L’Ancien Cimetière israélite de Casablanca jouxte l’Ancienne Médina, dans le centre-ville. Plus aucun enterrement n’y a lieu depuis 1947, date à laquelle des concessions aux religions juives et catholiques ont été accordées au cimetière de Ben M’Sik, un quartier situé en périphérie. Des gardiens sont supposés assurer les fonctions élémentaires d’entretien des lieux : nettoyage, filtrage d’individus indésirables tels que voleurs ou tout habitant du quartier à la recherche d’une cachette pour s’adonner à la consommation de produits courants dans l’Ancienne Médina.
À la lisière du cimetière, le mur de clôture porte des dessins naïfs rappelant les codes de représentations collectives liées à la nature (fleurs, oiseau, papillon), ainsi que la mention « Interdit de déposer les déchets. Merci ». Quelques habitants appliquent la prescription à la lettre et jettent leurs sacs de déchets par-dessus le mur où ils s’ajoutent à la dégradation des tombes par le temps. Les habitants des logements, dont la terrasse permet de jouir d’une vue unique sur le cimetière, y lancent également leurs déchets trop encombrants : vieux objets en plastique, bidons d’huile percés, bouteilles de boissons gazeuses non consignées. La tâche des enlèvements de déchets domestiques qui incombaient aux communes a pourtant été confiée en 2003 à des entreprises étrangères en sous-traitance et beaucoup s’accordent sur les résultats fructueux de l’opération : les montagnes de déchets accumulés jour après jour dans l’Ancienne Médina et autres quartiers populaires, ainsi que les odeurs, entachaient gravement l’image de la ville. Mais les habitudes demeurent : les déchets continuent d’être lancés par-dessus le mur, tout autour du cimetière, malgré les passages réguliers des camions à ordures flambants neufs.
Marie-Pierre Anglade