mais j'étais loin sous les décombres. Je leur dis que j'avais des bougies pas loin de moi, mais que je ne pouvais pas bouger. Ma mère commence à me dire que tout le monde est vivant dans la maison, sauf Maurice, mon frère qui était allé voir un film de Gozilla en Ville Nouvelle. Lui on ne sait pas se qui lui est arrivé. Sylvia, elle, se lève de son lit sans égratignure. Rosa était un peu coincée, mais vite libérée. Jacques, lui était dans une chambre d'où il a pu s'échapper sans dommages.

Finalement, mes parents avec l'aide de quelques voisins réussirent à nous sortir des décombres. Il faisait encore nuit et après le long silence qui suivait le tremblement, maintenant c'était le grand chaos, les cris de gens qui souffraient sous les immeubles effondrés, les feux qui brûlaient. Les gens qui courraient dans la rue en cherchant les leurs. On s'était réuni au bord du ravin en face de chez nous. On demandait à tous les passants s'ils n'avaient pas vu notre frère Maurice. Personne ne l'avait vu. Comme j'étais bien placé, je ne reconnaissais plus la rue Karrachi, notre maison qui avait 2 étages ne ressemblait maintenant qu'à un tas de pierres, il n'y avait plus ce grand portail à côté où il y avait le Garage de Paris, plus loin à droite un immeuble de trois étages où habitaient nos voisins les Tardis, rien ne restait de l'immeuble. A gauche où habitaient les Liamani , rien ne restait.

Au fur et à mesure que le jour se levait, on commençait à voir la dévastation de notre petit quartier du Talborjt, rien ne tenait debout, tout était écroulé. Les gens commençaient à retirer les survivants et les morts commençaient à être mis dehors, des fois couverts des fois sans rien du tout. Jusqu'à ce jour-là, je n'avais encore jamais vu une personne morte. Je ne comprenais pas pourquoi cela était arrivé et si on était les seuls sur la terre entière où le tremblement avait fait ce ravage. Je m'étais dit que peut être c'était la fin du monde et qu'on n'était pas les seuls avec ce malheur. On avait décidé d'aller voir si nos voisins et cousins étaient encore en vie. Toute la famille de notre voisin Liamani était morte, sauf le mari qui ne faisait que prononcer des mots coraniques, "Achadou Lilah, Mohamed Rassou Lilah". Il pleurait comme un enfant. Dans ces moments horribles, on ne peut rien faire.

Il y a juste quelques heures toute la ville dormait tranquillement et d'un coup tout est bouleversé. Pour certain, c'était la mort, pour d'autre un chemin très long à remonter. Je me posais la question , pourquoi Agadir et pas une autre ville dans un pays très lointain? Qu'est-ce qu'on avait fait pour mériter ce sort? Je me souviens que des marins français étaient venus retirer les gens des décombres, mais il y avait tellement de gens a sauver qu'ils ne pouvaient pas tout faire. Il fallait des grosses machines pour essayer de bouger ces tonnes et tonnes de débris. Quelle catastrophe! Avec mes parents, on continuait a essayer de retrouver la rue où mes cousins habitaient.

La Grand-mère Freha, la petite cousine Thérèse et ma tante Blida étaient mortes. Albert, le petit cousin qu'on appelle Tito, avait reçu des pierres sur son crâne et on le croyait mort. On l'a tout de suite envoyé a Casablanca avec son frère Baba, qui avait reçu de graves blessures sur ses reins. Baba a succombé, mais Albert a survécu. Haim, leur frère, était au cinéma avec mon frère Maurice et notre autre cousin Maurice Abitbol, on ne connaissait pas encore leur sort Chez mes autres cousins, les Abitbol, une famille de huit personnes, un seul a survécu: Maurice qui a eu la chance d'aller au cinéma cette nuit-là... De mes copains, ils sont tous morts à part quelques uns qui eux ont perdu leur famille entière. La situation devenait intolérable, plus le temps passait plus l'agonie montait. Les gens désespéraient. Ceux qui étaient encore ensevelis n'avaient pas de chance de s'en sortir vivants. Je passais devant le cinéma Rex de Talborjt et là je reconnais un vendeur de bonbons avec pas loin son étalage, avec des bonbons partout, il y avait même des paquets intacts de cacahouètes trempées au sucre. Le café Rex était fréquenté par les joueurs de poker et comme c'était le mois du Ramadan, il y avait une centaine de personnes ensevelies sous le bâtiment. Plus loin dans la même rue, je passais devant un bijoutier et dans la vitrine, il y avait encore des bijoux. Plus tard j'ai appris que des voleurs étaient venus voler les gens. J'ai même entendu que certains voleurs coupaient les doigts des gens pour leur enlever leurs bijoux. Apparemment l'armée a commencé à leur tirer dessus.

Dans tout ce chaos, on se met à marcher vers l'aéroport, qui était l'endroit où les vivres devaient arriver et comme c'était la plaine, il y avait moins de danger en cas d'un autre tremblement. Car la terre continuera à trembler de temps à autre, ce qui rendait la situation encore plus dangereuse. Je me souviens qu'on portait un petit garçon enveloppé dans un drap. Il était mort, et ses parents attendaient le moment pour l'enterrer. Je dormais a quelques mètres de lui et j'étais tenté de voir qui était ce pauvre petit gars.

Soudainement, mon frère Maurice apparaît, il nous dit :" j'ai pensé que vous étiez tous morts, après avoir vu l'état de notre maison". On devait être la seule famille qui n'avait pas perdu un seul des siens. Mais la perte de tous nos cousins et nos amis nous avait beaucoup frappé. Le jour après la catastrophe, il n'y avait rien a faire que de rester ensemble et écouter ce que nos parents allaient faire pour nous. Je ne me souviens même pas si il y avait à manger. De toute façon, on oublie la faim, le froid, la chaleur, et les blessures; on essaye de comprendre l'amplitude de ce qu'on vit. Il n'y a vraiment rien à comprendre. On ne sait même pas ce qui se passe autour de nous Une chose était certaine, c'est qu'il y avait des avions qui atterrissaient et décollaient pendant toute la semaine pour apporter de l'aide et des vivres, des médicaments et rapatrier les blessés.

Je ne m'attendais pas à ce bouleversement de ma vie. C'est une chose, si je faisais partie des morts, mais non, il va falloir se refaire sa vie.

Personne ne savait encore combien de personnes étaient mortes. Certains disaient 10.000, d'autres 15.000, mais en fin de compte personne ne saura jamais. J'apprendrai plus tard que sur 800 jeunes juifs qui étudiaient a notre Yeshivah (école hébraïque), seulement une douzaine d'eux survivront, ils seront tous enterrés dans une fosse commune dans le cimetière juif à Yahchach. Tous les quartiers avaient été touchés, Talborjt et Yachach étaient l'épicentre. La Kasbah, Founti et Anza eux étaient rasés parce qu'ils étaient construits sur les collines, tout avait dégringolé: maisons sur maisons, on ne reconnaissait plus rien. La ville nouvelle était touchée, mais comme les structures étaient mieux bâties, il y eut moins de dégâts, sauf pour les immeubles de plus de 3 étages. Il y a en avait un de 7 étages qui était effondré comme si un géant était assis sur le toit et l'aplatissait comme une galette de Pâques. Plus loin, le quartier industriel n'avait pas eu beaucoup de dommages. Plus on s'éloignait de l'épicentre, moins les dommages étaient importants. Les écoles n'avaient pas eu de dégâts, mais comme le tremblement s'est passé a minuit, tous les étudiants étaient chez eux. Si cela était arrivé a midi, il y aurait eu des milliers d'écoliers vivants.

Le roi du Maroc, Mohamed V et ses fils, D. les bénisse, sont venus tout de suite voir ce séisme pour nous réconforter et nous assurer que la ville serait reconstruite. Tout cela c'était bien, mais pour l'instant, on ne savait que faire. Il fallait à tout prix retrouver un sens à la nouvelle vie. Où aller? Quoi faire? Et l'école? Les leçons d'hébreux? Et Mohamed, notre employé, où est -il?

Personne ne s'attendait a cette calamité, donc personne n'avait rien prévu. C'était une situation grave, et dans ma petite tête, je ne voyais pas comment les choses allaient se dérouler. Combien de temps va-t-il falloir pour se retrouver dans un chez soi? Reconstruire toute une ville, combien de temps cela va prendre, et combien de temps pour construire une école ? Oui, on peut tout reconstruire mais mes cousins qui sont morts, comment les revoir? Est-ce que on aura au moins une de leurs photos? Je ne pensais pas à quoi tout cela aboutirait, des milliers de questions passaient par ma tête. J'écoutais les grands parler, j'essayais de voir le moment où on allait tous être regroupés, pour enfin aller quelque part et faire semblant de se refaire une vie. D'un côté, c'était une grande occasion pour ne pas être à école, mais je savais au fond de moi-même que ce sujet allait me passer par la tête. J'aurais préfèré être en cours d'hébreux à réciter mes cours tous les jours au lieu d'être dans cette situation sans issue. Pendant très longtemps dans ma vie je me poserai la même question : S'il n'y avait pas eu de tremblement de terre à Agadir, quel aurait été mon destin ? Et le destins de tant d'autres Gadiris? J'apprendrai au fur et a mesure, qu'on ne choisit pas son destin, que c'est écrit, et qu'il faut s'adapter à ce que nous réserve la vie.

Je serai toujours reconnaissant aux jeunes soldats marocains et aux marins français qui ont tellement contribué à aider tous les gens d'Agadir.

Albert Ohayon
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MessageSujet: Re: JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE   JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE Icon_minitimeDim 25 Fév 2007 - 20:18

hanna merci pour ce temoignage qui est si vivant , je tremble en pensant a tous ces gens qui ont vecu ce tremblement de terre , que dieu nous aide a ne jamais voir ces tragedies.
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Hannah
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MessageSujet: Re: JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE   JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE Icon_minitimeMer 28 Fév 2007 - 14:17

LE 29 FÉVRIER 1960 J'Y ÉTAIS.


Pour ce 40ème anniversaire du séisme d' Agadir, je vous envoie mon témoignage. C'est le témoignage d un enfant, qui avait 8 ans à l'époque. J'ai perdu mon père et ma mère dans ce séisme. Je voudrais le dédier en cet anniversaire a une assistante sociale française, Melle Blériot, qui s'est occupé de moi et m'a entouré de son affection et de son amour. Toute ma reconnaissance va aussi aux Sœurs Franciscaines de l'orphelinat Llala Amina de Taroudant.

J'habitais le Talborjt, rue Khalifa, où mon père possédait un petit four à pain qu' on appelait en berbère Tafaran. Pour mieux vous situer, on habitait tout près de la maison du Pacha, une descente qui menait vers la boulangerie Navarro. Je suis né en 1952, j'avais 8 ans. Je commençais à peine le primaire à l école de Simon. Simon était le directeur de l'école. Da Lahoucine était le chaouch, ou concierge.

Trois semaines avant le séisme, il y avait un drôle de temps, un vent de sable,un ciel d'un gris bizarre. Ce 29 février 60, on entendit un bruit bizarre du côté de la mer. La terre avait comme grogné. Je me rappelle que les gens disaient que la Terre était portée par une bête à cornes, et que la bête faisait passer la Terre de tempsen temps d une corne à l autre, et c'est ce qui expliquait les tremblements. Je me souviens qu'au retour de l école ce jour la, on parlait de cela au four. Ce qui me permet d'affirmer aujourd'hui que la terre avait bel et bien bougé le 29 février à la mi-journée.

C'était le 3 ème jour du Ramadan. L'animation était plus vive la nuit que la journée. Ce soir, je me couchais comme d'habitude très tôt, car le lendemain il fallait aller à l école. Je ne savais pas que c'était la dernière fois que je voyais mes parents.

Je me suis réveillé vers une heure moins le quart du matin. Je n'avais rien senti mais je pense que j'avais reçu un coup qui me laissa sans connaissance. Notre maison était dans un genre d'appartement de 3 étages. Nous habitions le rez-de-chaussée. Le propriétaire occupait les 2 ème et 3 ème étages. En voulant me réveiller dans le noir, ma tête toucha le plafond. En position assise, le plafond était à 10 cm de ma tête je pense.

Mon frère, plus âgé que moi, criait et m'appelait. Il criait que le monde entier était tombé. On appelait à tue-tête nos parents. Ils ne répondaient pas. Quelque chose s'était passé, mais on ne savait pas quoi . Je tâtonnais avec ma main, l'espace autourde moi n était plus le même.Sur nos têtes, on entendait des pas courir, on entendait des cris, des affolements. L'obscurité était totale. Je respirais un mélange de poussière, de bois et de briques rouges brisées.

Dans le noir, j'essayai de rejoindre la voix de mon frère, Il y avait des obstacles partout. Je reconnais qu' il est très difficile pour un aveugle d'avancer lorsqu'on lui brouille les cartes. Je réussis finalement à toucher la main de mon frère. Il me serra contre lui et on commença à ramper vers une fissure par où on entendait les voix et par où on semblait apercevoir le frémissement de la lueur d'une flamme.

On sortit difficilement, car en rampant, certaines parties de la maison tombaient encore. A l'extérieur les gens criaient, priaient à haute voix et appelaient au secours. Personne ne venait. Un feu avait été allumé. Dans les visages, il y avait la peur mêlée à l étourdissement et à l'effroi. Les gens regardaient vers le ciel comme s'ils attendaient que quelque chose tombe encore du ciel. Près du feu, il y avait un talus de sable qui devait servir à la construction. Sur les flancs de ce talus, d'un côté on allongeait les blessés,couverts de sang et qui gémissaient, de l'autre dans la pénombre, il y avait les morts.

Des personnes, comme affolées, qui nous reconnaissaient, nous demandaient où étaient nos parents. Au petit matin, on comprit qu'on était sur les décombres. Et on était face à un spectacle effrayant. J'appris que ma mère, qui dormait dans une pièce à côté était morte et que mon père qui était à la mosquée près du marché municipal était mort aussi. Mon père, s'est échappé de la mosquée au moment du tremblement de terre, et a reçu une partie du minaret. Les autres personnes qui étaient restés à l'intérieur ont été sauvées. Ce sont elles qui vinrent nousannoncer la mort de notre père.

Avec les lueurs du matin, le spectacle atroce se présentait à mes yeux d enfant. Je me souviens avoir vu une femme enceinte éventrée, un homme à la tête écrasée. On ne pleurait pas, on n'avait pas de larmes tellement le choc était fort. On était dans un monde où soudain le cœur devient dur . Quand on échappe à la mort , durant un moment, on sent que le cœur est dans la gorge et non plus dans la poitrine. On craque par la suite, une fois qu'on revient dans le monde des hommes et que l'on ressent notre cœur battre comme habituellement. J'ai pleuré une semaine après seulement.

Je vis vers 8 heures du matin, des gens faisant sortir des décombres Bouzid, le fils du propriétaire, qui habitait au-dessus de notre maison. Ce dernier paraissait mort, avec une grande blessure à la tête. Je le pensais mort etdestiné au talus réservé aux morts. Les voisins rescapés disaient Mohamed ou Hmad est mort. Le destin voulut qu'on se retrouve 2 années après, avec l'assistante sociale, à la Satas ( Gare routière) pour prendre le car vers Taroudant et rentrer le même jour à l'orphelinat de Taroudant. Il passa 2 années a Casablanca dans un hôpital. Lui aussi revenait de très loin.

Nous restâmes toute la journée du 29 sur les lieux, sans manger, ni boire. Le soir du 29, des soldats français vinrent avec des sénégalais nous amener de l'eau, de la soupe, du pain. On resta quatre jours je pense sur les lieux. On nous disait que la ville était cernée par l'armée. On nous mit, nous les orphelins, le 2 ème ou 3 ème jour dans une tente militaire, au bout de la rue Hilala à Talborjt. Le roi feu SM Mohamed V, en djellaba et lunettes noires vint nous réconforter. Il me passa, ainsi qu'à tous les enfants, la main sur la tête.

Au bout du 3 ème jour, je ne pouvais plus marcher. Je venais à peine de me rendre compte que j'avais mal à la hanche et que j'avais reçu une pierre au niveau de la hanche. On chercha un âne. Ce n'était pas les bêtes qui manquaient. Ces dernières erraient sur les décombres, elles n'avaient plus demaîtres. On alla du côté de Ighzer Lghazout, ancienne carrière qui se trouvait du côtéde la Kasbah. C est là qu' on installa un camp de réfugiés, et c est là qu'on reçut un ravitaillement.

Au bout du 4 ème jour, j'ai quitté le camp, car mon oncle vint me prendre pourrejoindre le reste ma famille à la montagne d'Immouzer. Avant de quitter la ville, on passa au commissariat. C était un vendredi. On prit tous les renseignements sur nous et on vérifia en même temps que l'onsorte de la zone sinistrée sans rien. L'armée verrouillait en effet toute lazone pour éviter le pillage.

Au bout de 3 mois on nous convoqua sur les lieux de notre maison. Il y avait l'armée, un médecin avec des gants, un bulldozer. On déterra ma mère sous lesdécombres. Le médecin me remit des bracelets que ma mère portait à la main. On désinfecta les bracelets avant de me les remettre. On désinfecta aussi des tapis qu' on avait et on me les remit. On enterra ma mère au cimetière d'Ihchach. Mon père, lui a été enterré au cimetière des martyrs dans les fosses communes.

Je resterai 2 ans dans la montagne. J'échapperai à la coqueluche, qui faisaitdes ravages dans mon bled. L'assistante sociale, Melle Blériot me prendra en charge, et me mettra dans un autocar Satas à destination de Taroudant. Elle m'informa que je ne serai pas seul, et qu' il y avait un autre garçon, rescapé du séisme qui irait avec moi à l'orphelinat. Ma surprise fut grande en voyant que ce garçon n'était autre que le fils du voisin d'en haut, Bouzid, que j avais vu sortir mort des décombres. L'autocar de la Satas nous emmenait vers l'orphelinat de Taroudant, où nous retrouverions chez les sœurs tout l'amour, l'affection et une grande famille.

Une autre vie commencait...


Boujelli Lahcen
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Soly Anidjar
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MessageSujet: Re: JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE   JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE Icon_minitimeDim 1 Juil 2007 - 23:30

Shabbat Shalom.

Je m'appelle Julia Coriat. Je suis née à Agadir. J'ai essayé de rentrer
dans
le site d'Agadir pour laisser un message mais je ne suis pas arrivée.

Est-ce que le message doit vous être envoyé pour être publié dans le
site ?

En tous cas Chapeau pour ce site sur Agadir et Merci.

Meilleures salutations

Julia Coriat
julia.coria@sympatico.ca
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jamespin
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MessageSujet: rescapes du Seisme dÁgadir   JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE Icon_minitimeVen 2 Nov 2007 - 20:43

J'ai personellement connu une personne qui a survecu le tremblement de terre d'Agadir ,il y a perdu toute sa famille et je l'ai connu par hasard a Dimona , mais je suppose quíl est decede il y a deja quelques annees .

Que Dieu nous preserve de ces Catastrophes Naturelles et des Autres . En effet nous sommes sur la breche Syrienne_Africaine et cela , Dieu preserve peut nous arriver a tout moment !!

Soly !!! Imagine un Sunami a Ashdod ??? Ha! Ha!
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merche
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MessageSujet: Tremblement d'Agadir   JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE Icon_minitimeSam 19 Jan 2008 - 13:00

[i]Je n'oublierai jamais le tremblement d'Agadir. J'etait a Casa
chez ma tante, mon cousin germain qui etudiait a l'ORT, fut envoyer avec d'autres eleves de l'ecole aider au nettoyage des debris et rechercher des survivants. Il est reste la-bas 4 jours, quand il est revenu a la maison il etait meconaissable, hagard, avec une odeur terrible qui emanait de lui. L'experience a ete tres traumatique pour lui et ces amis, tous jeunes. Il avait des cauchemars terribles, pendant beaucoup de jours il ne pouvait pas parler. Quand il a commence a parler, les recits de toutes les choses terribles qu'il a vu etaient effrayants. Nous pleurions tous sans arret, et ma grand mere(z'l) ne faisait que dire "awili, awili que tostina, a mi D'o de la Piada porque, porque?". Il a vu comment dans le cahot, certaines personnes chercaient a couper, des doigts enfler de morts pour leur enlever des bagues. C'a la bouleverse, il ne laissait personne toucher aux cadavres.Yehi zijram baruj le olam vaed amen
Une des survivantes de cette catastrophe, etait a l'internat du Lycee Lala Aicha a Casa avec moi. Elle dormait touhours avec une couverture enroulee a cote d'elle, au cas elle a dit"que je dois me jeter par la fenetre, s'il y a un autre tremblement de terre". Ou que tu sois j'espere que tu as trouve la paix, mon amie.
Ma sympathie va a tous les rescapes du seism, qu'Hashem vous donne sante et vie longue avec votre famille bien aimee
Merche

555
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LE CORNE
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MessageSujet: TREMBLEMENT DE TERRE A AGADIR   JE RECHERCHE DES PERSONNES QUI ONT VECU CETTE TRAGEDIE Icon_minitimeJeu 14 Jan 2010 - 19:38

Bonjour,

Il est très pénible de revenir sur cette tragédie. Nous étions en pension à Casablanca. C'était le soir, dans la cours de récréation, nous nous promenions avant d'aller nous coucher. Il faisait nuit, et en observant le ciel, j'ai eu peur car je pressentais un danger imminent. Le ciel était d'une couleur tout-à-fait inhabituelle et je me disais que quelquechose de très grave allait se produire. Un peu plus tard, nous sommes allées nous coucher et dans le dortoir nous avons entendu un grondement sourd très impressionnant, comme si un énorme camion citerne passait sous nos fenêtres en les faisant trembler. Le lendemain, nous avons appris toute l'horreur de ce tremblement de terre.Et puis, des jeunes filles en provenance d'Agadir ont été confiées à notre pensionnat et les témoignages nous ont été donnés. Il y avait une jeune fille qui est devenue une amie, Anne-Marie Corouge. Elle était dans sa chambre au 1er étage et sa porte était coincée. Il a fallu qu'elle attache ses draps à son lit pour pouvoir descendre par sa fenêtre. Mas en arrivant en bas elle a vu les corps sans vie de ses oncles et tantes. Elle est rentrée dans la maison et a vu suspendu an milieu de l'escalier pratiquement détruit, le berceau d'un bébé miraculeusement sauvé.
D'autres témoignages nous ont été donnés. Tous les chiens se sont mis à hurler à la mort à Casablanca et ma mère a vu les murs de sa chambre trembler.
Cela a été un vrai cauchemar.
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